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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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retira pour annoncer la triste
nouvelle à ceux qui attendaient à l’extérieur de la chambre.
    Léon, pontife
suprême, serviteur des serviteurs de Dieu, chef de l’Église universelle et
évêque du siège apostolique de Rome, n’était plus.
    Au-delà des murs
du Latran, les premiers pleurs s’élevèrent.
     
     
    La dépouille
pontificale fut exposée à Saint-Pierre, devant l’autel d’un nouvel oratoire
dédié à sa mémoire. Les funérailles ne tardaient guère en cette époque de l’année,
car quel que fût le degré de sainteté de l’âme qui l’avait habité, aucun corps
ne résistait longtemps à la vermine dans les chaleurs du mois de juillet
romain.
    Peu après l’enterrement,
le triumvirat qui gouvernait Rome par intérim proclama qu’une nouvelle élection
se tiendrait dans les trois jours. Avec Lothaire au nord, les Sarrasins au sud,
et entre les deux les Lombards et les Byzantins, la situation était trop
précaire pour qu’on pût se permettre de laisser plus longtemps vacant le Trône
de Pierre.
     
     
    C’est trop
tôt, songea Arsène, fort dépité, en apprenant la
nouvelle. Cette élection vient trop tôt. Anastase ne sera pas de retour à
temps. Waldipert, le pauvre fou, avait tout gâché. On lui avait pourtant
expliqué par le menu comment distiller le poison progressivement, à doses
infimes, De cette façon, Léon aurait agonisé encore un bon mois, et sa mort n’aurait
éveillé aucun soupçon.
    Mais le
vice-dominus, cédant à la panique, avait administré au pape une dose de poison
si forte que Léon était mort presque sur le coup. Et ensuite, il avait eu l’audace
de venir trouver Arsène pour lui demander protection ! Après tout, même
si ce n’est pas tout à fait de la façon qu’il espérait, il est maintenant à
l’abri de la loi.
    Ce n’était certes
pas la première fois qu’Arsène ordonnait de faire tuer quelqu’un. Tuer faisait
partie du prix à payer pour prendre ou conserver le pouvoir, et seuls les
faibles répugnaient à s’en acquitter. Mais jamais il n’avait été contraint de
sacrifier une personne aussi proche que Waldipert. Si déplaisante cette
décision fût-elle, elle s’était révélée nécessaire. Si le vice-dominus avait
été capturé et interrogé, il aurait fini par avouer sous la torture tout ce qu’il
savait. Arsène n’avait fait que son devoir en cherchant à protéger sa famille
 – et sa personne. Il était prêt à anéantir quiconque menacerait la
sécurité des siens, comme on écrase la guêpe qui s’apprête à vous piquer.
    Cependant, la
mort de Waldipert l’attristait. Des mesures aussi violentes, même si elles
étaient indispensables, assombrissaient inévitablement son humeur.
    Il lui fallut
déployer un important effort de volonté pour ramener ses pensées vers des
affaires plus urgentes. L’absence de son fils lui compliquait singulièrement la
tâche ; toutefois, si son élection était difficile, elle n’était pas
impossible. Il s’agissait avant tout d’obtenir d’Eustathe, l’archiprêtre, l’annulation
de la sentence d’excommunication prononcée à l’encontre d’Anastase. Cet
objectif n’était pas sans exiger une bonne dose d’habileté politique.
    Arsène souleva la
clochette d’argent posée sur sa table et sonna son secrétaire. Il avait fort à
faire, et très peu de temps pour tout mener à bien.
     
     
    Assise sur un
tabouret dans son officine du Latran, Jeanne écrasait des pétales séchés de
fleur d’hysope dans son petit mortier. Le cœur gonflé de chagrin, elle trouvait
une sorte d’apaisement dans les mouvements mécaniques de sa main et de son
poignet.
    Léon était mort.
Elle avait peine à y croire. Il émanait de lui une telle vigueur, une telle
énergie ! S’il avait vécu, il aurait certainement fait beaucoup pour
extirper Rome du bourbier d’ignorance et de pauvreté dans lequel elle végétait
depuis des siècles ; il semblait avoir le cœur, la force et la volonté
nécessaires. Hélas, le destin ne lui en avait pas laissé le temps.
    La porte s’ouvrit.
Gerold entra. Elle affronta son regard, aussi intense qu’une caresse sur sa
peau.
    — On vient
de m’apporter la nouvelle, annonça-t-il sans préambule. Anastase a quitté Aix.
    — Tu ne
crois tout de même pas qu’il revient à Rome ?
    — Si.
Pourquoi, sinon, aurait-il abandonné si brusquement la cour de l’empereur ?
Il cherche à conquérir le trône qui lui a échappé il y a

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