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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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lames de rasoir. Il a épousé une femme qui s’appelle…
    Il regarda Hess en fronçant les sourcils.
    — Hedwig Heidemann, dit celui-ci.
    — Et Bridget, en Angleterre ? demanda
Angela.
    — Justement, c’est le problème. Aloïs et
elle sont toujours mariés.
    — Bigamie, précisa Hess.
    — Merci, dit Angela, j’ai une toute
petite cervelle.
    Hitler prit une autre pâte d’amande, mais la
reposa après réflexion.
    — Le bureau du bourgmestre de Hambourg a
convoqué Aloïs pour l’interroger. Et Aloïs a écrit à sa première femme pour lui
demander de faire annuler légalement leur mariage.
    Hitler tendit la main, en attente de quelque
chose. Rudolf Hess s’approcha du secrétaire, prit une feuille dactylographiée
ainsi que les lunettes d’Hitler, et les lui donna.
    — Nos amis de Hambourg nous ont transmis
le contenu de sa lettre, dit Hitler, ses lunettes repliées dans une main, secouant
le papier dans l’autre. Voici ce que notre frère aîné a écrit à Bridget Hitler :
« Ne crois pas que je sois actuellement un homme riche, car pour te dire
la vérité ce n’est pas le cas. Mais j’aurai l’opportunité de devenir riche
grâce à la réputation de mon frère. Cette opportunité sera perdue à jamais si
je suis déclaré coupable, et si je suis condamné. Tu dois m’aider sinon ils me
mettront en prison. L’accusation de bigamie est particulièrement embarrassante,
car si jamais les journaux la découvrent, ils l’utiliseront contre mon frère. »
    Hitler rendit le papier à Hess.
    — C’est très vrai, poursuivit-il, le
visage soudain rouge comme une tomate et le front sillonné de veines
palpitantes. « Grâce à la réputation de mon frère ! » Et moi, je
suis là, en prison, à lutter pour ma vie ! Mais Aloïs est en train de la
détruire, ma réputation ! Je ne peux pas l’accepter ! Et je ne l’accepterai
pas ! Aucun membre de ma famille…
    Rudolf Hess s’était mis à siffler une vieille
chanson de régiment qui parle de la fleur appelée Erika.
    Hitler lui jeta un coup d’œil, comme s’il
avait oublié son texte, puis il vit Geli et se souvint.
    — Viens dans mon bureau, Angela, veux-tu ?
Nous avons à parler.
    Angela porta un quartier d’orange à sa bouche
avant de le suivre, et Hess ferma la porte, puis s’assit en se frottant les
genoux, le visage crispé par la timidité et l’embarras.
    Geli remonta le bas de sa robe de deuil pour
regarder ses chevilles et ses jambes en catimini. Elle s’était rasée pour la première
fois ce matin-là, et craignait d’avoir raté l’opération. Elle trouva qu’elle ne
s’en était pas trop mal tirée.
    Le silence sembla peindre la pièce d’une
couleur encore plus lugubre, jusqu’à ce que Hess se décide enfin à parler.
    — Nous les avons amenés exactement là où
nous voulions.
    — Qui ça ?
    — Il paraît que les Munichois sont
toujours en faveur d’une monarchie parlementaire.
    — Nous ne sommes restées à Munich que
quelques minutes.
    — Vous ne vous intéressez pas à la
politique ?
    Geli haussa les épaules.
    — Et à l’astrologie ?
    Elle n’avait que quinze ans et ne savait pas
trop la différence entre l’astronomie et l’astrologie. Elle répondit que oui, elle
s’intéressait aux étoiles.
    — Je suis le mystique du parti, dit Hess,
avec un sourire qu’elle jugea niais. Enfin, personne ne surpasse Hitler, continua-t-il,
mais je suis peut-être plus initié à La Doctrine secrète et plus en
contact avec les hautes sphères.
    Elle essayait de déterminer ce qu’elle
détestait le plus en lui, la déférence éhontée qu’il montrait pour son oncle, ou
sa pudibonderie pontifiante.
    — Voulez-vous que je vous lise un extrait
de son livre ?
    — Ah bon, il écrit un livre ?
    Hess prit un manuscrit dans un tiroir du haut
du secrétaire.
    — Sa devise est écrite sur la page de
garde, dit-il. Je cite : « Quand un monde se finit, des parties
entières de la terre peuvent se convulser, mais pas la croyance en une juste
cause. » Et il a écrit en dessous : « L’épreuve de l’étroitesse
d’esprit et de la rancune personnelle est terminée, et aujourd’hui commence mon
combat. » Nous pensons que ces derniers mots pourraient bien être le titre.
Ou bien : « Quatre ans et demi de combat contre les mensonges, la
sottise et la lâcheté. »
    — Il ne pourrait pas être plus précis ?
    Pendant un bref et pénible instant, Hess
ressembla à un

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