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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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épée dans sa main droite. Gerold voulut la
prendre, mais les doigts du mort refusèrent de lâcher prise. La fournaise du
brasier avait fondu ensemble la chair et le fer.
    Andulf était mort
en combattant. Mais qui avait-il combattu ? Ou quoi ? Gerold scruta
les lieux d’un œil averti. Il ne remarqua aucune trace de campement, aucune
arme, aucun objet susceptible de lui fournir un indice. La forêt semblait
immobile sous le soleil printanier.
    — Messire !
    Ses hommes
venaient de trouver les corps de deux autres soldats. Comme Andulf, ils étaient
morts le glaive au poing. Cette découverte redoubla l’ardeur des arrivants,
mais leurs recherches restèrent vaines. On ne trouva personne d’autre.
    Où sont-ils
tous ? Gerold avait laissé derrière lui une
quarantaine de personnes à son départ de Villaris. Il était impossible qu’ils
se fussent tous évanouis sans laisser la moindre trace.
    Son cœur se mit à
battre la chamade, envahi d’un fol espoir. Jeanne était vivante, forcément !
Peut-être était-elle toute proche, terrée avec les autres dans les profondeurs
de la forêt. Ou peut-être s’étaient-ils réfugiés en ville !
    Il remonta en
selle et appela ses hommes. Au triple galop, la troupe rallia Dorstadt. À l’approche
des rues désertes, les cavaliers se mirent au pas.
    Sans un mot, ils
se dispersèrent au gré des venelles. Gerold, accompagné de Worad et d’Amalwin,
prit le chemin de la cathédrale. Ses lourdes portes de chêne étaient détachées
de leurs gonds. Inquiets, les trois hommes mirent pied à terre et s’approchèrent,
l’épée brandie. Sur les marches de bois du perron, Gerold faillit glisser. Il
baissa les yeux et vit une mare noirâtre, alimentée par une rigole de sang venu
de l’intérieur.
    Il pénétra dans
la cathédrale.
    Pendant un bref
instant, les ténèbres le protégèrent de l’horreur. Puis, peu à peu, ses
pupilles s’adaptèrent.
    Derrière lui,
Amalwin eut un haut-le-cœur. Gerold sentit sa gorge se nouer, mais réussit à se
maîtriser. Il se couvrit la bouche et le nez de sa manche, puis s’engagea dans
l’allée. Il était difficile de ne pas trébucher à chaque pas sur un cadavre. Il
entendit un de ses hommes jurer. Son propre souffle était court, presque
haletant. Il continua sa progression, comme dans un rêve, parmi les restes
humains.
    Il trouva les
siens près du maître-autel. Il reconnut Wala, le chapelain, et Wido, l’intendant.
Irminon, la camériste, était tout près. Ses bras rigides serraient toujours son
enfant mort contre son sein. Worad était son mari. Il poussa un hurlement de
chagrin en la reconnaissant, se jeta à terre et la serra fort dans ses bras
malgré les plaies, malgré le sang.
    Gerold se
détourna. Son regard saisit un éclat d’émeraude familier. Il reconnut la tiare
de Richild. Elle gisait juste à côté, et ses longs cheveux noirs formaient un
suaire sur son corps. Il ramassa la tiare et voulut la reposer sur le front de
sa femme. La tête de Richild se tordit bizarrement, avant de se détacher tout à
fait de son corps.
    Estomaqué, Gerold
recula. Ses orteils heurtèrent un autre cadavre, et il faillit tomber à la
renverse. Il baissa les yeux. À ses pieds gisait Dhuoda, le corps convulsé, un
peu comme si elle cherchait encore à esquiver le coup de son agresseur. Avec un
gémissement de douleur, Gerold tomba à genoux auprès de sa fille cadette. Il la
caressa, effleura sa chevelure, remit ses membres dans une position moins
grotesque. Il la baisa sur la joue et lui ferma les paupières.
    Pris d’un
sinistre pressentiment, il se releva et reprit sa quête morbide. Jeanne devait
être quelque part. Il fallait qu’il la trouve.
    Il traversa la
nef en examinant chaque cadavre au passage. Il reconnut ainsi plus d’un
compagnon, plus d’un voisin, plus d’un laboureur. Mais Jeanne n’était nulle
part.
    Se pouvait-il qu’elle
ait miraculeusement survécu ? Gerold osait à peine l’espérer. Il
poursuivit sa fouille.
    — Messire !
Messire !
    Des voix
pressantes le hélaient de l’extérieur. Il sortit de la nef juste à temps pour
voir ses hommes déboucher au galop sur la place.
    — Les
Normands, messire ! Ils sont sur le fleuve, en train d’embarquer sur leur
vaisseau.
    Sans hésiter,
Gerold s’élança vers Pistis.
     
     
    Ses hommes et lui
galopèrent à bride abattue jusqu’au fleuve, en martelant de leurs sabots la
terre durcie du chemin. Fous de haine, ils n’avaient

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