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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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presque tous les carrefours
importants.
    — En venant ici, nous sommes
passés devant quelques-unes, dit Osugi. Partout où elles sont placardées, des
passants bavardent. Ça m’a donné chaud au cœur, d’entendre ce qu’ils disent de
Musashi.
    — S’il ne répond pas au défi,
c’en est fait de lui comme samouraï. Le pays tout entier se gaussera de lui.
Cela devrait suffire amplement à votre vengeance, grand-mère.
    — Jamais de la vie. Qu’on se
moque de lui ne lui fera ni chaud ni froid. Il n’a pas d’amour-propre. Et ça ne
me satisfera pas non plus. Je veux le voir puni une bonne fois pour toutes.
    — Ha ! ha ! fit
Kojirō qu’amusait sa ténacité. Vous avez beau vieillir, vous ne renoncez
jamais, n’est-ce pas ? A propos, êtes-vous venue me voir pour me dire
quelque chose de spécial ?
    La vieille dame rectifia sa tenue
et expliqua qu’après plus de deux ans passés chez Hangawara, elle avait le
sentiment qu’elle devait repartir. C’était mal de sa part, de profiter
indéfiniment de l’hospitalité de Yajibei ; d’autre part, elle était lasse
de servir de mère à une maisonnée de canailles. Elle avait remarqué une jolie
petite maison à louer près du bac de Yoroi.
    — Qu’en pensez-vous ?
demanda-t-elle, le visage grave, interrogateur. Il ne semble pas que je doive
retrouver bientôt Musashi. Et quelque chose me dit que Matahachi se trouve
quelque part dans Edo. Je crois que je devrais me faire envoyer de l’argent de
chez moi, et rester encore un peu. Mais seule, ainsi que je l’ai dit.
    Kojirō n’avait aucune
objection à lui opposer. Ses propres rapports avec la maisonnée Hangawara,
amusants et utiles au début, devenaient un peu gênants. Ils ne constituaient
sûrement pas un atout pour un rōnin qui cherche un maître. Il avait déjà
résolu de mettre un terme aux séances d’entraînement.
    Il appela l’un des subordonnés de
Kakubei, et lui fit apporter une pastèque du jardin de derrière la maison.
Tandis qu’on la coupait et la servait ils bavardèrent, mais bientôt Kojirō
reconduisit sa visiteuse : ses manières indiquaient nettement qu’il
préférait se débarrasser d’elle avant la nuit.
    Après son départ, il fit lui-même
son ménage et arrosa le jardin avec l’eau du puits.
    Rentré dans sa chambre, il
s’étendit et se demanda vaguement si son hôte serait de service, ce soir-là, à
la maison Hosokawa. La lampe, que le vent eût sans doute éteinte de toute manière,
n’était pas allumée. La clarté de la lune, qui se levait de l’autre côté de la
haie, illuminait déjà le visage de Kojirō.
    Au pied de la colline, un jeune
samouraï franchissait la clôture du cimetière.
     
    Kakubei logeait le cheval qu’il
montait, pour aller et venir de la maison Hosokawa, chez un fleuriste, au bas
de la colline d’Isarago.
    Ce soir-là, fait assez curieux, il
n’y avait pas trace du fleuriste, qui se hâtait toujours de sortir pour prendre
l’animal en charge. Ne le voyant pas dans sa boutique, Kakubei passa derrière
et entreprit d’attacher son cheval à un arbre. Entre-temps, le fleuriste sortit
en courant de derrière le temple. Il prit les rênes des mains de Kakubei, et
haleta :
    — Pardon, monsieur. Il y
avait au cimetière un homme bizarre en train de monter la colline. Je lui ai crié
qu’il n’y avait pas de chemin par là. Il s’est tourné vers moi, m’a regardé fixement – en
colère, qu’il était –, et puis il a disparu.
    Il se tut quelques instants, leva
les yeux pour scruter les arbres sombres, et ajouta d’un air inquiet :
    — ... Croyez-vous que ça
puisse être un cambrioleur ? On raconte que beaucoup de maisons de daimyōs
ont été cambriolées ces temps-ci.
    Kakubei était au courant de ces
rumeurs, mais il répondit avec un petit rire :
    — Ce ne sont que des
commérages. Si l’homme que vous avez vu était un cambrioleur, je dirais
volontiers qu’il s’agissait d’un voleur de bas étage ou de l’un de ces rōnins
qui détroussent les passants.
    — Eh bien, nous sommes ici
juste à l’entrée du Tōkaidō, et beaucoup de voyageurs ont été
attaqués par des hommes qui fuyaient vers d’autres provinces. Ça me tracasse,
quand je vois rôder la nuit des hommes qui ont l’air suspect.
    — S’il arrive quoi que ce
soit, faites un saut en haut de la colline et frappez à ma porte. L’homme qui
habite chez moi ronge son frein et n’arrête pas de se plaindre qu’il ne

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