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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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ongles.
Après une légère pression, la peau retrouvait très vite sa complexion originelle.
Jeanne inspecta ensuite les jambes et les pieds de Marioza, sans trouver le
moindre signe de nécrose. Elle n’avait aucune défaillance de circulation.
    Paupières
mi-closes, Marioza s’adossa aux oreillers et leva sur Jeanne un regard alangui.
    — Chercherais-tu
mon cœur ? Tu ne le trouveras pas si bas, Jean Anglicus !
    Sur ce, elle
écarta les pans de sa robe de soie, révélant deux seins d’un blanc d’ivoire.
    Jeanne comprit
soudain qu’elle avait sans doute affaire à cette Marioza dont la rumeur faisait
la plus célèbre courtisane de Rome ! On disait d’elle qu’elle comptait
parmi ses clients quelques-uns des plus illustres personnages de la cité. Elle essaie de me séduire. L’incongruité de la situation fit naître une
ombre de sourire sur ses lèvres.
    Marioza
interpréta ce sourire d’une tout autre façon, et se sentit encouragée. Ce
prêtre allait être moins difficile à conquérir que ne l’avait laissé entendre
Benoît en lui confiant sa mission. Religieux ou non, Jean Anglicus était un
homme, et aucun homme ne pouvait lui résister.
    Avec une
indifférence ostensible, Jeanne poursuivit son examen. Elle palpa les flancs de
Marioza pour vérifier qu’elle n’avait aucune côte brisée. Cette sorte de
douleur était souvent confondue avec celle d’une attaque cardiaque. Mais sa
patiente ne montra pas le moindre signe d’inconfort.
    — Quelles
jolies mains tu as, roucoula-t-elle, en se retournant à demi sur le lit pour
mettre en valeur ses courbes voluptueuses. Si fortes, et si fines à la fois !
    — La pomme
de Satan ! s’écria Jeanne en se redressant.
    Voilà bien les
prêtres, songeait Marioza. Tenir un discours
pieux en un tel moment... Mais, après tout, elle connaissait bien les
membres du clergé, et savait comment surmonter ces crises de conscience de
dernière minute.
    — Ne réprime
pas tes sentiments, Jean Anglicus : ils sont parfaitement naturels, car
ils t’ont été donnés par Dieu. N’est-il pas écrit dans la Bible : « Et
ils ne formeront qu’une seule chair » ?
    À dire vrai,
Marioza n’était pas certaine que cette phrase était bien tirée de la Bible,
mais la chose était vraisemblable, car elle lui avait été dite, dans des
circonstances quasiment identiques, par un archevêque.
    — En outre,
ajouta-t-elle, hormis toi et moi, personne ne saura jamais ce qui s’est passé
entre nous.
    Jeanne secoua la
tête avec véhémence.
    — Je parlais
d’autre chose, dit-elle. L’odeur qui flotte dans cette pièce... c’est celle de
la mandragore, qu’on appelle aussi pomme de Satan.
    Son fruit était
un puissant narcotique, ce qui expliquait les pupilles dilatées de Marioza.
    — D’où vient
l’odeur ? demanda Jeanne, humant tout à coup la fumée d’une chandelle. Qu’as-tu
fait, Marioza ? Aurais-tu trempé ta cire dans de l’essence de mandragore ?
    La courtisane
soupira. Elle avait déjà assisté à la même réaction chez des clercs jeunes et
virginaux. Embarrassés, ils cherchaient sans cesse à ramener la conversation
sur un terrain plus sûr.
    — Approche,
murmura-t-elle, et cessons de parler potions. Je connais une bien meilleure
façon de passer un moment ensemble.
    Elle fit glisser
une main sur la tunique de Jean Anglicus, à la recherche de son entrejambe.
    Jeanne recula d’un
bond. Elle souffla la chandelle et prit fermement la main de Marioza.
    — Écoute-moi,
Marioza. La mandragore... Tu l’emploies pour ses vertus aphrodisiaques, je le
sais. Mais je te conseille de cesser, car sa fumée est aussi un poison.
    La courtisane
fronça les sourcils. Voilà qui ne faisait pas partie de ses plans. Elle devait
trouver au plus tôt un moyen de faire oublier à ce jeune homme ses leçons de
médecine.
    Un bruit de pas s’éleva
dans la galerie adjacente. Il était trop tard pour les manœuvres de persuasion.
Marioza agrippa le haut de sa robe à deux mains et la déchira d’un geste sec.
    — Comme j’ai
mal ! s’écria-t-elle, en saisissant la tête de Jeanne entre ses mains et
en la plaquant contre sa poitrine. Écoute mon cœur, vite !
    Jeanne tenta de
se dégager, mais Marioza tint ferme.
    — Oh, Jean,
souffla-t-elle, haletante, je ne puis résister à la force de ta passion !
    La porte s’ouvrit
tout à coup. Plusieurs gardes pontificaux se ruèrent dans la chambre et s’emparèrent
de Jeanne, qu’ils

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