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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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pompeusement son uniforme de
cérémonie, aux rôles secondaires et moins importants de ceux « qui n’ont
fait que collaborer ». Tablant sur le fait que, à l’instar de l’armée et
de la police, la magistrature conservatrice entretenait des sympathies
nationalistes et méprisait le socialisme, Hitler bouleversa d’emblée le
déroulement des débats en se transformant en accusateur, arguant d’une forte
voix de baryton qu’il n’était pas un traître mais un patriote, qu’à lui tout
seul il essayait de sortir l’Allemagne de l’oppression et de la misère, qu’à
lui tout seul il formait un rempart contre le communisme sous toutes ses formes.
    Devant un imposant parterre de journalistes de
tous les pays, Hitler proclama que « l’homme qui est né pour être
dictateur n’est pas obligé de l’être ; il le veut. Il n’est pas poussé en
avant, il se pousse lui-même en avant. Il n’y a rien d’immodeste à cela. L’homme
qui se sent appelé à gouverner un peuple n’a pas le droit de dire : “Si
vous me voulez ou si vous faites appel à moi, je coopérerai.” Non ! C’est
son devoir de s’avancer ».
    Grâce à sa maîtrise de la rhétorique et de l’outrecuidance,
il tint sous sa coupe le président, petit juge à barbiche, les trois assesseurs
abasourdis, et un procureur si vilipendé par les huées et les quolibets des
étudiants qu’il se mit à servir des platitudes au principal accusé, le
félicitant pour son sens du sacrifice, ses états de service à l’armée, sa vie
privée toujours irréprochable malgré les nombreuses tentations de la chair, et
parlant d’Hitler comme d’un « homme extrêmement doué, qui, venant d’un
milieu simple, s’est, grâce à des efforts acharnés, taillé une place respectée
dans la vie publique ».
    Hitler mena la danse pendant les quarante
jours que dura le procès, se forgeant un personnage de héros populaire, tandis
qu’il criait au ridicule, interrompait les témoignages, allant même un jour
jusqu’à discourir pendant quatre heures de rang – ce que le président du
tribunal expliqua piteusement ainsi : « Il est impossible d’empêcher
Hitler de parler. »
    Le Münchener Neueste Nachrichten écrivit dans un éditorial : « Nous ne cachons pas que nos sympathies
d’hommes vont vers les accusés, et non vers les criminels de novembre 1918. »
On disait que les gardiens de la prison ne savaient pas s’ils devaient
surveiller Hitler ou le servir. Des femmes lui apportaient des fleurs. Une de
ses disciples sollicita la faveur de prendre un bain dans sa baignoire. On
entendit un des juges assesseurs s’exclamer après un de ses discours :
« Quel type formidable, cet Hitler ! »
    Selon la loi allemande, il s’exprima en
dernier, et voici ce qu’il déclara à la cour :
    — Ce n’est pas vous, messieurs, qui nous
jugez. Ce jugement sera prononcé par la cour éternelle de l’histoire. Le
verdict que vous allez rendre, je le connais. Mais cette cour ne nous demandera
pas : « Êtes-vous coupable de haute trahison, ou pas ? »
Cette cour nous jugera : l’ancien intendant général d’armée, ses officiers
et ses soldats, des hommes qui, en bons Allemands, ne voulaient et ne
souhaitaient que le bien de leur peuple et de leur patrie ; qui voulaient
se battre et mourir. Vous pouvez nous déclarer et nous redéclarer coupables un
millier de fois, la déesse de la cour éternelle de l’histoire sourira et
déchirera en mille morceaux le mandat du procureur et la sentence de cette cour ;
car elle nous acquittera. »
    Les Raubal suivirent les comptes rendus d’audience
dans le Münchener Zeitung et furent choqués de voir que ce grognon
compassé d’Erich Ludendorff, qui avait traité Adolf d’agitateur étranger
pendant le procès, était acquitté de l’accusation de haute trahison, et que
Wilhelm Frick, un chef de la police qui avait collaboré au putsch, était, ainsi
qu’Ernst Röhm, condamné mais laissé en liberté, tandis qu’Adolf et les autres
coïnculpés étaient déclarés coupables, qu’Hitler était condamné à quatre ans et
demi d’emprisonnement dans la prison de Landsberg am Lech, durée qui correspondait
exactement au temps qu’il avait passé à la guerre, et au nombre d’années
écoulées entre sa démobilisation de la Reichswehr et ce qu’on appelait
désormais le « putsch de la brasserie ».
    Quelques jours après le verdict, Angela reçut
une lettre du

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