Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
Vom Netzwerk:
debout.
    Une voix d’homme
s’éleva. Odo se décidait-il enfin à mettre un terme à son supplice ?
    — Que se
passe-t-il ici ?
    Elle reconnut son
timbre. Gerold ! Elle ne l’avait jamais entendu parler sur ce ton. Ses
agresseurs s’écartèrent si vite qu’elle faillit retomber.
    Le bras de Gerold
lui ceignit les épaules pour l’aider à recouvrer son aplomb. Elle se laissa
aller contre lui.
    — Félicitations,
Bernhar, lança-t-il au plus grand des garçons, celui qui l’avait frappée à la
nuque. N’est-ce pas la semaine passée que je t’ai vu dans la salle d’armes, si
désespérément occupé à rester hors d’atteinte de l’épée d’Éric que tu n’as pas
réussi à porter le moindre coup ? Heureusement, je vois que tu n’as pas
les mêmes difficultés quand il s’agit de malmener une pauvre fille sans défense !
    Bernhar voulut
bredouiller une excuse, mais Gerold lui coupa la parole.
    — Garde ta
salive pour monseigneur l’évêque. Il te mandera sitôt qu’il aura eu vent de
cela. Et crois-moi, il sera informé dès aujourd’hui.
    Dans un silence
absolu, Gerold souleva Jeanne et la prit dans ses bras. Sa vigueur la surprit.
Elle écarta la tête pour ne pas souiller de gomme sa belle tunique.
    — Encore une
chose, dit-il, se retournant après quelques pas. D’après ce que je viens de
voir, elle est non seulement plus brave que n’importe lequel d’entre vous, mais
aussi plus fine, toute fille qu’elle est.
    Jeanne sentit de
nouveau les larmes lui monter aux yeux. Personne n’avait jamais pris sa défense
de cette façon, hormis peut-être Asclepios. Mais Gerold était... différent.
    Le bouton de rose
croît dans les ténèbres. Il ne sait rien du soleil, mais s’efforce néanmoins de
vaincre la nuit, jusqu’au jour où son carcan s’ouvre enfin. La rose éclôt
alors, déployant ses pétales dans la lumière.
    Je l’aime.
    La pensée l’atteignit
avec une soudaineté qui la bouleversa. Que signifiait-elle ? Elle n’avait
pas le droit d’aimer Gerold. C’était un comte, un grand seigneur, et elle n’était
que la fille d’un humble chanoine. C’était un homme mûr, de vingt-cinq hivers,
qui la considérait certainement comme une enfant, bien qu’elle eut presque
treize ans, bien qu’elle fut sur le point de devenir femme.
    Et il était
marié.
    Sa tête se mit à
tourner.
    Gerold la mit sur
son cheval et monta derrière elle. Les garçons étaient amassés à la porte, sans
oser proférer un mot. Jeanne se laissa aller au creux des bras de son sauveur.
    — Je te
ramène à la maison, murmura-t-il en éperonnant sa monture.

9
    Le comte Gerold,
noble seigneur d’une lointaine marche nordique de l’empire, commanda à son
nouvel alezan de se mettre au galop à l’approche de la butte sur laquelle se
dressait son château. Le cheval obtempéra sur-le-champ, impatient de retrouver
la chaleur de son écurie et la saveur du fourrage. Juste à côté, la monture d’Osdag,
fidèle serviteur de Gerold, força l’allure à son tour, malgré le poids du cerf
mort jeté en travers de sa croupe.
    La sortie avait
été fructueuse. Sur un coup de tête  – car ses chasses se composaient d’ordinaire
d’au moins six hommes  –, Gerold avait décidé de partir en forêt
accompagné du seul Osdag et de deux chiens de meute. La chance leur avait
souri. Presque aussitôt, ils avaient repéré la trace d’un animal, sur laquelle
Osdag s’était penché d’un œil expert.
    — C’est un
cerf, avait-il annoncé. Et un grand.
    Ils avaient
traqué leur proie pendant près d’une heure avant de la débusquer à l’orée d’une
petite clairière. Gerold avait porté son olifant d’ivoire à ses lèvres et
soufflé une succession de notes aiguës. Les chiens s’étaient élancés. Mettre la
bête aux abois n’avait pas été chose facile, mais ils avaient fini par y
réussir, et Gerold l’avait achevée d’un coup de lance précis. Ainsi qu’Osdag l’avait
annoncé, c’était un grand et bel animal. À l’approche de l’hiver, sa viande
serait bienvenue sur les étagères du garde-manger de Villaris.
    À quelque distance,
Gerold aperçut Jeanne assise en tailleur sur l’herbe. Ayant ordonné à Osdag de
rejoindre l’écurie sans l’attendre, il bifurqua vers elle. Au cours de l’année
écoulée, il s’était pris d’une singulière affection pour cette fille. Une
étonnante personne, inutile de le nier, trop seule, trop grave pour son

Weitere Kostenlose Bücher