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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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cou de baisers.
    — Ce ne peut être Vane, continua-t-il pourtant. Il est trop vieux.
    — Assez, supplia Ann, effrayée soudain par la brutalité de ses gestes, par son souffle irrégulier.
    — Rackham, décida-t-il en l’entraînant vers le lit. C’est forcément Rackham qui t’excite.
    — Lâche-moi, s’emporta-t-elle. Tu es devenu fou.
    — Fou, oui, affirma-t-il en la bousculant sur leur couche, défaite encore. Fou de toi. Fou d’imaginer d’autres mains sur ta peau. Tu m’as voulu à Charleston, Ann Cormac. Tu n’as pas fini de m’en dédommager.
    Il haletait d’un désir sauvage. Ann sentit des sanglots lui brûler la gorge. Elle cessa de lutter.
    — A la bonne heure, dit-il en dégrafant ses chausses. Je croyais que les manières de cour te plairaient davantage que celles des marins, mais puisque je me suis trompé…
    Il releva ses jupons et la pénétra brutalement. Ann serra les dents en songeant que James Bonny allait payer chèrement son geste inconsidéré.
     
    L’après-midi, profitant de l’absence de son époux, elle se risqua dans la Balancine, la taverne où Rackham et ses hommes avaient l’habitude de se rendre pour dépenser leur butin au jeu.
    Elle trouva celui-ci en train de boire à la régalade dans le décolleté d’une des filles. Visage renversé en arrière, celle-ci offrait sa gorge au vin qu’il y faisait couler depuis le pichet.
    On riait fort et grassement autour de leur table. Ann s’immobilisa, agacée. Rackham empoigna la catin par la taille et l’assit sur la table, relevant ses cuisses et les écartant à pleines mains pour poser ses pieds sur la table.
    — Vingt dieux, diablesse ! s’exclama-t-il. Si je n’avais un reste d’éducation, c’est ici même que je te prendrais.
    Au lieu de cela, il enleva un second pichet et le vida dans son gosier, offrant un bruit de glotte à la femme qui s’esclaffait. Ann sentit son ventre se nouer. Elle s’apprêtait à sortir lorsque le regard de Rackham accrocha le sien. Il reposa le pichet et repoussa les cuisses de la catin, la laissant à un autre qui s’était penché sur ses lèvres pour l’embrasser.
    Ann recula jusqu’à la porte, le cœur battant la chamade, voyant Rackham abandonner ses compagnons, bien trop avinés pour s’en inquiéter. Elle s’immobilisa sur le seuil, partagée entre l’envie de fuir et celle de rester. Terrorisée par ce désir sauvage qui la tenaillait.
    Rackham fut devant elle. Autour d’eux, on allait et venait, indifférent à leur trouble.
    — Viens, ordonna-t-il.
    Il se glissa par une encoignure à droite de l’entrée. Ann l’y suivit. Ils aboutirent dans un petit réduit obscur où le tavernier entreposait ses réserves. Rackham l’attira à lui et l’embrassa passionnément. Ils s’aimèrent debout, dans l’urgence, sans qu’un seul mot soit prononcé.
     
    Huit jours plus tard, Rackham demandait sa grâce au roi et abandonnait la piraterie pour empêcher James Bonny de se venger. Ann l’avait rejoint sur La Revanche pour échapper à la colère de son époux. Face à la plage, dans la cabine de son capitaine, elle découvrait l’amour. Le vrai. Jurant qu’elle ne s’en lasserait jamais.
     
    *
     
    Baletti et Mary descendirent du canot à peine celui-ci eut-il touché la grève. Ils se trouvaient enfin devant New Providence.
    Face à eux, au-delà de la frange du littoral, les bâtisses de bois blanc s’alignaient de manière ordonnée. Mary s’était imaginé découvrir une réplique de la Tortue. Elle se trompait. S’il y avait, certes, autant de tavernes, de cabarets et d’auberges que chez elle, on sentait bien que l’influence anglaise y régnait. Les Français de la Tortue étaient bien plus désorganisés.
    — Allons, déclara Vane, j’ai soif de civilisation.
    Il était venu recruter un nouvel équipage. Leur sloop n’avait pas tenu longtemps la mer après que La Revanche les eut abandonnés. Une tempête de printemps l’avait malmené. Ils s’étaient échoués sur un îlot à hauteur de Great Guana Cay et y avaient vécu d’expédients quatre mois durant, s’enfonçant dans la jungle hostile de l’île principale pour récolter nourriture et eau potable. Leur mâture avait été abîmée, leurs voiles déchiquetées. Le sloop était un bâtiment nerveux, bien que de petite taille.
    Ils auraient pu s’en tirer sans avarie si une crique les avait abrités. Mais le vent était tombé d’un coup tandis que l’œil noir de

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