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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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question.
    — Ah ! mon Dieu ! s’écria-t-elle,
consternée. Voilà mon linge qui s’en va !
    — Je vous le rattrape.
    Jōtarō dévala la berge à
la poursuite du linge, qu’il repêcha au moyen de son sabre. Du moins a-t-il son
utilité dans une situation de ce genre, se dit-il. Akemi le remercia et lui
demanda ce qu’il voulait savoir.
    — Est-ce qu’il y a par ici
une maison de thé appelée le Yomogi ?
    — Comment ça ? Mais oui,
c’est ma maison, en plein devant ton nez.
    — Quelle chance ! Voilà
un temps fou que je la cherche.
    — Pourquoi ? D’où
viens-tu ?
    — De par là, répondit-il avec
un geste vague.
    — C’est-à-dire, au juste ?
    Il hésita.
    — Je n’en suis pas bien sûr.
    Akemi pouffa.
    — Peu importe. Mais pourquoi
t’intéresses-tu à notre maison de thé ?
    — Je cherche un homme appelé
Hon’iden Matahachi. A l’Ecole Yoshioka, on m’a dit que si j’allais au Yomogi,
je le trouverais.
    — Il n’est pas là.
    — Vous mentez !
    — Pas du tout ; c’est la
vérité. Il habitait chez nous mais il est parti depuis quelque temps.
    — Pour où ?
    — Je n’en sais rien.
    — Mais, chez vous, quelqu’un
doit bien le savoir !
    — Non. Ma mère ne le sait pas
non plus. Il s’est enfui, voilà tout.
    — Oh ! ça n’est pas
possible !
    L’enfant s’accroupit, ses yeux
soucieux fixés sur la rivière.
    — ... Et maintenant, qu’est-ce
que je dois faire ? soupira-t-il.
    — Qui t’a envoyé ici ?
    — Mon maître.
    — Qui est ton maître ?
    — Il s’appelle Miyamoto
Musashi.
    — Es-tu chargé d’une lettre ?
    — Non, dit Jōtarō
en secouant la tête.
    — En voilà un messager !
Tu ne sais d’où tu viens, et tu n’apportes pas de lettre.
    — J’ai un message à
transmettre.
    — Lequel ? Il se peut qu’il
ne revienne jamais ; mais s’il revient je le lui transmettrai.
    — Je ne crois pas que je
doive faire ça. Et vous ?
    — Ne me le demande pas. A toi
de décider.
    — Alors, peut-être que je le
devrais. Il a dit qu’il désirait beaucoup voir Matahachi. Il m’a dit d’informer
Matahachi qu’il l’attendrait sur le grand pont de l’avenue Gojō chaque
matin durant les sept premiers jours de la nouvelle année. Matahachi devrait l’y
attendre un de ces jours-là.
    Akemi éclata d’un rire
inextinguible.
    — Jamais je n’ai entendu une
histoire pareille ! Tu veux dire qu’il envoie aujourd’hui un message
pour dire à Matahachi de le rencontrer l’an prochain ! Ton maître doit
être aussi bizarre que toi ! Ha ! ha ! ha !
    La face de Jōtarō se
rembrunit, et la colère lui contracta les épaules.
    — Qu’est-ce qu’il y a de si
drôle ?
    Akemi finit par se dominer.
    — Allons, te voilà fâché, n’est-ce
pas ?
    — Bien sûr que oui. Je vous
demande poliment de me rendre un service, et vous vous mettez à rire comme une
folle.
    — Je regrette ; je
regrette vraiment. Je ne rirai plus. Et si Matahachi revient, je lui fais ta
commission.
    — Promis ?
    — Juré.
    Se mordant les lèvres pour ne pas
sourire, Akemi demanda :
    — ... Comment s’appelle-t-il,
déjà ? L’homme qui t’a envoyé faire la commission.
    — Vous n’avez pas beaucoup de
mémoire, hein ? Il s’appelle Miyamoto Musashi.
    — Comment écris-tu Musashi ?
    Ayant ramassé une baguette de
bambou, Jōtarō griffonna les deux caractères dans le sable.
    — ... Comment ? Mais ce
sont les caractères de Takezō ! s’exclama Akemi.
    — Il ne s’appelle pas Takezō.
Il s’appelle Musashi.
    — Oui, mais cela peut également
se lire Takezō.
    — Quelle entêtée ! cria Jōtarō
en jetant le bâton de bambou dans la rivière.
    Akemi, perdue dans ses pensées,
regardait fixement les caractères tracés sur le sable. Enfin, elle leva les
yeux sur Jōtarō, le réexamina de la tête aux pieds, et lui demanda d’une
voix douce :
    — Je me demande si Musashi
est de la région de Yoshino dans le Mimasaka.
    — Oui. Je suis du Harima ;
il est du village de Miyamoto dans la province voisine de Mimasaka.
    — Il est grand, viril ?
Il ne se rase pas le sommet de la tête ?
    — C’est bien ça. Comment le  saviez-vous ?
    — Je me souviens qu’il m’a
dit un jour que dans son enfance il avait eu un anthrax au sommet de la tête. S’il
se rasait à la mode des samouraïs, on verrait une vilaine cicatrice.
    — Il vous a dit ça ? Quand ?
    — Oh ! voilà cinq

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