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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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célèbres. Il a passé un temps énorme à étudier !
    — C’est peut-être pour cela
qu’il est différent des autres.
    Otsū poursuivit son histoire :
    — Il a été fait prêtre
résidant au Nansōji, et nommé abbé du Daitokuji par édit impérial. Je n’ai
jamais su pourquoi – et jamais il ne parle de son passé –, mais
pour une raison quelconque il s’est enfui au bout de trois jours seulement.
    Ogin hocha la tête.
    Otsū reprit :
    — L’on dit que des généraux
fameux comme Hosokawa, et des nobles illustres comme Karasumaru, ont essayé à
maintes reprises de le convaincre de se fixer. Ils ont même offert de lui
construire un temple et de lui donner les moyens de l’entretenir, mais ça ne l’intéresse
pas le moins du monde. Il dit qu’il aime mieux errer dans la campagne à la
façon d’un mendiant, avec pour amis ses seuls poux. Je le crois un peu dérangé.
    — Peut-être que de son point
de vue, c’est nous qui sommes étranges.
    — C’est exactement ce qu’il
affirme.
    — Combien de temps va-t-il
rester ici ?
    — Comment savoir ? Il
arrive un jour, et disparaît le lendemain.
    Debout près de la véranda, Takuan
cria :
    — J’entends tout ce que tu
dis !
    — Eh bien, nous ne disons
rien de mal, répondit gaiement Otsū.
    — Ça m’est égal que tu dises
du mal de moi si cela t’amuse, mais tu pourrais au moins me donner des gâteaux
pour accompagner mon thé.
    — Vous voyez, commenta Otsū.
Il est tout le temps comme ça.
    — Qu’entends-tu par : je
suis « comme ça » ?
    L’œil de Takuan pétillait.
    — ... Et toi, donc ? Tu
es assise là, avec l’air d’une personne qui ne ferait pas de mal à une mouche,
et tu agis avec beaucoup plus de cruauté, de manque de cœur, que je ne le
ferais jamais.
    — Ah ! vraiment ?
Et en quoi suis-je cruelle et sans cœur ?
    — En me laissant ici, dehors,
tout seul, sans autre chose que du thé, alors que tu fais salon en pleurnichant
sur ton amoureux perdu... voilà en quoi !
     
    Les cloches sonnaient au Daishōji
et au Shippōji. Elles avaient commencé de façon régulière depuis l’aube,
et continuaient de sonner par intermittence, bien que midi fût depuis longtemps
passé. Dans la matinée, une procession continue affluait aux temples :
jeunes filles en obi rouge, épouses de commerçants portant des tons plus
discrets, et, çà et là, une vieille femme en kimono foncé, conduisant ses
petits-enfants par la main. Au Shippōji, la petite salle principale était
pleine de fidèles, mais les jeunes hommes qui se trouvaient parmi eux
semblaient plus désireux d’apercevoir Otsū que de prendre part à la
cérémonie religieuse.
    — Elle est bien là, chuchota
l’un d’eux.
    — Plus jolie que jamais,
ajouta un autre.
    A l’intérieur de la salle se
dressait un temple en miniature. Son toit était couvert de feuilles de tilleul,
et ses colonnes entrelacées de fleurs des champs. A l’intérieur de ce « temple
de fleurs », comme on l’appelait, se trouvait une statue noire, haute d’une
soixantaine de centimètres, du Bouddha, désignant d’une main le ciel et de l’autre
la terre. L’effigie reposait dans un bassin d’argile peu profond, et les
fidèles, en passant, lui versaient du thé sucré sur la tête avec une cuillère
en bambou. Takuan se tenait auprès avec une provision supplémentaire du baume sacré
dont il emplissait des tubes de bambou que les fidèles emportaient chez eux en
guise de porte-bonheur. Tout en versant, il sollicitait les offrandes :
    — Ce temple est pauvre ;
aussi, donnez le plus possible. Vous surtout, les riches... je sais qui vous
êtes ; c’est vous qui portez ces belles soieries et ces obis brodées. Vous
avez beaucoup d’argent. Vous devez avoir aussi beaucoup d’ennuis. Si vous nous
versez un quintal d’argent pour votre thé, vos soucis pèseront un quintal de
moins.
    De l’autre côté du temple de
fleurs, Otsū était assise à une table laquée de noir. Son visage
rayonnait, rose pâle comme les fleurs qui l’entouraient. Portant son obi neuve,
elle inscrivait des formules magiques sur des feuilles de papier de cinq couleurs ;
elle maniait le pinceau avec adresse, et le trempait de temps à autre dans un
encrier laqué d’or, à sa droite. Elle écrivait :
     
    Vif
et zélé,
    En
ce meilleur des jours,
    Le
huitième du quatrième mois,
    Donne
du jugement à ces
    Insectes
qui dévorent les récoltes.
     
    Depuis des

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