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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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plaît
que dans l’obscurité, il déteste la lumière et ne vient guère rôder là où elle
brille. » La jeune fille retourna chez elle, réconfortée et déterminée à
suivre point par point ce que lui avait dit le prêtre. Elle mena ainsi pendant
longtemps une vie paisible et réglée. Personne ne put la séduire, et jamais le
diable n’entendit dire qu’elle avait commis une mauvaise action.
    Cependant, tout cela faisait partie de son plan. Il lui
envoya d’abord une vieille femme qui avait mené une vie dissolue et qui
obéissait toujours à ses ordres. Au cours de la conversation, cette femme lui
parla ainsi : « Que c’est triste de penser qu’un corps aussi beau que
le tien ne trouve pas de plaisir entre les bras d’un homme… Non, vraiment, je
ne te comprends pas : tu es riche, de bonne éducation, tu es plus belle et
plus plaisante que ta propre sœur, et tu n’as même pas d’ami cher avec qui
partager tes nuits. Si tu savais la joie que nous avons, nous les autres
femmes, lorsque nous sommes en compagnie de nos amis ! Il ne faut pas
attendre la vieillesse pour profiter des attraits que la nature nous a
octroyés. J’aurais préféré, quant à moi, n’avoir pas de pain à manger plutôt
que de me priver d’un homme, et je te plains de ne pas connaître de tels
plaisirs ! » Ce discours ébranla quelque peu la jeune fille. La nuit
venue, au moment d’aller dormir, elle se déshabilla, se mit toute nue et
contempla son beau corps, pensant que la vieille avait peut-être raison. Mais,
avant de se coucher, elle prit bien soin d’allumer sa lampe et de faire le
signe de la croix sur elle. Et le lendemain, elle alla tout raconter au prêtre
Blaise. Celui-ci lui expliqua que le diable ne s’avoue jamais vaincu et qu’il
faut toujours lutter contre ses ruses, jour et nuit, sans jamais désespérer. La
jeune fille revint chez elle, soulagée et bien décidée à ne jamais plus se
laisser aller à des pensées aussi troubles que celles qui l’avaient envahie le
soir précédent.
    C’est alors que le démon décida d’agir. Il fit en sorte que
la sœur cadette, celle qui vivait dans la débauche, vînt lui rendre visite en
compagnie de jeunes gens qui ne valaient pas mieux qu’elle. Quand elle vit sa
cadette, l’aînée ne put s’empêcher d’être saisie par la colère : « Ma
sœur, dit-elle, tu ne devrais pas venir sous ce toit, du moins tant que tu ne
changeras pas de conduite. Quand on apprendra que je t’ai reçue, on croira que
je t’approuve et on m’en blâmera ! » La cadette sentit la fureur
l’envahir. Elle répondit vivement à sa sœur qu’après tout la maison était
autant à elle-même qu’à celle qui l’occupait et qu’elle faisait partie de leur
héritage à toutes deux. Et, toisant fièrement son aînée, elle ajouta que sa
conduite à elle était encore plus détestable, car il était visible qu’elle
aimait le prêtre Blaise d’un amour coupable, et que, sans aucun doute, selon
les lois en usage, elle serait conduite sur le bûcher pour ce crime abominable.
Quand elle entendit ces accusations, l’aînée redoubla de colère et ordonna à
l’autre de quitter les lieux immédiatement. Mais la cadette refusa :
« Je suis ici chez moi ! » dit-elle. Alors l’aînée la saisit par
les épaules et voulut la mettre dehors, mais les jeunes gens qui
l’accompagnaient se mirent à la battre cruellement en lui débitant les pires
injures. Et quand ils furent lassés de la frapper, elle s’échappa et courut s’enfermer
dans sa chambre.
    Là, elle se mit à pleurer de tout son cœur dans l’obscurité,
se remémorant la mort de son frère, de sa mère et de son père, et la triste
situation dans laquelle elle se trouvait, et sa colère redoublait quand elle
pensait à sa sœur. Enfin, brisée de fatigue et d’émotions, elle s’endormit sans
avoir tracé sur elle le signe de la croix ni avoir allumé la lampe à son
chevet.
    C’est bien ce qu’attendait le démon, et il avait tout mis en
œuvre pour qu’elle en arrivât là. Il avait fait venir un de ses compagnons qui
pouvait prendre la forme d’un homme ; il lui dit que le moment était
propice et qu’il ne s’en trouverait pas de meilleur pour accomplir le dessein
qu’ils s’étaient fixé. L’autre prit donc la forme d’un homme à l’intérieur de la
chambre où dormait la jeune fille et, sans plus tarder, il commença ses
manœuvres et finit par la connaître charnellement.
    Le

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