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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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retirèrent du lit sans ménagement.
    — Eh bien,
mon père, railla leur chef, voilà une étrange façon de donner la communion !
    — Cette
femme est malade, protesta Jeanne. J’ai été appelé à son chevet pour la
soigner.
    Le garde la
gratifia d’un regard égrillard.
    — Je connais
en effet plus d’une femme que ce remède-là a soignée de son infertilité !
    Un éclat de rire
général fit trembler les murs de la pièce.
    — Dis-leur
la vérité, ordonna Jeanne à Marioza.
    La courtisane
haussa les épaules, ce qui eut pour effet de faire glisser un peu plus sa robe.
    — Ils nous
ont vus, très cher. À quoi bon nier ?
    — Vous voilà
enrôlé dans l’armée des amants de Marioza, lança un autre garde. Vous et vos
pairs rempliriez le Colisée sans peine !
    Une nouvelle
explosion d’hilarité salua ces belles paroles. Marioza joignit son rire à celui
des soldats.
    — Venez, mon
père, fit le chef des gardes en empoignant le bras de Jeanne.
    — Où m’emmenez-vous ?
demanda celle-ci, bien que se doutant de la réponse.
    — Au Latran.
Vous allez devoir vous expliquer devant le Saint Père.
    Jeanne libéra son
bras et se tourna une dernière fois vers Marioza.
    — Je ne sais
ni pourquoi, ni pour qui tu agis ainsi, mais je t’avertis, Marioza : ne
compte pas bâtir ta fortune sur les faveurs des hommes, car tu découvriras bien
vite qu’elles sont aussi fugaces que la beauté.
    Le rire de la
courtisane mourut sur ses lèvres.
    — Petit
barbare ! lança-t-elle avec mépris.
    Jeanne fut
emmenée dans un nouvel éclat de rire.
     
     
    Sous bonne
escorte, Jeanne émergea dans une rue ombrée de crépuscule. Elle ne pouvait se
résoudre à haïr Marioza. Elle- même aurait pu connaître un destin semblable si
le sort avait choisi une voie différente. Les rues de Rome grouillaient de
femmes prêtes à vendre leur corps pour le prix d’un repas. À  leur arrivée dans
la Cité sainte, nombre d’entre elles étaient de pieuses pèlerines, quelquefois
même des nonnes. Sans abri ni fortune pour s’offrir le voyage de retour, elles
optaient pour cette solution. Les prêtres avaient beau jeu de vitupérer ces « servantes
du diable » depuis les hauteurs de leurs chaires. Mieux valait mourir
chaste, grondaient-ils, plutôt que de vivre dans le péché. Eux n’ont jamais
connu la faim.
    Marioza n’était
donc pas à blâmer. Elle avait simplement servi d’instrument. Mais entre
quelles mains ? Qui cherche à me discréditer ? Ennodius et ses
pairs de la société de médecine étaient sans nul doute capables d’un aussi
sordide expédient, mais n’auraient-ils pas plutôt cherché à mettre en cause sa
compétence médicale ?
    Alors,
qui ?
    La réponse s’imposa
d’elle-même.
    Benoît. Depuis l’épisode de l’Orphanotrophium, il était plein de rancœur,
et surtout jaloux de l’influence de Jeanne sur son frère. Au fil des pas, elle
sentit grandir sa certitude et sa détermination. Elle savait à présent qui
était son ennemi, et n’avait aucune intention de laisser Benoît triompher aussi
facilement. S’il était le frère du pape, elle était sa confidente. D’une
manière ou d’une autre, elle réussirait à le convaincre de sa bonne foi.
     
     
    À son arrivée au
Latran, Jeanne vit non sans surprise ses cerbères passer au large du
triclinium, où le pape Serge dînait en compagnie de ses optimates et autres
dignitaires de la cour, pour la mener tout droit aux appartements de Benoît.
    — Eh bien,
eh bien ! lança celui-ci d’un ton railleur en la voyant entrer sous bonne
escorte. Qu’est ceci, Jean Anglicus ? Que fais-tu flanqué de gardes comme
un vulgaire larron ? Parle, Tarasius, ajouta-t-il en se tournant vers le
chef de la garde, dis-moi quel crime a commis ce prêtre.
    — Messire,
nous venons de l’appréhender dans la chambre de la putain Marioza.
    — Dans la
chambre de Marioza ! répéta Benoît, affectant un regard réprobateur.
    — Nous l’avons
trouvé sur son lit et dans ses bras, ajouta Tarasius.
    — C’est un
guet-apens ! se défendit Jeanne. J’ai été appelé à son chevet sous le fallacieux
prétexte qu’elle se sentait souffrante. Sachant que les gardes allaient venir,
elle m’a embrassé juste avant leur entrée.
    — Tu espères
me faire croire qu’une simple femme a pu te dominer par la force ? Honte à
toi, faux prêtre !
    — Honte à
vous-même, messire Benoît ! Vous avez fomenté toute cette

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