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La nuit de l'ile d'Aix

La nuit de l'ile d'Aix

Titel: La nuit de l'ile d'Aix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Prouteau
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vois encore... À 2 heures on ne voyait plus de Prussiens sur leurs jambes. Ceux qui avaient tenté de se rendre avaient du même coup rendu leur âme au diable.
    —  Je pense que Davout va être content.
    —  Je n’en suis pas si sûr, dit de Pully.
    —  Deux régiments de Prussiens détruits, ce n’est qu’un hors-d’œuvre, dit Exelmans. Et maintenant il faut rejoindre Grouchy. Et marcher sur Blücher.
    La nouvelle s’était répandue très vite dans Paris   : Exelmans a égorgé les Prussiens. Et M. Fouché avait couru chez Davout. Et maintenant il se tenait debout devant le maréchal, les bras croisés, les lèvres serrées, l’œil orageux et la voix sifflante. Il frappait du poing sur la table   :
    —  Insensé   ! monsieur le maréchal... C’est insensé... Ainsi pendant que la Commission multiplie ses efforts pour amener les Puissances à une négociation, des bandes d’insurgés criminels ont fondu à l’improviste sur les régiments alliés et les ont massacrés. Avez-vous pensé à l’effet déplorable de ce reniement, de cette trahison, car ce sont des traîtres à la cause nationale.
    Davout sursautait.
    —  Oh ! monsieur le duc, ce sont des soldats !...
    —  Les soldats sont faits pour obéir. Et c’est à vous de les faire obéir. Et c’est vous qui les commandez. Il paraît qu’à Rocquencourt c’est un carnage abominable. Il faudra que vous rattrapiez Exelmans et ses énergumènes, que vous les mettiez hors d’état de nuire. Sinon Paris sera brûlé demain. Est-ce que je peux compter sur votre loyauté ?
    —  Elle vous est acquise, monsieur le duc, murmurait Davout, je vais faire donner des ordres.
    —  Occupez-vous de les faire respecter.
    —  Bertrand, vous allez chez le colonel Bourgeois commandant de la gendarmerie, c’est un fidèle. Il vous conduira chez le préfet Busche, que vous informerez de mon arrivée... Vous lui raconterez ce qui s’est passé à Saint-Maixent. Vous lui direz aussi que je séjournerai à Niort une partie de la journée.
    —  Sire, il est minuit passé et le préfet doit dormir.
    —  Eh bien, réveillez-le et vous lui direz de ne pas trop se rendormir, car je l’attends à 5 heures ce matin pour lui faire connaître mes intentions.
    Le préfet ne s’était pas couché. Il était informé de l’algarade de Saint-Maixent et veillait dans l’attente d’une visite.
    —  Monsieur le grand maréchal, je suis heureux de vous voir, mais permettez-moi de vous exprimer mon étonnement, j’ai fait préparer les chambres à la préfecture et j’apprends que l’Empereur est descendu dans une modeste auberge.
    —  Monsieur le préfet, l’Empereur était un peu fatigué par le voyage. Il s’est mis au lit, mais il vous recevra à 5 heures à la Boule d’Or.
    —  Voulez-vous que je fasse placer des postes de garde   ?
    —  Gardez-vous en bien, monsieur le préfet, l’Empereur tient à l’incognito.
    Napoléon ne pouvait trouver le sommeil, il s’accouda au balcon, dans sa robe de chambre de basin blanc. Cette silhouette familière attira l’attention du lieutenant-colonel Verdier qui rejoignait la caserne de son régiment, le 2 e Hussards. Il courut à la préfecture. Mais Bertrand l’avait déjà précédé avec le colonel Bourgeois.
    L’entretien dura deux heures. Bertrand revint seul parmi les rues désertes, traversa la Brèche endormie et trouva Lagrave assoupi sur une chaise du corridor.
    —  Je vous ai fait réserver un lit avec votre ami dans ma meilleure chambre.
    —  Quel ami   ?
    —  Le gros qui était assis à côté de vous.
    Bertrand réprima un sourire.
    —  Mon ami a le sommeil fragile, il est très fatigué, il ne faut pas le réveiller.
    Lagrave se gratta la tête, perplexe.
    —  Il me reste bien une petite chambre, mais elle n’est pas aussi bien que...
    Bertrand le coupa   :
    —  Ce sera parfait. Conduisez-moi.
    Lagrave prit sa grosse lampe de cuivre, régla la mèche et commença à grimper les escaliers de bois qui grinçaient sous ses sabots vernis.
    L’instant d’après, le grand maréchal s’abattait tout habillé sur son lit.
    5 heures du matin
    Lagrave passe par la fenêtre du second sa tignasse ébouriffée. Il n’en croit pas ses yeux. Le préfet et une quinzaine d’officiers, moitié hussards, moitié gendarmes, font les cent pas devant sa porte. Ces messieurs sont en habit de gala, brandebourgs, sabre, bicorne, chamarrures...
    —  Qu’est-ce que c’est,

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