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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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l’écoutait-il ?
Était-il seulement là ? Jour après jour, son espoir s’amenuisait.
    Un fracas
métallique la fit tressaillir. On soulevait la barre. Quelques instants plus
tard, la porte s’ouvrit en grand, déversant une lumière aveuglante dans son
monde de ténèbres. Jeanne plissa les paupières. Une silhouette d’homme se découpait
sur le seuil.
    — Jean
Anglicus ? lança une voix incertaine, qu’elle n’eut aucune peine à
reconnaître.
    — Arighis !
s’écria-t-elle en se levant, puis en pataugeant dans l’eau noire pour s’approcher
du vice-dominus. Est-ce Serge qui t’envoie ?
    Arighis secoua la
tête.
    — Sa
Sainteté ne désire pas te voir.
    — Dans ce
cas, que... ?
    — Serge est
gravement malade. Tu lui donnas naguère un remède qui lui rendit la santé. En
as-tu encore avec toi ?
    — Oui.
    Jeanne tira de sa
besace un sachet de poudre de bulbe de colchique. Arighis tendit la main pour s’en
emparer, mais Jeanne recula.
    — Qu’est-ce
donc ? lâcha le vice-dominus. Est-il possible que tu lui voues une telle
haine ? Prends garde, Jean Anglicus ! Désirer la perte du Vicaire du
Christ reviendrait à placer ton âme immortelle dans le plus grand des périls.
    — Je ne le
hais point.
    Jeanne était
sincère. Serge n’avait pas de malignité dans le cœur, elle le savait. Il était
faible et manipulé par un frère malhonnête.
    — Simplement,
je refuse de confier ce remède à des mains inexpertes. Ses pouvoirs sont
immenses, et une erreur de dosage pourrait s’avérer fatale.
    Ce n’était pas
entièrement vrai : la poudre de colchique n’était pas aussi puissante qu’elle
le prétendait. Seule une dose énorme risquait de mettre en danger les jours d’un
malade. Mais sa dernière chance de recouvrer la liberté se jouait en cet
instant. Elle n’était pas disposée à la laisser échapper.
    — En outre,
ajouta-t-elle, comment saurais-je si le pape souffre du même mal qu’autrefois ?
Pour soigner Sa Sainteté, je dois d’abord la voir.
    Arighis hésita.
Libérer le prisonnier revenait à commettre un acte d’insubordination,
expressément contraire aux ordres du souverain pontife. Mais si Serge mourait
pendant que l’empereur franc s’approchait des portes de Rome, la papauté et
Rome elle-même risquaient d’être anéanties.
    — Viens,
fit-il brusquement. Je t’emmène au chevet de Sa Sainteté.
     
     
    Serge reposait
sur les coussins de soie du lit papal. Le plus fort de la crise de douleur
était passé, mais son combat l’avait épuisé et laissé aussi faible qu’un chaton
venant de naître.
    La porte de la
chambre s’ouvrit. Arighis entra, suivi de Jean Anglicus.
    Serge se redressa
violemment.
    — Que fait
ici ce pécheur ?
    — Il apporte
un puissant remède qui vous rendra vos forces, expliqua Arighis.
    Le pape secoua la
tête.
    — Les seuls
vrais remèdes émanent de Dieu. Sa grâce ne saurait en aucun cas être transmise
par une main aussi impure !
    — Ma main n’a
rien d’impur, protesta Jeanne. Benoît vous a menti, Votre Sainteté.
    — On t’a
surpris dans le lit de cette catin, accusa Serge. Les gardes t’ont vu de leurs
propres yeux !
    — Ils ont vu
ce qu’ils devaient voir et ce qu’on leur avait dit d’observer.
    Jeanne s’empressa
d’expliquer la façon dont Benoît lui avait tendu un traquenard.
    — Je ne
voulais pas me rendre là-bas, conclut-elle, mais Arighis a insisté pour que j’y
aille.
    — C’est
exact, Très Saint Père, confirma le vice-dominus. Jean Anglicus m’a suggéré de
mander sur place un autre médecin, mais Benoît avait bien insisté pour que ce
soit lui, et nul autre, qui soit envoyé au chevet de cette... personne.
    Serge resta un
long moment silencieux. Enfin, d’une voix brisée, il lâcha :
    — Si tu dis
vrai, tu as subi le plus grave des préjudices. L’arrivée de Lothaire, bégaya-t-il,
fondant soudain en larmes, est le juste châtiment que m’inflige Dieu pour tous
mes péchés !
    — Si Dieu
voulait vous châtier, il emprunterait une voie plus directe, remarqua Jeanne.
Pourquoi sacrifier la vie de milliers d’innocents quand il pourrait vous
anéantir d’un seul geste ?
    L’argument prit
Serge au dépourvu. Aveuglé par un narcissisme commun à tous les grands de ce
monde, il n’avait jamais été effleuré par cette idée.
    — La venue
de Lothaire n’est pas un châtiment, insista Jeanne. C’est une mise à l’épreuve
 – une mise à

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