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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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dont la garde ressemble à celle-ci.
Roger ! lança-t-il à l’adresse d’un adolescent attablé non loin. Viens
donc montrer ton épée à notre jeune ami !
    Roger s’exécuta,
tirant de son fourreau une épée à garde ouvragée. Jean la considéra avec
vénération.
    — Puis-je la
toucher ?
    — Tu peux
même la prendre en main si tu le veux.
    — On te
donnera une épée, déclara Gerold. Et aussi un arc, si tu as la force de le
manier. Explique-lui, Roger.
    — C’est la
vérité, acquiesça celui-ci. Chaque jour, nous apprenons le combat et le
maniement des armes.
    Une lueur de
ravissement passa dans le regard de Jean.
    — Vois-tu ce
petit éclat sur le tranchant ? C’est en ce point qu’elle s’est
entrechoquée avec l’épée de notre maître d’armes en personne !
    Jean était
émerveillé.
    — Partons,
glissa Gerold à Jeanne. Je crois que ton frère ne s’inquiétera plus de notre
départ.
    Sur le seuil,
Jeanne se retourna pour jeter un dernier coup d’œil à Jean. Assis avec l’épée
sur les genoux, il conversait à bâtons rompus avec Roger. Elle allait le
quitter à contrecœur. Même s’ils avaient été plus souvent rivaux qu’amis, Jean
représentait son dernier lien avec le foyer familial, avec un monde familier et
compréhensible. Sans lui, elle serait seule.
    Gerold marchait
devant elle dans la galerie. Très grand, il progressait à longues enjambées. Jeanne
dut se mettre au pas de course pour le rejoindre.
    Pendant de
longues minutes, ils n’échangèrent pas un mot. Puis Gerold lâcha soudain :
    — Tu as fait
très bonne figure face à Odo.
    — Je crains
qu’il ne m’apprécie guère.
    — Certes
non. Odo s’accroche à sa dignité comme un homme à ses pièces d’or quand il ne
lui en reste plus qu’une poignée.
    Jeanne sourit.
Obéissant à une brusque impulsion, elle décida d’accorder sa confiance à cet
homme.
    — Cette
femme, demanda-t-elle, non sans embarras, était-ce la... l’épouse de l’évêque ?
    Toute sa vie elle
avait traîné comme un boulet une certaine conscience du caractère honteux du
mariage de ses parents. C’était un sentiment puéril, mal formulé et non admis,
mais néanmoins profond. Un jour, ayant perçu à quel point Jeanne était sensible
à cette question, Asclepios lui avait expliqué que de telles unions n’étaient
pas rares dans les rangs du bas clergé. Mais chez un évêque ?
    — L’épouse
de... oh, tu veux parler de Theda ! Non, notre Fulgence n’est pas de ceux
qui se marient. Theda est une de ses maîtresses.
    Une maîtresse !
L’évêque avait des maîtresses !
    — Tu es
choquée, je le sens. Il ne faut pas. Fulgence n’est pas un homme pieux. Il
tient son titre d’évêque de son oncle, qui fut prélat avant lui. Il ne s’est
jamais conduit comme un prêtre et n’affecte point la sainteté, comme tu l’auras
noté. Mais en dépit de tout, c’est un homme bon. Bien que n’étant pas lettré
lui-même, il admire le savoir. C’est lui qui a fondé cette école.
    Gerold avait
parlé sans détour, comme à une personne capable de le comprendre, non comme à
une enfant. Jeanne lui en sut gré. Cependant, ses paroles avaient quelque chose
de troublant. Était-il digne d’un évêque, d’un prince de l’Église, de vivre
ainsi ? D’entretenir des... maîtresses ?
    Ils parvinrent
aux portes extérieures du palais. Deux pages vêtus de soie rouge repoussèrent
les énormes panneaux de chêne. Au-delà, la lumière propagée par les torchères
de la galerie se dissolvait peu à peu dans l’obscurité.
    — Viens, dit
Gerold. Tu te sentiras mieux après une bonne nuit de sommeil.
    Et il se dirigea
d’un pas rapide vers les écuries. Après une hésitation, Jeanne le suivit dans
la fraîcheur nocturne.
     
     
    — Nous y
voilà !
    Gerold fit un
geste sur la gauche, et Jeanne suivit la direction de son bras. Dans le
lointain, elle put tout juste discerner la forme sombre d’un groupe de
bâtiments qui se découpaient sur le ciel baigné de lune.
    — Voici
Villaris, ma résidence  – et la tienne, Jeanne !
    Malgré les
ténèbres, le fort de Villaris était magnifique. Tapi à flanc de colline, il
paraissait gigantesque à la fillette émerveillée. Il se composait de quatre
puissantes tours de bois, reliées par une série de cours et de majestueux
portiques. Gerold et Jeanne franchirent les fortes palissades de chêne qui
protégeaient l’entrée et longèrent plusieurs

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