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La Poussière Des Corons

La Poussière Des Corons

Titel: La Poussière Des Corons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Paul Armand
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pourtant, fut moins triste. Je n’étais plus seule,
mes enfants étaient près de moi. Pour la première fois de la journée, en leur
présence je mangeai un peu.
    Catherine et Robert vinrent nous dire bonsoir. Sans raison, l’air
placide de Robert me rassura. Lui ne semblait pas inquiet.
    — Allons, me dit-il, il s’en sortira. Je le
connais, je travaille avec lui depuis assez longtemps ! Crois-moi, Madeleine,
c’est un dur, et il ne se laissera pas abattre !
    Je me sentais réconfortée, j’éprouvais, envers eux tous, une
gratitude qui me faisait chaud au cœur. Jean et Marcelle voulurent occuper la
chambre de Jean. Moi, de toute façon, je resterai dans le fauteuil, au chevet
de Charles, près de lui, attentive à sa lutte pour respirer, pour survivre. Je
voulais être là, afin qu’il me vît près de lui dès qu’il retrouverait sa
lucidité. C’était mon amour, il était en danger, et je ne voulais pas le
quitter un seul instant.
     
    Je lui ai posé un cataplasme, je lui ai fait prendre ses
médicaments. Puis, torturée par ses quintes de toux, j’ai pris place dans le
fauteuil, et ne lâchai pas sa main. Ainsi, j’avais l’impression que je le
retenais près de moi. Il a fini par s’endormir, d’un sommeil moins agité. Je le
regardais intensément, détaillant chaque trait de son visage, dont les rides et
les cheveux blancs me racontaient le chemin que nous avions parcouru ensemble. Je
revoyais le garçon de mon enfance, qui déjà m’aimait et me défendait avec
ardeur, puis l’adolescent trop tôt mûri par le travail de la mine, puis le
jeune homme qui, amoureux de moi, m’avait acceptée avec l’enfant d’un autre. Je
revivais chaque instant de notre vie, et partout, toujours, son amour était
présent. Alors, moi qui ne priais jamais, je suppliai Dieu de me laisser mon
Charles, de ne pas permettre que, brutalement, tout cet amour me fût enlevé.
    J’ai dû sommeiller quelques instants, vaincue par la tension
nerveuse et la fatigue. Un murmure m’a réveillée :
    — Madeleine…
    D’un seul coup, j’ai ouvert les yeux. Charles, le visage
tourné vers moi, me regardait. Et cette fois-ci il me voyait !
    J’ai sauté sur mes pieds, je me suis penchée sur lui :
    — Charles, oh Charles ! Tu vas mieux ? Comme
je suis heureuse !
    Son regard était las, lourd de toute la souffrance supportée.
Il demanda, dans un souffle :
    — Madeleine… J’ai été très malade, n’est-ce pas ?
    — Oui, mais, Dieu merci, tu vas mieux ! C’est
merveilleux ! Oh, Charles…
    Mes lèvres tremblaient, et des larmes de soulagement
coulaient sur mon visage. J’ai tâté son front, il n’était plus brûlant ; la
fièvre était partie. Je l’embrassai tendrement. Je vis qu’il avait fermé les
yeux, de nouveau, et qu’il semblait dormir. Sans faire de bruit, j’ai repris ma
place dans le fauteuil. Je sentais une immense joie gonfler mon cœur : Charles
allait mieux, Charles allait guérir.
    Il dormit paisiblement jusqu’à l’aube. Ce fut une quinte de
toux qui le réveilla. Penché en avant, les deux mains comprimant sa poitrine, il
toussait violemment, sans pouvoir s’arrêter. Une fois de plus, j’eus mal pour
lui. Je lui mis de nouveau un cataplasme, lui fit prendre ses médicaments, boire
du sirop. Sa respiration était haletante, et, bien qu’il ne dît rien, je voyais
qu’elle lui causait une véritable douleur.
    On frappa à la porte. Jean et Marcelle entrèrent. Dès qu’il
vit Charles, Jean s’écria :
    — Papa ! Tu vas mieux ?
    Charles les regarda. Sur son visage fatigué passa un sourire,
et dans ses yeux brilla fugitivement une étincelle :
    — Que croyais-tu donc ? Espérais-tu déjà
être débarrassé de moi ?
    Jean, à son tour, sourit franchement :
    — Puisque tu plaisantes, c’est que tu vas mieux, en
effet ! Je suis bien content, papa !
    — Et moi aussi, dit Marcelle. Comme j’ai eu peur !
    Moi, je ne disais rien. Je regardais mon Charles revenir à
la vie, et je renaissais en même temps que lui. J’éprouvais un bonheur
tremblant, je n’osais pas me réjouir trop vite. J’avais eu, moi aussi, tellement
peur !
    A midi, Charles but un peu de bouillon, puis dormit d’un
sommeil paisible et profond. Il n’avait plus de fièvre, mais il toussait encore
et semblait très affaibli.
    Quand il se réveilla, il se sentait beaucoup mieux. Il
insista pour se lever et se mettre dans le fauteuil, disant qu’il en avait
assez

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