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La nuit de l'ile d'Aix

La nuit de l'ile d'Aix

Titel: La nuit de l'ile d'Aix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Prouteau
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le préfet... Il s’est battu comme un démon... Il a été blessé...
    Après de brèves civilités, Napoléon revenait à sa conférence avec le préfet pour poursuivre ses échanges et compléter ses informations. Il avait interdit qu’on le dérangeât. Il lui fallut bien recevoir le capitaine de Kerogal qui apportait un message urgent de M. Bonnefous, préfet maritime de Rochefort.
    —  Qu’il entre, vite.
    M. de Kerogal est un beau brun, raide et compassé. Une voix de velours, des yeux en amande, des cheveux de pâtre andalou, robuste comme une carène, élancé comme un mât de beaupré. Il salua l’Empereur et demeura figé comme s’il avait commandé une revue d’armes. Napoléon le toisait du regard.
    —  Alors, Bonnefous est malade   ?
    —  Sire, il a eu un accès de fièvre, balbutia l’officier.
    —  Dites un transport, capitaine, c’est mon arrivée qui fait monter sa température ?
    —  Non, sire, ce n’est pas votre arrivée. C’est celle de la croisière anglaise.
    —  Que me chantez-vous là   ?
    —  Sire, voilà la lettre que M. de Bonnefous m’a chargé de vous remettre.
    Napoléon rompait le cachet.
    « Sire, le capitaine de Kerogal vous présentera mes excuses. Mon absence est due à un accès de fièvre. Mais je serai debout pour recevoir Votre Majesté. Il est de mon devoir de vous informer d’un brusque changement de situation.
    La rade est étroitement bloquée par une escadre anglaise. Il me paraît extrêmement dangereux pour la sûreté de nos frégates et celle de leur chargement de chercher à forcer le passage. Il faudrait attendre une circonstance favorable qui ne se produira pas de longtemps en cette saison où les forces anglaises qui nous bloquent et qui sont en permanence servies par le moyen de leurs échelons, avec l’escadre qui est en permanence sur les côtes, ne laissent aucun espoir de faire sortir nos bâtiments de l’île d’Aix.
    Ils ne peuvent quitter ce mouillage pour gagner le large sans être attaqués par les croisières qui sont en force supérieure. »
    —  Monsieur dit sèchement l’Empereur en lui rendant la lettre, lorsque j’ai traversé la Méditerranée en venant d’Égypte, j’avais deux frégates vénitiennes, et en face de moi il y avait Nelson et la totalité de la marine anglaise. Alors vous pensez bien que je ne vais pas me laisser bloquer par quelques rafiots...
    Et laissant M. de Kerogal sans voix, il lui tourna le dos et lança à Gourgaud   :
    —  Plus nous restons ici et plus nous donnons de chances à la croisière anglaise de bloquer les pertuis. L’embarquement pour l’Amérique, ce n’est pas Niort, c’est Rochefort. Je partirai cette nuit... quand la foule sera dissipée. Beker !
    —  Sire.
    —  Écrivez au gouvernement provisoire. Dites-lui que si une croisière anglaise doit s’opposer à mon départ pour les États-Unis, j’offre mes services à la France. S’ils acceptent mes propositions – que je leur ai déjà fait tenir – le cours des événements va bientôt changer. Dites-leur que je dispose encore d’une grande autorité et que j’appuierai les négociations par une armée à laquelle mon nom peut servir de point de ralliement. Vous me suivez, Beker   ?
    —  Oui, sire.
    La voix du général était grave et feutrée.
    —  Ajoutez que si je me rends à Rochefort, le gouvernement doit autoriser le capitaine de ma frégate à communiquer avec le commandant de la station anglaise. Pour ma sécurité, pour mon personnel et pour épargner au peuple de France la douleur et la honte de me voir enlevé pour être livré à la discrétion de mes ennemis... Vous écrivez immédiatement, Beker, vous me remettrez le message quand vous l’aurez terminé et vous le ferez porter à Paris par courrier exprès.
    Pendant que Napoléon dicte sa lettre à Beker, le préfet Busche entre, écarlate.
    —  Que se passe-t-il   ?
    —  Sire, j’apprends qu’il y a eu ce matin de violents engagements d’artillerie au nord de Paris. La bataille pour la capitale est commencée.
    Napoléon sursauta   :
    —  Enfin   ! dit-il. Et tourné vers Beker   : Général, ajoutez ceci   : « Nous avons l’espoir que la capitale se défendra et que l’ennemi nous donnera le temps de renforcer l’armée pour couvrir Paris. Si dans cette situation les croisières empêchent les frégates de sortir, vous pourrez disposer de l’Empereur comme général uniquement occupé du salut de la

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