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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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sûr.
Chantez-nous la suite.
     
    Même
dans la nuit la plus sombre
    Je
ne perds pas mon chemin.
    Mais,
oh ! combien tu me fascines !
     
    — Après tout, elle a vingt et
un ans, remarqua Tōji.
    Seijūrō, jusqu’alors
assis en silence, le front dans la main, revint à lui pour dire :
    — Akemi, buvons ensemble une
coupe de saké.
    Il lui tendit la coupe, et l’emplit
de saké pris sur le réchaud. Elle but sans sourciller, et lui rendit vivement
la coupe pour qu’il y bût à son tour.
    Un peu surpris, Seijūrō  dit :
    — Tu sais boire, hein ?
    Ayant bu sa part, il lui en offrit
une autre, qu’elle accepta et but allègrement. Insatisfaite, à ce qu’il
semblait, de la dimension de la coupe, elle en sortit une plus grande, et,
durant la demi-heure qui suivit, but autant que lui.
    Seijūrō  s’émerveillait.
Voilà une fille qui paraissait avoir seize ans, avec des lèvres que nul n’avait
jamais baisées, et un œil affolé de timidité ; pourtant, elle
engloutissait son saké tout comme un homme. Dans ce corps minuscule, où cela
allait-il ?
    — Vous feriez bien de
renoncer, maintenant, dit Okō à Seijūrō. Je ne sais pourquoi,
cette enfant est capable de boire toute la nuit sans s’enivrer. Le mieux, c’est
de la laisser jouer du shamisen.
    — Mais c’est drôle ! dit
Seijūrō  qui maintenant s’amusait bien.
    Sentant quelque chose de bizarre
dans sa voix, Tōji lui demanda :
    — Tout va bien ? Vous
êtes sûr de n’en avoir pas trop pris ?
    — Quelle importance ?
Dis, Tōji, il se peut que je ne rentre pas, cette nuit !
    — Très bien, répondit Tōji.
Vous pouvez rester autant de nuits que vous le souhaitez... n’est-ce pas, Akemi ?
    Tōji cligna de l’œil à Okō
puis la mena dans une autre pièce où il se mit à chuchoter rapidement. Il dit à
Okō que le Jeune Maître était de si bonne humeur qu’il voudrait sûrement
passer la nuit avec Akemi, et que cela ferait des histoires si Akemi refusait ;
mais que, bien entendu, le cœur d’une mère passait avant tout dans des cas tels
que celui-ci...en d’autres termes, c’était combien ?
    — ... Alors ? demanda Tōji
sans détours.
    Okō porta le doigt à sa joue
poudrée à frimas, et réfléchit.
    — Décidez-vous ! insista
Tōji.
    Se rapprochant d’elle, il ajouta :
    — ... Ce n’est pas un mauvais
parti, vous savez. C’est un maître célèbre qui enseigne les arts martiaux, et
sa famille roule sur l’or. Son père avait plus de disciples que n’importe qui d’autre
dans le pays. Plus : il n’est pas encore marié. De quelque manière qu’on l’envisage,
il s’agit d’une offre intéressante.
    — Je le crois aussi, mais...
    — Mais rien. Marché conclu !
Nous passons tous deux la nuit.
    La chambre n’était pas éclairée,
et Tōji posa négligemment la main sur l’épaule d’Okō. A cet instant
précis, un bruit violent se fit entendre dans la pièce voisine, vers l’intérieur
de la maison.
    — Qu’est-ce que c’était ?
demanda Tōji. Tu as d’autres clients ?
    Okō fit signe que oui, en
silence, puis approcha ses lèvres humides de l’oreille de Tōji, et
chuchota :
    — Plus tard.
    En tâchant d’avoir l’air naturel,
tous deux retournèrent dans la pièce où était Seijūrō, qu’ils
trouvèrent seul et en plein sommeil.
    Tōji prit la chambre
contiguë, et s’étendit sur la couche. Là, tambourinant des doigts sur le
tatami, il attendit Okō. Elle ne venait pas. Finalement, ses paupières s’alourdirent,
et il s’endormit. Il se réveilla fort tard, le lendemain matin ; son visage
exprimait le ressentiment.
    Seijūrō, déjà levé, s’était
remis à boire dans la salle qui donnait sur la rivière. Okō et Akemi
avaient l’air en pleine forme et de bonne humeur, comme si elles avaient oublié
la soirée précédente. Elles cajolaient Seijūrō pour tirer de lui une
promesse quelconque.
    — Alors, vous nous emmenez ?
    — Bon, allons-y. Préparez des
déjeuners portatifs, et apportez du saké.
    Ils parlaient de l’Okuni Kabuki,
exécuté au bord de la rivière, avenue Shijō. Il s’agissait d’un nouveau
type de danse avec paroles et musique, la nouvelle coqueluche de la capitale.
Elle avait été inventée par une religieuse appelé Okuni, au sanctuaire d’Izumo,
et sa popularité avait déjà inspiré nombre d’imitations. Dans la zone animée
qui longeait la rivière, on trouvait des rangées de scènes où des troupes
féminines

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