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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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lever :
    — Pourquoi n’as-tu pas encore
rendu ce masque ? Qu’as-tu à faire d’un objet pareil ?
    — Mais elle a dit que je
pouvais le garder ! Elle me l’a donné.
    — C’est faux ! Descends
immédiatement le lui rendre.
    — Mais elle me l’a donné !
Quand j’ai proposé de le rendre, elle a dit que si j’y tenais tant que ça je
pouvais le garder. Elle voulait seulement être sûre que j’en prendrais bien
soin ; je le lui ai promis.
    — Qu’est-ce que je vais faire
de toi !
    Musashi avait honte d’accepter le
très beau kimono, ainsi que ce masque, que la veuve paraissait chérir. Il eût
aimé faire quelque chose en retour ; mais il était évident qu’elle n’avait
pas besoin d’argent – sûrement pas de la petite somme qu’il aurait pu
lui offrir –, et aucune de ses maigres possessions n’eût fait un cadeau
convenable. Il descendit les marches, la pria d’excuser la grossièreté de Jōtarō,
et tenta de lui restituer le masque.
    Mais la veuve lui répondit :
    — Non, en y réfléchissant
bien, je crois que je serais plus heureuse sans. Et Jōtarō le désire
si fort... Ne soyez pas trop dur avec lui.
    Soupçonnant que le masque avait
pour elle une signification particulière, Musashi essaya une fois de plus de le
lui rendre ; mais entre-temps Jōtarō avait mis ses sandales de
paille et attendait au-dehors, à côté du portail, l’air satisfait. Musashi,
pressé de partir, céda à la bonté de son hôtesse et accepta son cadeau. La
jeune veuve déclara qu’elle regrettait plus de voir partir Musashi que de
perdre le masque, et le supplia à plusieurs reprises de revenir séjourner chez
elle chaque fois qu’il se trouverait à Nara.
    Musashi attachait les lanières de
ses sandales quand la femme du fabricant de boulettes accourut.
    — Oh ! fit-elle hors d’haleine,
je suis si contente que vous ne soyez pas encore parti ! Vous ne pouvez
partir maintenant. Remontez, je vous en prie. Il se passe une chose affreuse !
    La voix de la femme tremblait
comme si elle avait cru qu’un ogre effroyable allait se jeter sur elle.
    Musashi finit d’attacher ses
sandales, et leva tranquillement la tête.
    — Qu’est-ce qui se passe de
si terrible ?
    — Les prêtres du Hōzōin
ont appris que vous partiez aujourd’hui, et plus de dix d’entre eux ont pris
leur lance ; ils vous guettent dans la plaine de Hannya.
    — Vraiment ?
    — Oui, et l’abbé, Inshun, est
avec eux. Mon mari connaît l’un des prêtres, et lui a demandé ce qui se
passait. Celui-ci a dit que l’homme qui séjourne ici depuis quarante-huit
heures, l’homme appelé Miyamoto, quittait Nara aujourd’hui, et que les prêtres
allaient l’attaquer sur la route.
    La face convulsée de frayeur, elle
assura à Musashi que ce serait un suicide que de quitter Nara ce matin-là, et
le pressa instamment de se cacher la nuit suivante. Il serait plus sûr, d’après
elle, d’essayer de partir à la dérobée le lendemain.
    — Je vois, fit Musashi sans s’émouvoir.
Vous dites qu’ils se proposent de me rencontrer dans la plaine de Hannya ?
    — Je ne sais pas au juste à
quel endroit, mais ils sont partis dans cette direction. Des gens de la ville m’ont
dit que ce n’étaient pas seulement les prêtres ; ils ont déclaré que toute
une bande de rōnins  se sont aussi rassemblés ; ils prétendaient s’emparer
de vous et vous remettre au Hōzōin. Avez-vous dit du mal du temple ?
Les avez-vous insultés d’une façon quelconque ?
    — Non.
    — Eh bien, on dit que les
prêtres sont furieux parce que vous avez payé quelqu’un pour placarder dans
toute la ville des affiches représentant un homme décapité. Ils en concluaient
que vous vous réjouissiez méchamment d’avoir tué l’un des leurs.
    — Je n’ai rien fait de tel.
Il y a erreur.
    — Eh bien, si c’est une
erreur, vous ne devriez pas aller vous faire tuer pour elle !
    Le front emperlé de sueur, Musashi
regardait pensivement le ciel ; il se rappelait la colère des trois rōnins
quand il avait refusé leur marché. Peut-être leur devait-il tout cela. Voilà
qui leur ressemblait fort, de coller des affiches offensantes, et puis de
répandre le bruit qu’il en était l’auteur.
    Brusquement, il se leva.
    — Je pars, dit-il.
    Il attacha à son dos son sac de
voyage, prit à la main son chapeau de vannerie, et, se tournant vers les deux
femmes, les remercia de leur bonté. Comme il s’avançait vers

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