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La nef des damnes

La nef des damnes

Titel: La nef des damnes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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déclara :
    — Une troupe arrive, messire, ils viennent du nord de l’île. Des hommes en armes escortent des moines.
    Hugues se tourna vers Eleonor, lui saisit les mains qu’il baisa avec passion puis se précipita dehors.
    — La tempête arrive, messire, annonça Pique la Lune qui, depuis un moment, observait le ciel et la mer, assis devant la tente.
    — Prenez une arme, Pique la Lune ! ordonna Hugues. La bataille est pour bientôt.
    — Je suis armé, rétorqua le Breton en lui montrant la hache qu’il avait glissée à sa ceinture.
    Ils se retrouvèrent bientôt tous à l’entrée du camp. Sur le sentier était apparu un convoi de prisonniers mené par Richard. Tancrède était parmi eux, le visage en sang, ligoté et bâillonné, mais bien vivant. Le jarl aussi, allongé sur une civière. Frère Dreu marchait en soutenant le novice Benoît. Albéron portait un bras en écharpe. Les blessés étaient nombreux. À leur vue, Hugues sentit toute la tension qui l’habitait se relâcher d’un coup. Son regard se durcit, il allait falloir jouer finement.
    — Nous sommes là, messire de Tarse, déclara Richard. Vous vouliez voir les moines devant vous, ils y sont. Et maintenant, où est le trésor que vous m’avez promis ?
    — Sur la plage, près des bateaux.
    Indécis, Richard regarda du côté du rivage. Gardés par des marins, les trois coffres ouvragés étaient alignés sur le sable.
    — Il nous faut un terrain dégagé pour procéder à l’échange, reprit Hugues. Je vous propose que nous rejoignions tous la grève. J’y ferai mettre mes hommes sur un rang et vous les vôtres. Ensuite, nous procéderons à l’échange.
    Richard songea que si l’ennemi était acculé à la mer, ce ne serait pas une mauvaise chose, un rapide coup d’œil à son frère, toujours revêtu de la robe du camérier, lui confirma le bien-fondé de sa réflexion.
    — Vous d’abord, messire. Nous ne descendrons sur la plage que quand vous y serez tous.
    Sonnant du cor par trois fois, Hugues fit évacuer le camp. C’était le signal qu’attendait Hakon. Lui et ses guerriers avaient vu passer la longue file des prisonniers et des pirates. Le piège allait se refermer, l’ennemi s’était jeté dedans.
    Au prochain signal, ce serait la curée et, déjà, Hakon se voyait au cœur de la bataille avec ses Orcadiens. Ils sauveraient le jarl et le trésor rejoindrait la Sicile ainsi qu’ils l’avaient juré au roi Henri.
    Sur la plage, les Normands avaient pris place devant leurs bateaux et formaient une seule ligne hérissée de lances, d’arcs et de haches. Devant eux s’alignaient les pirates. Chacun se dévisageait, observait les armes de l’autre, évaluait sa force.
    — Maintenant que nous sommes tous là, je vous propose, continua Hugues, de placer devant vous les prisonniers. Quant à moi, je vais faire apporter les coffres.
    — Entendu.
    Dans les taillis là-haut, Hakon avait fait avancer ses hommes. Ils étaient maintenant accroupis sur une éminence rocheuse qui dominait la plage, l’arc bandé et pointé sur les cibles désignées à l’avance par Hugues.
    Sur la grève, l’impatience commençait à gagner les rangs des pirates qui s’agitaient et murmuraient entre eux. Peu habitués à autre chose qu’à des abordages de navires marchands ou à des assauts de nuit, ils n’aimaient guère se trouver à découvert devant des hommes aguerris. Tancrède, qui se démenait dans ses liens, fut brutalement jeté à terre par l’un d’eux.
    — Tiens-toi tranquille, toi, ou je te crève ! ordonna le naufrageur.
    Le jeune Normand resta immobile.
    Devant lui, Richard venait d’exiger le silence et s’était tourné vers Hugues :
    — Qu’attendons-nous, messire ?
    — Un instant ! répondit Hugues de ce ton inflexible qu’il employait parfois.
    Prenant tout son temps, l’Oriental passait en revue les visages harassés des religieux ; il y avait là le camérier, l’hôtelier, le chancelier, le sacristain, le portier, le cuisinier, le novice Benoît, frère Dreu, frère Thierry et frère Iñigo.
    — J’ai dit que je voulais voir les moines devant moi, remarqua-t-il, et ils ne sont pas tous là. Ils ne sont que dix, l’abbé est mort, mais il manque aussi frère Grégoire et un autre dont je ne me rappelle pas le nom.
    — C’est le sous-sacristain Domenico, messire, répondit frère Henri en s’avançant d’un pas.
    Tancrède assistait impuissant à l’entretien. Il aurait

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