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La Papesse Jeanne

La Papesse Jeanne

Titel: La Papesse Jeanne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Donna Cross
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qu’une idée en tête :
la vengeance.
    Au détour d’une
dernière courbe, ils aperçurent un long vaisseau à fond plat. Sa haute proue,
sculptée en forme de tête de dragon, arborait une gueule béante hérissée de
crocs. La plupart des Normands étaient déjà à bord, mais une vingtaine d’entre
eux étaient encore sur la berge, montant la garde en attendant que tout leur
butin eût été embarqué.
    Avec un cri de
guerre, Gerold aiguillonna sa monture et leva son glaive. Ses hommes lui
emboîtèrent le pas sans hésiter. Les Normands de la berge se jetèrent à l’eau
ou se mirent à courir en tous sens. Plusieurs furent piétinés par les chevaux
chrétiens. Gerold brandit sa javeline dentelée et visa le Normand le plus
proche, un géant à barbe jaune et à casque d’or. Celui-ci se retourna, souleva
son écu juste à temps, et la javeline se ficha dedans avec un bruit sourd.
    Une pluie de
flèches s’abattit soudain. Les occupants du navire ripostaient. Pistis se cabra
furieusement avant de s’effondrer, atteint à l’œil. Gerold sauta à terre, mais
se reçut mal et se blessa à la jambe gauche. Il courut en boitant vers le
géant, qui tentait encore d’arracher la javeline de son écu. Gerold écrasa la
hampe de l’arme de son pied, et le Normand dut lâcher son bouclier. Surpris,
celui-ci brandit une lourde hache, mais il était trop tard. Un seul coup d’épée
suffit à Gerold pour l’atteindre en plein cœur. Avant même que son adversaire
eût mordu la poussière, il pivota sur ses talons et estoqua un autre Normand,
auquel il fracassa le crâne. Un jet de sang lui gicla au visage, et il dut s’essuyer
les yeux. Il était à présent au cœur de la mêlée. Fou de rage, il frappa en
tous sens, encore et encore, entraîné dans un délire sanguinaire.
    — Ils s’enfuient !
Ils s’enfuient !
    Le cri de ses
hommes tinta aux oreilles de Gerold. Il leva les yeux vers la berge et constata
que le drakkar, ayant déployé sa voile écarlate, venait d’appareiller. Les
Normands s’enfuyaient.
    Un cheval bai,
privé de cavalier, piétinait nerveusement à quelques pas. Gerold l’enfourcha.
Le cheval rua, effrayé, mais il parvint à l’apaiser, puis le lança au galop
vers le rivage. Après avoir hurlé à ses hommes de le suivre, Gerold précipita
sa monture dans l’eau. Une lance était suspendue le long du flanc du destrier.
Gerold la tira de son étui et la projeta en direction du navire normand avec
une force qui faillit le jeter à bas de sa selle. La lance siffla dans l’air,
pointe flamboyante sous le soleil, et retomba juste sous la proue à gueule de
dragon.
    Un odieux éclat
de rire s’éleva à bord du vaisseau. Les Normands se mirent à l’insulter dans
leur langue rocailleuse. Pour le narguer, deux d’entre eux hissèrent à bout de
bras une masse enveloppée d’étoffe dorée : Gerold distingua la silhouette
d’une jeune femme aux cheveux cuivrés, apparemment inanimée.
    — Gisla !
hurla-t-il tout à coup, fou de désespoir.
    — Père !
répondit sa fille, soulevant faiblement la tête. Père... !
    Ce cri devait
résonner longtemps dans les profondeurs de l’âme de Gerold. Il éperonna son
destrier, mais celui-ci refusa d’aller plus avant. Gerold le frappa du plat de
son épée, mais le cheval se cabra de plus belle. Un cavalier moins habile eût
été désarçonné, mais Gerold tint bon, luttant pour plier l’animal à sa farouche
volonté.
    — Messire !
Messire !
    Ses hommes l’entourèrent.
Ils cherchaient à s’emparer de la bride, à le ramener vers la rive.
    — C’est sans
espoir, messire ! lui glissa Grifo au creux de l’oreille. Nous ne pouvons
plus rien faire.
    Sa voile gonflée
par le vent, le navire normand s’éloignait rapidement. Il n’existait aucun
moyen de le poursuivre, pas la moindre embarcation à proximité. L’art de la
navigation s’était depuis longtemps perdu en terre franque.
    Anéanti, Gerold
laissa Grifo conduire son cheval jusqu’à la berge. Le cri éperdu de Gisla
résonnait encore sous ses tempes. Sa fille était perdue, irrémédiablement
perdue. Il avait entendu parler de jeunes filles capturées lors des incursions
de plus en plus fréquentes des Normands le long des côtes de l’empire, mais
jamais il n’aurait cru, ni même imaginé...
    Jeanne ! L’idée
le frappa avec une telle force qu’elle lui coupa le souffle. Ils l’avaient
enlevée, elle aussi ! L’esprit en désordre de Gerold se

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