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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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échouait ? Si les pirates pénétraient dans le monastère ?
    Il pensa à Hugues, à ce qu’il aurait fait à sa place, et une phrase de Publilius Syrus {9} qu’aimait à répéter son maître lui revint : Quand la crainte ne veille pas, il arrive ce qui était à craindre . Il sentit son esprit s’apaiser et il réfléchissait encore au meilleur plan de défense quand frère Grégoire vint le rejoindre sur le rempart.
    — J’ai installé les blessés à l’infirmerie, messire. Ils vont bien. Sauf que le jarl est d’une humeur épouvantable. Il veut se battre et je crains d’être obligé de le lier pour l’empêcher de se lever.
    — Cela ne m’étonne pas. Je vais descendre lui parler. Frère Grégoire, pourriez-vous, avant de regagner l’infirmerie, m’envoyer le frère cuisinier ?
    — Frère Albéron... Oui, bien sûr, mais pourqu...
    Tancrède n’avait pas envie de s’étendre. Il avait le sentiment que le temps lui était compté, il coupa la parole à l’infirmier, lui ordonnant :
    — Vous resterez à l’infirmerie et si l’alerte résonne à nouveau, barricadez votre porte !
    — Bien, messire, fit Grégoire qui battit rapidement en retraite.
    Quelques instants plus tard, le solide cuisinier le rejoignait.
    — Vous m’avez fait mander, messire ?
    — Oui, mon frère, j’aimerais que vous me confectionniez quelque chose d’un peu spécial. Avez-vous de la poix ?
    — Oui.
    — Alors faites-moi installer des braseros et toutes les bassines dont vous disposez sur les remparts ouest et sud. Je veux de la poix brûlante pour nos amis les pirates. Frère Iñigo vous aidera à monter tout ça sur le chemin de ronde.
    — Bien, messire.
    — En cas de siège, aurons-nous assez d’eau et de vivres ?
    — Pour l’eau pas de problème, avec les pluies de printemps, les citernes sont pleines. Quant aux vivres, je devrais pouvoir tenir un bon mois même en comptant les bouches supplémentaires.
    — Bien. Mais préparez quand même un rationnement. Allez.
    Le jeune homme donna ses ordres. Les guerriers avaient pris place, leurs arcs à la main, une flèche dans l’encoche. Il se détourna, inconscient de la pluie qui le trempait, son regard parcourant à nouveau le terrain alentour. Essayant d’imaginer les plans de l’ennemi. Les moines entassaient des caillasses sur le chemin de ronde. Frère Iñigo alluma les braseros. La poix bouillonna bientôt dans les bassines. L’attente commençait.

 
    43
    La tempête faisait rage sur la mer comme sur les îles. Une pluie diluvienne martelait le sol et des torrents de boue jaunâtre dévalaient les collines. Perdus dans leurs pensées, Eleonor et Hugues avaient avancé à marche forcée sans échanger un mot. Ils étaient encore loin du camp quand des gardes leur barrèrent le passage.
    — Halte !
    — Pardon, messire, fit l’autre en abaissant aussitôt sa lance. Avec cette pluie, nous ne vous avions pas reconnu.
    — Sonnez du cor pour prévenir de notre venue et que l’un de vous aille prévenir Hakon que je veux une réunion sous la tente du jarl.
    Les guerriers fauves obéirent sans hésitation. Ils respectaient cet étranger à la peau sombre qui avait sauvé leur chef. L’un d’eux partit en courant tandis que l’autre embouchait sa corne pour lancer un long appel. Hugues et Eleonor se remirent en marche. La boue les faisait glisser et trébucher à chaque pas. Enfin, l’Oriental ralentit son allure et se tourna vers sa compagne, désignant les tentes qu’ils apercevaient à travers une trouée de verdure :
    — Continuez jusqu’au camp, Eleonor. Et allez vous mettre à l’abri sous la tente du jarl, je vous y rejoindrai bientôt.
    Trop harassée pour demander pourquoi il ne l’accompagnait pas, la jeune femme hocha la tête et reprit sa marche en direction du camp. Hugues était remonté sur la hauteur au-dessus de la plage, observant la mer furieuse, notant au passage que les Normands avaient halé le knörr et l’esnèque sur le sable. Des hommes en armes gardaient les navires, d’autres patrouillaient autour du camp. Après cette rapide inspection, il se hâta, saluant les sentinelles qu’il croisait, traversant les défenses et allant droit à la tente de Magnus.
    Ils étaient tous là à questionner Eleonor et à parler entre eux : Hakon, Harald, Knut, Corato, Bjorn de Karetot, le géographe et Pique la Lune. Ils se turent à son entrée.
    — Je vous salue, fit l’Oriental. Asseyez-vous, je

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