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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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l’Allemagne au faîte de
sa gloire ? »
    Angela se leva et prit une orange dans un
panier. Elle se mit à l’éplucher.
    — Oui, servez-vous. Nous avons tellement
de nourriture, dit Hess avant de poursuivre. C’était exactement la question qui
me préoccupait lors de mes études politiques, et j’ai donc couché sur le papier
un messie qui mènerait la race aryenne à sa juste place dans le monde. Il
devait d’abord apparaître comme un homme ordinaire, et être issu des masses de
façon à les comprendre psychologiquement, mais ce serait un génie, bien sûr, doté
de talents et d’un intellect exceptionnels, et il n’aurait rien de commun avec
ces masses. Ce serait un orateur extraordinaire, ardent, avec une forte
personnalité. Il dégagerait de l’électricité. Ne se souciant de rien, pas même
du sort de ses amis, il ne redouterait pas le sang versé, mais avancerait sans
hésitation, avec une détermination et une volonté de fer, piétinant quiconque
se trouverait sur son passage afin d’atteindre son but dans toute sa pureté.
    — Vous avez gagné le concours ? demanda
Geli.
    — Tout à fait, Fräulein Raubal. Avec les
félicitations du jury.
    À ces mots, Hess se perdit dans ses pensées en
regardant Geli lécher le sucre d’orge.
    Elle sourit.
    — Qu’avez-vous fait avec l’argent ?
    Hess éluda la question d’un mouvement de tête,
et reprit son récit.
    — Tout cela pour vous dire que peu de
temps après ce concours, j’ai pu assister à un discours de Herr Hitler pour la
première fois de ma vie, et j’en ai été complètement renversé. Il incarnait le
génie absolu, la raison pure, tout ce que j’avais espéré et imaginé – mais ici
et maintenant. Le visage inondé de larmes, je me suis précipité chez moi pour
annoncer à ma fiancée, tout exalté : « J’ai trouvé l’homme que je
cherchais ! »
    La porte du bureau s’ouvrit et Hess se leva d’un
bond. Le comte Rudinski sortit de la pièce en riant, vêtu d’un manteau et d’un
chapeau de zibeline, et enroula deux fois autour de son cou un long foulard
orange. Hitler était juste derrière lui, en longues chaussettes de laine, culotte
de peau et chemise blanche sans col, tenant à la main un cadeau, un recueil de
poèmes de Stefan George.
    — Rudi, écoutez ça, dit Hitler.
    D’un geste raide, il éloigna le livre de son
visage pour essayer de lire la dédicace sans ses lunettes, en vain.
    — Bon, lisez-le, vous.
    — « De la part de Frau Winifred
Wagner, Bayreuth », déclama Hess. « Cher Adi, vous êtes l’homme de
demain, en dépit de tout. Nous comptons tous encore sur vous pour sortir le
glaive du chêne allemand. »
    — Une charmante attention, venant d’une
grande dame, dit le comte Rudinski en souriant.
    — C’est une magnifique dédicace, renchérit
Hess.
    — Vous trouvez ? Et très juste, qui
plus est. Le comte Rudinski vient de me l’apporter.
    Hess prit le livre et le flanqua au milieu des
autres. Les adieux durèrent encore une minute, au cours de laquelle rien dans l’attitude
d’Hitler ne montra qu’il avait remarqué la présence de sa demi-sœur et de sa
nièce. Ce n’est qu’après le départ du comte qu’il sourit à Angela et lui tendit
la main.
    — Bonsoir, Frau Raubal !
    Puis il toucha légèrement les cheveux châtains
de Geli.
    — Et bonsoir, Fräulein. Je suis content
de vous voir.
    — Nous aimons votre garde-manger, dit
Geli.
    Hitler grimaça en posant les mains sur son
ventre mou.
    — Oh, j’en ai mal à l’estomac ! Regardez
comme j’ai grossi ! Je ne rentre plus dans mes pantalons !
    Angela s’abstint de le contredire ; il
avait en effet pris de la brioche.
    — Il n’y a pas de sport dans cette prison ?
Ou de gymnastique ?
    — En fait, si, mais est-ce que ce serait
bon pour l’idéal et la discipline si je participais aux exercices physiques
avec les autres ? Un général ne peut pas se permettre de se faire battre
par ses fantassins. De toute façon, je perdrai du poids quand je reprendrai la
parole en public.
    — Quels travaux dois-tu faire ?
    — Oh, je suis bien trop occupé pour
travailler, répondit Hitler, soulevant le couvercle d’une boîte de friandises à
la pâte d’amande et s’en fourrant une dans la bouche. Es-tu en contact avec
Aloïs ?
    Elle détacha un quartier d’orange et le mangea.
    — Aloïs, notre frère ? Pas depuis
quinze ans.
    — Eh bien, il vit à Hambourg à présent, il
vend des

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