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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, à présent illégal,
signée fur den Führer par Alfred Rosenberg, disant que si les Raubal
étaient disposés à renouer des liens familiaux avec lui, Herr Hitler pourrait
en tirer profit, du point de vue psychologique et devant le tribunal de l’opinion
publique. Les responsables du parti pensaient qu’il valait mieux que Léo et
Paula restent en Autriche, mais demandaient à Angela et Geli de bien vouloir se
rendre sans tarder à Landsberg am Lech pour voir Adolf. Dans l’enveloppe, elles
trouvèrent deux tickets aller et retour de chemin de fer, et ce qu’Angela
estima être une coquette somme « pour les faux frais ».
    — Mais comment on s’habille pour aller
voir quelqu’un en prison ? demanda Geli.
    Elles y allèrent en robes de deuil et chapeaux
voilés de noir, d’abord en wagon de première classe jusqu’à Munich, puis en
taxi pour une heure de route à travers les forêts embrumées au-dessus du Lech. Les
champs étaient encore enneigés et le ciel, gris et bas, pesait comme un
couvercle. Sur une colline à la sortie du joli village médiéval de Landsberg se
dressait une forteresse de hauts murs de pierre et de tours de guet, entourant
les vieux bâtiments gris de ce qui était désormais un pénitencier. Les
criminels de droit commun y étaient incarcérés dans une aile, et les
prisonniers politiques dans une autre. Convaincu de trahison, Adolf Hitler
était détenu dans la cellule nº 7.
    Guidées par un sympathique gardien nommé Franz
Hemmrich, Angela et Geli longèrent le réfectoire où cinq tables accolées
accueillaient quarante-cinq nazis à l’heure des repas qu’Hitler présidait
majestueusement, assis en face de l’étendard rouge à croix gammée du parti. Et
tout en montant l’escalier qui menait à la cellule nº 7, Hemmrich leur
parla de la courtoisie et du magnétisme de Herr Hitler, de la fermeté avec
laquelle il gouvernait les autres prisonniers de sorte qu’il n’y ait jamais de
problèmes ; il raconta qu’il avait offert à tous les gardiens des boîtes
de truffes Lindt pour leurs épouses, qu’il était comme saint Paul enchaîné :
on pouvait être sûr que si la prison s’écroulait, on trouverait Hitler
attendant sagement dans sa cellule.
    — Franchement, avoua Herr Hemmrich, il y
a encore quelques mois, je le détestais, lui et son programme. Mais le gardien
chef m’a forcé à l’écouter quand il parlait à ses amis, pour surveiller ce qu’il
complotait, et j’ai trouvé ce qu’il disait si plein de bon sens qu’au bout de
quelques jours je me suis inscrit au parti. Et je ne suis pas le seul.
    Devant la cellule nº 7, le gardien
déverrouilla la porte, brailla « Heil Hitler ! » et baisa la
main d’Angela et de Geli pour leur dire au revoir, tout comme Hitler avait l’habitude
de le faire.
    En entrant elles entendirent la voix d’Hitler,
mais venant de derrière une porte fermée. Angela fut surprise de constater que
la cellule ressemblait à un club pour messieurs aux murs blancs, et contenait
tant de nourriture qu’on aurait dit une épicerie de luxe. De toute l’Allemagne,
des sympathisants avaient envoyé à Hitler des paniers de fruits, des strudels, des torten et autres gâteaux faits maison, des vins du Rhin et de Moselle, des
jambons de Westphalie, des guirlandes brunes de saucisses et de salami, de la
bière Andechs et Franziskaner. En enlevant son chapeau et son voile, Angela se
dirigea vers une fenêtre à quatre vitres de verre ancien et protégées par des
barreaux de fer, qui offrait une vue agréable, quoiqu’un peu floue, des arbres
recouverts de givre qui bordaient le Lech, et du jardin entourant la prison. Contre
un mur de la cellule, une vieille machine à écrire trônait sur un secrétaire en
noyer, et à côté, une rame de papier blanc supérieur attendait patiemment les
mots. Il y avait aussi quatre chaises en rotin, et une bibliothèque contenant
des ouvrages de Bismarck, de Ranke, de Nietzsche, de Treitschke et de Marx. Une
couronne de feuilles fraîches de laurier était accrochée sur l’un des murs, et
par terre s’étalait une vieille une du Times de Londres, raturée de
commentaires offusqués d’Hitler et de caricatures rudimentaires de visages
juifs. Angela constata qu’un des prisonniers de Landsberg devait connaître l’anglais,
car il avait traduit en allemand l’opinion du journaliste selon laquelle « le
procès d’Hitler a prouvé

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