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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sois envoyé par l’Ennemi pour alourdir
mon mauvais destin davantage ! » L’enfant lui répondit en
souriant : « Rassure-toi, Elffin, car je ne te veux aucun mal et je
ne suis pas envoyé par l’Ennemi. » Alors Taliesin se mit à chanter pour
Elffin :
    « Je fus d’abord modelé sous la forme d’un bel homme,
dans le domaine de Keridwen, la magicienne, afin d’y être purifié et de
connaître toutes les sciences du monde. Bien que petit, et modeste en mon
comportement, j’étais grand dans mon âme. Et pendant que j’étais en ce domaine,
une douce inspiration me saisit, et tous les secrets de la nature me furent
donnés en un langage sans mots. Mais je dus m’enfuir, poursuivi par la
magicienne en colère et dont les clameurs étaient effrayantes.
    « Alors je me suis enfui sous l’aspect d’un corbeau au
langage prophétique, sous l’aspect d’un renard sarcastique, sous l’aspect d’un
martinet infaillible, sous l’aspect d’un écureuil qui vainement se cache. Je me
suis enfui sous l’aspect d’un cerf roux, sous l’aspect du fer dans un feu
ardent, sous l’aspect d’une épée semant la mort et le malheur, sous l’aspect
d’un taureau, combattant implacable.
    « Je me suis enfui sous l’aspect d’un sanglier hirsute,
puis enfin sous l’aspect d’un grain de froment. Alors je fus pris par les
serres d’un oiseau de proie qui grossit jusqu’à prendre la taille d’un poulain.
Enfin, je fus jeté en un sombre réceptacle et, flottant comme un navire sur une
mer sans fin, je partis à la dérive. Et, comme je suffoquais, j’eus un heureux
présage, et le maître des Cieux permit que je fusse libéré… »
    Après avoir ainsi chanté, l’enfant s’endormit. Et Elffin
arriva à la forteresse du roi Gwyddno, son père. Gwyddno lui demanda si la
prise du filet avait été bonne. Elffin lui répondit que sa prise avait été
meilleure que si elle avait été de cent livres de poissons. « Qu’est-ce
que c’est ? » demanda Gwyddno. – « Un barde », répondit
Elffin. Gwyddno se lamenta : « Hélas ! dit-il, comment un barde
pourrait-il te donner du profit ? » Ce fut Taliesin qui répondit
lui-même : « Oui, je donnerai à ton fils plus grand profit que le
filet ne t’en a jamais donné. » Gwyddno demanda à Taliesin :
« Tu es donc capable de parler bien que tu sois si petit ? »
Taliesin lui répondit : « Je suis plus capable de parler que toi de
me questionner ! » Gwyddno lui dit qu’il voulait l’entendre. Et
Taliesin se mit à parler et à chanter devant Gwyddno et les gens de la cour, et
chacun admirait la science de cet enfant qui paraissait si frêle et dont les
yeux étaient si grands et si lumineux.
    Après cela, Elffin confia son protégé à sa femme qui l’éleva
tendrement, lui manifestant une grande affection. Et chaque jour, les richesses
d’Elffin s’accroissaient et son père se réjouissait de voir que sa période de
malheur et de malchance était terminée. Taliesin demeura ainsi jusqu’à l’âge de
quinze ans. C’est alors qu’Elffin reçut une invitation de la part du roi
Maelgwn Gwynedd, son oncle, qui tenait sa cour à Deganwy [70] .
    Elffin quitta donc la forteresse de son père et s’en alla à Deganwy
où se trouvaient rassemblés les meilleurs chevaliers et écuyers de ce temps,
ainsi que les clercs et les bardes les plus renommés. Or, parmi eux s’éleva une
discussion, dont voici le sujet : « Y a-t-il dans le monde entier un
chevalier aussi noble que Maelgwn, un roi sur lequel les Cieux ont répandu plus
de dons et de talents ? Car outre la prestance, la beauté, la douceur et
la force, ne possède-t-il pas toutes les qualités de l’âme ? » En
plus, on disait que les Cieux lui avaient octroyé un don qui surpassait tous
les autres, à savoir son épouse, dont le charme, la beauté, la grâce, la
sagesse et la modestie avaient le pas sur les vertus de toutes les autres
femmes du royaume. On posa aussi des questions sur certains personnages :
qui possédait les plus braves chevaliers, les plus beaux et les plus rapides
chevaux, les plus rapides lévriers, les plus sages et plus habiles
bardes ? Oui, qui donc sinon Maelgwn Gwynedd ?
    En ce temps-là, les bardes étaient en grande faveur auprès
des grands du royaume. Personne ne pouvait remplir l’office de ceux qui sont
maintenant appelés hérauts à moins d’être grandement instruit, cultivé, habile
au service des rois et des

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