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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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à tirer. Les deux autres sont morts.
    — Bjorn ?
    — Je le savais vaillant et fier compagnon, mais en plus, c’est un excellent archer.
    — Cela ne m’étonne pas, vous oubliez que, dans son jeune âge, il a eu l’éducation d’un seigneur normand.
    — C’est vrai.
    Le jeune Tancrède regarda autour de lui :
    — Qu’a donc fait l’esnèque ? Je l’ai perdue de vue pendant le combat.
    — Je crois qu’ils se sont rendu compte qu’ils ne vaincraient pas le dromon en l’attaquant de front. Ils ont déposé le jarl sur l’ancre et...
    L’Oriental s’interrompit, la lourde silhouette du dromon avait achevé son demi-tour et revenait vers eux.
    — Retournez à votre poste. Le combat va reprendre.
    Tancrède dégringola l’échelle en appelant Bjorn et le moine. Malgré l’incendie que le vent de face avivait et qui se propageait vers l’arrière, le bateau de métal se dirigeait droit sur eux. Visiblement le ra’is avait choisi le duel à mort.
    — Ils tirent ! s’écria Bertil en se jetant sur le plancher.
    Un boulet s’enfonça devant l’étrave et les embruns recouvrirent les rameurs.
    — Nagez tribord ! ordonna Corato.
    D’un seul mouvement, les pelles mordirent les vagues. L’équipe gauche resta immobile, les rames levées au-dessus de l’eau.
    — Nagez tribord et bâbord !
    Les deux équipes repartirent ensemble et le second projectile s’enfonça à l’emplacement qu’ils venaient de quitter.
    — Ils règlent leur tir en attendant d’envoyer les pots à feu, remarqua Hugues. Tant qu’ils ne les utilisent pas, nous avons une chance de nous en sortir.
    Tout en baisant la médaille de la Vierge qu’il portait au cou, Corato le prit à témoin :
    — Par la Madone et les dieux qui nous voient, messire, tout ça n’est qu’une danse de mort et je ne suis qu’un pauvre marchand.
    — ... qui a plus de vaillance que bien des hommes de sang ! l’encouragea Hugues en armant sa baliste.
    Derrière lui, Eleonor se tenait très droite, une flèche dans l’encoche de son arc.
    Là-bas sur le dromon, les officiers avaient à nouveau réglé leur tir. Quand Corato le comprit, il était trop tard pour éloigner le lourd navire marchand.
    Le boulet heurta le mât dont l’extrémité se brisa net et dégringola sur le pont avec la hune. En quelques secondes, le pont ne fut plus qu’un enchevêtrement d’espars, de cordages, d’avirons brisés et d’hommes hébétés au milieu des cadavres de leurs compagnons.
    — Allongez ! Allongez ! cria Hugues pour encourager les rameurs restés sur leurs bancs.
    Le maître de nage répéta l’ordre, les survivants appuyèrent sur les poignées, Corato reprit la barre d’une main ferme et le knörr réussit à éviter un nouveau tir.
    Le silence retomba, entrecoupé de cris de douleur. Là-bas, les machines de guerre s’étaient tues. Les naffatun s’agitaient autour des braseros.
    — Nous avons encore un peu de temps avant qu’ils ne lâchent les flammes de l’enfer sur nous, déclara gravement Hugues.
    Corato se signa.
    — On est perdus.
    — Pas encore, Corato, pas encore. Dum spiro, spero. Tant que je respire, j’espère.
    Eleonor, qui s’était jetée au sol en protégeant Bertil de son corps, se redressa en vacillant, une longue balafre sanglante en travers du front.
    — Ça va ? demanda Hugues en l’aidant à se relever. Laissez-moi regarder.
    Et sans attendre de réponse, l’Oriental dégagea les cheveux collés sur la plaie.
    — Ce n’est rien, protesta la jeune fille, essuyant le sang d’un revers de main.
    — Restez tranquille ! ordonna Hugues.
    Eleonor se raidit, à la fois gênée qu’Hugues prenne le temps de s’occuper d’elle et troublée par la douceur de ses gestes. Bertil les contemplait d’un air absent. Ses oreilles résonnaient encore du sifflement du boulet et du fracas du mât qui se brisait. La peur lui tordait les entrailles, lui donnant une violente envie de vomir.
    — Tu es blafard, remarqua Eleonor en prenant conscience de la fixité de son regard.
    Incapable de parler, le gamin se contenta de hocher la tête.
    — Vous avez eu de la chance, fit Hugues en s’écartant. L’entaille est longue mais peu profonde. Je vous fabriquerai un emplâtre dès que nous serons sortis d’affaire.
    — Voilà une pensée réconfortante, murmura Eleonor. C’est donc que vous croyez qu’il y aura un après !
    Elle se pencha par-dessus la rambarde et blêmit :
    — Vous

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