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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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que Takezō est bien mort. Jour et nuit. Si
tu ne les surveilles pas tout particulièrement la nuit, impossible de deviner
ce que Takuan risque de faire. Ils sont peut-être de mèche !
    — Alors, vous acceptez que je
reste ici ?
    — Pour le moment, oui,
puisque tu ne saurais être dans deux endroits à la fois, hein ? Tu
viendras avec tes affaires à la maison Hon’iden le jour où la tête de Takezō
sera séparée de son corps. Tu as compris ?
    — Oui, j’ai compris.
    — N’oublie pas ! aboya
Osugi en s’élançant hors de la pièce.
    Là-dessus, comme si elle avait
guetté l’occasion, une ombre se profila sur le papier qui tendait la fenêtre,
et une voix masculine appela doucement :
    — Otsū ! Otsū !
    Dans l’espoir qu’il s’agissait de
Takuan, elle ne s’attarda guère à examiner la forme de l’ombre avant de se
précipiter pour ouvrir la fenêtre. Elle recula d’un bond, surprise : les
yeux qui rencontrèrent les siens étaient ceux du capitaine. Il tendit le bras
par la fenêtre, lui saisit la main et la serra fortement.
    — ... Tu as été bonne pour
moi, dit-il, mais je viens de recevoir l’ordre de retourner à Himeji.
    — Quel dommage !
    Elle essaya de retirer sa main de
la sienne, mais il serrait trop fort.
    — Il semble que l’on fasse
une enquête sur l’incident qui s’est produit ici, expliqua-t-il. Si seulement j’avais
la tête de Takezō, je pourrais dire que je me suis acquitté de mon devoir
avec honneur. Je serais vengé. Ce fou, cette tête de mule de Takuan me la
refuse. Il ne veut pas m’écouter. Mais je te crois dans mon camp ; voilà
pourquoi je suis venu. Prends cette lettre, veux-tu, et lis-la plus tard, quand
personne ne pourra te voir.
    Il lui fourra le papier dans la
main, et fila comme un dard. Elle l’entendait descendre en courant l’escalier
jusqu’à la route.
    C’était plus qu’une lettre, car
une grosse pièce d’or s’y trouvait incluse. Mais le message lui-même était
suffisamment direct : il demandait à Otsū de couper la tête de Takezō
dans les tout prochains jours et de la porter à Himeji où le signataire de la
missive ferait d’elle son épouse, et où elle passerait le restant de ses jours
dans la richesse et les honneurs. La lettre était signée « Aoki Tanzaemon »,
nom qui, d’après le propre témoignage du scripteur, appartenait à l’un des plus
célèbres guerriers de la région. Otsū avait envie d’éclater de rire, mais
son indignation l’en empêcha.
    Comme elle achevait sa lecture,
Takuan l’appela :
    — Otsū, n’as-tu pas
encore dîné ?
    Elle glissa ses pieds dans ses
sandales, et sortit lui parler.
    — Je n’ai pas faim. J’ai mal
à la tête.
    — Qu’est-ce que tu as dans la
main ?
    — Une lettre.
    — Encore ?
    — Oui.
    — De qui ?
    — Takuan, que tu es donc
indiscret !
    — Curieux, ma fille,
inquisiteur. Pas indiscret !
    — As-tu envie d’y jeter un
coup d’œil ?
    — Si cela ne t’ennuie pas.
    — Uniquement pour passer le
temps ?
    — C’est une raison comme une
autre.
    — Tiens. Ça m’est
complètement égal.
    Otsū lui tendit la lettre. L’ayant
lue, Takuan rit de bon cœur. Otsū ne put s’empêcher de sourire, elle
aussi.
    — Le pauvre homme ! Il
est si désespéré qu’il essaie de te corrompre à la fois par l’amour et par l’argent.
Cette lettre est vraiment désopilante ! Je dois dire : notre monde a
bien de la chance d’avoir des samouraïs aussi éminents, aussi fiers ! Il
est si brave qu’il demande à une simple jeune fille de couper des têtes à sa
place. Et assez stupide pour l’écrire.
    — Je me moque de la lettre,
dit Otsū, mais que vais-je faire de l’argent ?
    Elle tendit la pièce d’or à
Takuan.
    — Elle a beaucoup de valeur,
dit-il en la soupesant.
    — C’est là ce qui m’inquiète.
    — Ne te tracasse pas. Je sais
toujours quoi faire de l’argent.
    Takuan alla devant le temple où il
y avait un tronc. Dans l’intention d’y jeter la pièce, il s’en toucha le front
par déférence envers le Bouddha. Puis il changea d’idée :
    — ... A la réflexion,
garde-la. J’ose dire qu’elle ne sera pas de trop.
    — Je n’en veux pas. Elle ne
réussira qu’à me créer des ennuis. Plus tard, on risque de me poser des
questions à son propos. J’aime mieux faire comme si je ne l’avais jamais vue.
    — Cet or, Otsū, n’appartient
plus à Aoki Tanzaemon. Il est devenu

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