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La nuit de l'ile d'Aix

La nuit de l'ile d'Aix

Titel: La nuit de l'ile d'Aix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Prouteau
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Chateauneuf qui parle, un grand brun au torse athlétique et à la voix enfantine.
    —  Sire, voilà notre plan...
    Napoléon écoute, d’abord lointain, puis attentif, pose une main amicale sur l’épaule de Chateauneuf.
    —  Je vous remercie, lieutenant, si le sort des armes nous est favorable, je n’oublierai pas... Bertrand, faites le nécessaire. Achetez les chasse-marée, faites-les armer conformément au désir de ces jeunes gens, quand les chaloupes seront prêtes, faites transporter les bagages à bord. Et dites au commandant Besson de venir me voir de suite. Voilà peut-être la solution que nous attendions. Je partirai sur le Magdalena avec Besson, Savary, Marchand, et vous, monsieur le grand maréchal. Les serviteurs embarqueront sur les chasse-marée. Les femmes resteront en France. Je désire ne pas les exposer à des dangers mortels.
    —  Eh bien voilà, lieutenant. En sortant de cet entretien j’ai fait acheter les bateaux à La Rochelle. Nous avons mis au courant le capitaine Ponée de cette démarche. Il nous fera convoyer par deux péniches armées pour escorter le convoi au-delà des passes sous le commandement de l’enseigne Lumeau que vous connaissez. Ils veulent profiter de la nuit pour se glisser à travers la croisière anglaise et gagner la haute mer par le pertuis Breton.
    —  Je connais bien ces garçons dont vous me parlez, surtout Genty qui a pris part à la guerre d’Espagne avec les marins de la Garde. Je suis convaincu que c’est le ciel qui montre à Sa Majesté le chemin de la liberté. Mais il faut faire vite. Parce que maintenant les circonstances sont réunies pour assurer le succès.
    —  Que voulez-vous dire   ?
    —  Je m’explique. Les deux chaloupes de La Rochelle sont d’excellents voiliers, meilleurs sans aucun doute que les croiseurs anglais. On devrait les envoyer l’une par la passe de Maumusson, l’autre par le pertuis d’Antioche, et sur toutes deux embarquer des personnes et des effets qui appartiennent à l’Empereur, mais de telle sorte que les équipages ne sauraient pas, même entre eux, qui se trouverait à bord de l’autre chaloupe. Puis il suffirait de donner l’ordre aux commandants des deux bâtiments légers, à chacun séparément, de rechercher eux-mêmes les croiseurs anglais, de se laisser prendre en chasse par eux, et de les entraîner aussi loin qu’il leur serait possible   ; mais on devrait répandre au préalable en sous-main la nouvelle que Napoléon s’était embarqué sur l’une de ces chaloupes, de manière que le personnel de chaque chaloupe gardât lui-même l’opinion que l’Empereur était sur l’autre. Aussitôt que ce plan aurait été approuvé et dûment répandu, on pourrait faire partir les chaloupes le soir suivant et l’Empereur suivrait avec moi au matin, en quoi il aurait alors deux chances de plus d’effectuer sa délivrance. Il est d’autant plus nécessaire de profiter de toutes ces circonstances favorables au plus tôt, que l’ennemi, qui se tient encore sous ses voiles à l’entrée du permis d’Antioche, doit ignorer la présence de l’Empereur, car s’il la savait, il n’aurait pas manqué de prendre position dans la rade des Basques, d’où il est à même de surveiller les deux pertuis {83} . »
    —  Vous savez que l’Empereur attache une grande importance à votre avis. Il faut l’informer tout de suite.
    —  Je vous suis, monsieur le grand maréchal.
    En entrant dans la chambre, Besson est d’abord frappé par le vide. Tous les meubles ont été transportés à bord des chaloupes sauf le lit et une commode aux panneaux armoriés surmontée d’un nécessaire de vermeil, que Napoléon avait souhaité garder jusqu’à son propre embarquement. C’était un cadeau de Marie-Louise.
    L’Empereur s’est retourné en souriant.
    —  Eh bien, Bertrand, que vous a dit le capitaine Besson   ?
    —  Il va vous l’expliquer lui-même.
    Et Besson expose son plan. Les chasse-marée vont servir d’appât aux bateaux anglais. On va faire annoncer dans l’île et à Rochefort que l’Empereur s’est embarqué sur ces chaloupes. Les Anglais ne manqueront pas d’être avisés par les espions et lanceront leurs frégates à la poursuite des chasse-marée. Ce qui laissera le champ libre au Magdalena.
    Napoléon réagit chaleureusement   :
    —  Excellent, excellent... Qu’en pensez-vous, Bertrand ?
    —  Sire, je pense que le plan du capitaine Besson va nous ouvrir la

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