La Prophétie des papes
nous.
â Comment savez-vous tout cela ?
â Câest mon travail. Le Vatican â ou plutôt, un très petit nombre de gens au Vatican â connaît lâexistence des lémures depuis des siècles. LâÃglise a fait discrètement tout ce quâelle pouvait pour sâopposer à eux, pour vaincre le mal quâils incarnent. Il y a eu des réussites, mais aussi beaucoup dâéchecs. Ce sont des adversaires redoutables. Je suis un pisteur, malheureusement plus souvent enquêteur que prêtre. Je cherche les signes de leur présence, je suis leurs traces qui sont parfois aussi évanescentes que des rumeurs. Je voyage, je lis, je surveille Internet, les rapports des services de renseignements et même, comme vous, les revues médicales. »
Elisabetta parut choquée.
« Je dois avouer que jâai regardé votre boîte mail.
â Vous êtes allé dans mon bureau ?
â Je suis désolé. à notre époque, vous devriez vous déconnecter de votre messagerie lorsque vous quittez le bureau.
â Est-ce vous aussi qui avez appelé le journal avec mon téléphone de bureau ?
â Non ! Quelquâun lâa fait, mais ce nâétait pas moi.
â Je croyais que câétait vous.
â Pourquoi ?
â Vous me rendiez nerveuse. »
Tremblay rit.
« Je produis cet effet-là sur les gens.
â Qui sont ces êtres ? Que veulent-ils ?
â Cela équivaut à demander pourquoi le mal existe sur Terre. Je ne suis pas le plus grand théologien du monde, ma sÅur. Mes compétences relèvent plus de lâorganisation et de lâadministration. Je me contente de reconnaître simplement que le mal existe sous de nombreuses formes et le rôle dâun Dieu compatissant consiste à nous donner la force de le combattre et dâen tirer des leçons. Les lémures sont amoraux. Ils se délectent de la recherche du pouvoir, de la richesse, de la domination. Tels sont leurs dieux. Et nous, lâÃglise, nous sommes leur grand ennemi. Pourquoi est-ce ainsi, je ne sais pas â mais câest un fait certain. Cette situation perdure depuis des siècles, peut-être des millénaires, depuis les tout premiers pas de lâÃglise. Jâaime à penser que nous représentons le bien dans le monde et quâils représentent le mal. Que nous représentons la lumière et eux, les ténèbres. Des forces naturellement antagonistes.
â Lâun des corps de Saint-Calixte tenait un pendentif chi-rhô dans sa main », dit Elisabetta.
Tremblay leva un sourcil et son visage parut encore plus allongé.
« Vraiment ? LâÃglise était jeune à cette époque. Toute jeune. La lutte est donc très ancienne. Ils ont pour objectif de nous tuer, de nuire à nos intérêts, de monter les autres contre nous. à toutes les époques, à tous les moments de lâhistoire où sévissait lâanticatholicisme, il semblerait que nous pouvons soupçonner la main invisible de lémures.
â Et en ce qui concerne leur queue ?
â Ah, la queue. Câest un phénotype.
â Pardon ?
â Un terme scientifique. Depuis longtemps, le Vatican pense que les queues sont une incarnation physique du mal. Le champ moderne de la génétique nous apprend que le génotype contrôle le phénotype.
â Seriez-vous en train de dire quâils sont porteurs des gènes du mal ?
â Ce que je dis, câest que ce sont des psychopathes au plus haut point, un sous-groupe dâhumains presque extraterrestres, totalement dépourvus de toute capacité à ressentir de la culpabilité ou du remords. Ils éprouvent très peu dâémotions. Ils ont des comportements antisociaux, impliquant souvent la violence. Ils comprennent la différence entre le bien et le mal, simplement, ils ne se comportent pas comme si ça nâétait pas le cas. Il y a un domaine des neurosciences en pleine évolution qui travaille sur le lien entre des anomalies génétiques particulières des neurotransmetteurs du cerveau comme la sérotonine et la dopamine et les comportements antisociaux ou psychopathologiques. Mais le phénotype le plus visible de la constitution génétique des lémures est indéniablement leur queue. La queue, anormale, est
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