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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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Je l’ai trouvé !
    Son cœur fit un
bond. Était-il possible qu’Anastase eût été si prompt à abattre ses foudres sur
elle ?
    Elle se leva.
    Les portes de l’église
s’ouvrirent en grand, et les sept princes de Rome entrèrent, précédés par une
formation d’acolytes portant bannière. Les cardinaux, puis les sept optimates
entrèrent à leur tour. Mais ce ne fut qu’en apercevant Gerold que Jeanne acquit
enfin la certitude qu’on n’allait pas l’arrêter.
    En digne
procession, la délégation descendit l’allée centrale et s’arrêta devant Jeanne.
    — Jean
Anglicus, déclara solennellement le primicerius, par la volonté de Dieu et par
celle du peuple romain, tu viens d’être élu pape, évêque de Rome et du Siège
apostolique.
    Sur ce, il se
prosterna devant elle et lui baisa les pieds.
    Abasourdie,
Jeanne le regarda faire. Pouvait-il s’agir d’une plaisanterie de mauvais goût ?
Ou d’un traquenard, destiné à la pousser à trahir sa défiance envers le nouveau
pape ?
    Ses yeux
cherchèrent Gerold. Les traits figés en un étrange masque de gravité, il s’agenouilla
devant elle.
     
     
    L’issue de l’élection
avait surpris tout le monde. Le parti impérial, emmené par Arsène, s’était d’emblée
prononcé en faveur d’Anastase. Le parti papal avait riposté en proposant le nom
d’Hadrien, évêque de Saint-Marc, qui n’était pas à proprement parler un guide
charismatique. Petit, rond et doté d’un visage criblé de vérole, celui-ci s’était
avancé d’un pas lent sur l’estrade, les épaules tombantes, comme s’il croulait
déjà sous le poids des responsabilités qu’on cherchait à lui imposer. Hadrien
était un homme pieux, un excellent prêtre, mais rares étaient ceux qui auraient
songé à lui pour guider spirituellement le monde.
    Et,
manifestement, Hadrien se rangeait à l’avis général : quand il ouvrit la
bouche, ce fut pour retirer sa candidature, en informant les Romains assemblés
qu’après de longues prières et une profonde réflexion il avait décidé de
décliner l’insigne honneur qu’on lui faisait.
    Cette déclaration
causa une tempête de murmures parmi les membres du parti papal, qui n’avaient
pas été avertis de sa décision. Des applaudissements fusèrent en revanche chez
les partisans de l’empereur. La victoire d’Anastase semblait ne plus faire de
doute.
    Soudain, une
clameur s’éleva vers l’arrière de l’assemblée, où se pressaient les plus
humbles citoyens.
    — Jean
Anglicus ! crièrent plusieurs voix. Jean Anglicus !
    Pascal chargea la
garde de faire taire les importuns, mais ceux-ci, connaissant leurs droits, ne
se laissèrent pas réduire au silence. La constitution de 824 accordait à tous
les Romains, clercs ou laïcs, le droit de vote en cas d’élection du pape.
    Arsène avait cru
surmonter cet obstacle inattendu en achetant sans vergogne la loyauté du peuple
de Rome. Ses agents avaient diligemment sillonné la foule en promettant du vin,
des femmes et de l’or. Mais ces incitations se révélèrent insuffisantes. Le peuple
était mal disposé envers Anastase, que le regretté pape Léon avait jugé bon d’excommunier.
Et l’on se mit à réclamer à cor et à cri « le petit pape », l’ami de
Léon et son bras droit.
    Même dans ces
conditions, Arsène aurait pu l’emporter, car l’aristocratie tolérait mal de se
laisser dicter son choix par une poignée de gens de peu. Mais le parti papal,
voyant dans cet accès de fièvre populaire une occasion unique d’écarter
Anastase du trône, se rangea du côté du peuple. La cause était entendue. Jeanne
fut élue.
     
     
    Anastase et son
escorte campaient près de Pérouse, à quatre- vingt-dix milles de Rome, quand un
courrier arriva avec la nouvelle. Avant même d’avoir lu le message jusqu’au
bout, Anastase laissa échapper un cri déchirant. Sans un mot pour ses compagnons
médusés, il se replia dans sa tente, dont il referma soigneusement les pans
pour s’assurer que nul ne l’y suivrait.
    Restés à l’extérieur,
ses hommes entendirent de terribles sanglots. Au bout d’un long moment, ceux-ci
se muèrent en une sorte de hurlement animal, qui se poursuivit jusqu’au bout de
la nuit.
     
     
    Jeanne, vêtue d’une
robe de soie écarlate brodée d’or et montée sur un blanc palefroi, drapé et
harnaché d’or, se dirigeait vers le lieu de son sacre. Banderoles et bannières
s’échappaient de chaque porte et de

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