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La nuit de l'ile d'Aix

La nuit de l'ile d'Aix

Titel: La nuit de l'ile d'Aix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Prouteau
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stipulés, donnant pour garantie entre nous, de la part de M. le comte de Las Cases, une somme de vingt-cinq mille francs, qu’il met, dès à présent, à la disposition de M. Besson, pour remplir loyalement les engagements dont il est fait mention plus bas, article par article   :
    Art. 1 er . —  M. le comte de Las Cases met à la disposition de M. Besson la somme de vingt-cinq mille francs en numéraire, dont M. Besson restera responsable envers M. le comte de Las Cases, sans porter intérêt, quelle que soit l’époque de la remise totale de cette somme.
    Art. 2. —  M. Besson s’engage envers M. le comte de Las Cases de remplir les conditions suivantes, à l’aide du navire la Magdelaine, du port de cinquante tonneaux, sous pavillon et expédition danoise, appartenant à M.F.F. Frulh d’Oppendorf, plus haut cité, et dont M. Besson est consignataire.
    Art. 3. —  M. Besson mettra sur-le-champ, et sans perdre une minute, le navire la Magdelaine en état de faire un voyage de long cours, l’expédiant avec une partie d’eau-de-vie, dont il fera l’achat avec les vingt-cinq mille francs mis à sa disposition, en s’engageant à suivre strictement les ordres des passagers, qu’il est également obligé de conduire à leur destination.
    Fait double de bonne foi.
    Signé   : Le comte de Las Cases. Besson.
    Rochefort, le 6 juillet 1815. »
    Et tandis que Besson paraphait les deux exemplaires, Pelletreau s’attardait aux dernières clauses.
    —  Combien de temps vous faut-il pour l’aménagement des cuves   ?
    —  Nous pouvons être prêts dans deux jours, dit Besson. Une fois les cuves aménagées je peux mettre sous voile en deux heures.
    —  Lieutenant, puisque vous travaillez à l’état-major, c’est M. de Bonnefous qui aura la charge de vous informer du jour et de l’heure choisis par l’Empereur.
    Ainsi fut signé le 6 juillet au matin, au domicile de maître François Pelletreau, vénérable de l’Aimable Concorde, le contrat de la liberté qui allait permettre à Napoléon d’aborder les rivages rêvés de la lointaine Amérique.
    Le tsar, l’empereur d’Autriche et le roi de Prusse sont arrivés aux portes de Paris. Et Le Moniteur prépare son article   : « La capitale a appris avec le sentiment de satisfaction la plus vive qu’elle possédait ces augustes souverains dont la présence était l’objet de tous ses vœux. Sa Majesté Louis XVIII les recevra aux Tuileries. »
    En attendant cette fête de famille. Sa Majesté est très tourmentée. Blücher annonce que ses bivouacs qui seront installés place du Carrousel auront les canons braqués sur le château. Il a décidé de faire sauter les ponts d’Iéna et d’Austerlitz, et c’est à la hâte que Louis XVIII fait savoir à Blücher que les ponts vont changer de nom. Les ponts d’Austerlitz et d’Iéna s’appelleront pont du Jardin-du-Roi, pont de l’École-Militaire. Tout ce qui pourrait froisser la susceptibilité du maréchal doit être escamoté ou débaptisé.
    Tandis que Lord Keith écrit à sa femme   : « Comme je l’avais prévu Bonaparte est arrivé à Rochefort, mais je crois être trop faible pour arrêter ses deux frégates   », Sa Grâce le duc de Wellington mande à Lord Liverpool   : « Il y a dix ans nous tremblions devant le camp de Boulogne. Aujourd’hui nous campons sous les trembles du bois de Boulogne... M. Fouché m’a écrit   : “Arrivez, ne serait-ce qu’avec vos têtes de colonnes.”   Mais Blücher m’inquiète, il parle de brûler Paris, d’égorger Bonaparte et de démembrer la France... Le roi Louis XVIII m’a appris qu’il avait donné ses ordres à Fouché {70} pour arrêter Bonaparte... »
    Assis à la petite table de sa chambre à la préfecture maritime le général Beker confie ses angoisses à sa famille. Il est 8 heures du soir.
    « Rochefort, 6 juillet 1815.
    ... C’est aujourd’hui le troisième jour de notre arrivée à Rochefort, sans perspective d’en sortir, tant que la croisière anglaise occupera toutes les issues. Point de nouvelles de Paris ni de passeports à la faveur desquels on puisse se réfugier dans un pays quelconque. Cette incertitude de l’avenir prolonge notre anxiété, et je ne vois aucune chance favorable au départ de l’Empereur. Nous attendons notre sort de Paris, dans l’espoir que le gouvernement provisoire, en stipulant pour la France, obtiendra aussi des conditions qui assurent à la famille impériale un

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