Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
Vom Netzwerk:
Château Saint- Ange, avant de poursuivre par la
colline du Vatican et de contourner Saint-Pierre. Ensuite, la muraille pourrait
redescendre en ligne droite jusqu’au Tibre.
    Le tracé en forme
de fer à cheval que venait d’esquisser le comte Gerold permettait de ceindre
non seulement Saint-Pierre et les monastères et autres diaconae environnants, mais aussi l’ensemble du Borgo, quartier où se concentraient les
nombreuses colonies saxonnes, frisonnes, franques et lombardes.
    — Ce serait
presque une nouvelle cité ! lança Léon.
    — Civitas
Leonina, remarqua Jeanne. La Cité Léonine.
    Anastase et les
autres prélats accueillirent d’un air perplexe les regards complices qu’échangeaient
Léon, Gerold et Jeanne.
     
     
    Après quelques
semaines de consultation auprès des grands maîtres d’œuvre de la cité, le plan
du rempart fut arrêté. Le projet était ambitieux. Fait de couches superposées
de tuf et de terre, le nouveau mur se dresserait sur quarante pieds de hauteur
par douze de largeur. Défendu par rien moins que quarante-quatre tours, il
devait former une barrière capable de résister au plus violent des sièges.
    En réponse à l’appel
de Léon, des volontaires déferlèrent sur Rome, venus de toutes les bourgades et
des plus lointaines campagnes du territoire pontifical. Ils s’entassèrent dans
les venelles suffocantes et déjà surpeuplées du Borgo, et ne furent pas longs à
mettre les ressources de la cité tout au bord de la rupture. Aussi loyaux et
âpres à la besogne fussent-ils, la plupart d’entre eux étaient des ouvriers inexpérimentés
et sans discipline, et canaliser toutes ces bonnes volontés ne fut pas chose
facile. Ils se présentaient chaque jour sur le chantier sans savoir au juste ce
qu’ils devaient faire, et l’on manquait cruellement de maçons qualifiés pour
superviser leur travail. Au milieu du mois de mai, un pan de mur entier s’effondra,
tuant un certain nombre d’ouvriers.
    Le clergé, emmené
par les cardinaux de la ville, mit tout en œuvre pour pousser Léon à renoncer à
son grandiose projet. L’écroulement du mur était un signe évident de la
réprobation divine. L’idée dans son ensemble semblait pure folie : une
structure aussi haute ne pouvait tenir debout, et quand bien même elle y
parviendrait, jamais elle ne serait prête à temps pour défendre la ville contre
la prochaine attaque des Sarrasins. Mieux valait concentrer les énergies du
peuple sur la prière et le jeûne afin d’apaiser le divin courroux.
    — Nous
prierons comme si tout dépendait de Dieu, répondait inlassablement Léon, et
travaillerons comme si tout dépendait de nous.
    Chaque jour, il
partait à cheval vérifier l’avancement des travaux et exhorter les volontaires,
farouchement déterminé à mener son œuvre à son terme.
    Jeanne était
admirative. Radicalement différent de Serge par son caractère et son
tempérament, Léon était un authentique guide spirituel, une mine d’énergie et
de volonté. Mais l’admiration de Jeanne n’était pas unanime. En ville, les
opinions étaient divisées entre ceux qui approuvaient la construction du mur et
ceux qui la contestaient. Selon toute évidence, l’avenir politique de Léon
allait dépendre en grande partie du succès de son projet architectural.
     
     
    Anastase était
parfaitement conscient de cette situation et de la chance qu’elle lui offrait.
L’obsession de Léon le rendait vulnérable. Si le projet de muraille se révélait
être un échec, la réprobation populaire avait toutes les chances de fournir à
Anastase l’occasion qu’il attendait. Les membres du parti impérial n’auraient
alors plus qu’à marcher sur le Latran, déposer le pape discrédité et installer
leur candidat à sa place.
    Devenu pape,
Anastase s’attacherait à protéger la basilique Saint-Pierre en renouvelant et
resserrant les liens de Rome avec le trône franc. Les armées de Lothaire
seraient mieux à même de défendre Rome contre les assauts infidèles que la
muraille de Léon, aussi coûteuse qu’inefficace.
    Cependant, il
convenait d’agir avec prudence. Mieux valait ne pas s’opposer ouvertement au
pontife, du moins tant que le peuple attendait le résultat de son audacieuse
entreprise.
    La sagesse
recommandait de soutenir Léon publiquement, tout en s’efforçant de saboter
discrètement son projet. À cette fin, Anastase avait d’ores et déjà œuvré pour
provoquer l’écroulement d’un

Weitere Kostenlose Bücher