La Prophétie des papes
associée depuis toujours au mal. Nul besoin de regarder plus loin que les représentations du malin depuis les temps anciens.
â Si ce que vous me dites est vrai, comment ont-ils pu se cacher de nous si longtemps ?
â Parce quâils font extrêmement attention et probablement, parce quâils ne sont pas très nombreux. Ils sâassocient avec leurs pairs. Ils sâaccouplent et se marient entre eux. Sâils doivent entrer dans lâarmée ou se trouver en situation dâêtre vus par dâautres, nous pensons quâils sont envoyés auprès dâun de leurs chirurgiens pour se faire amputer de leur queue. Sâils tombent malades, ils vont voir un de leurs médecins. Sâils meurent, ils sâadressent à un funérarium leur appartenant. Le fait de mourir en pleine rue sans quâaucun de leurs pairs ne puisse accéder à leur corps, comme câest arrivé à Bruno Ottinger, est très rare. Et se faire tuer, comme Aldo Vani lâa été par votre frère, câest encore plus rare.
â Et ces tatouages ?
â On ne les a jamais déchiffrés. Jâai personnellement fouillé le Vatican pour voir si un de mes prédécesseurs avait la moindre théorie sur le sujet, mais il nây a rien. Jâespérais que vous aviez peut-être trouvé quelque chose.
â Non, je nâai pas de réponse.
â Mais vous avez des idées. Ce message que vous avez trouvé sur lâenveloppe en Allemagne, câest un document contemporain. Nous nâavons jamais trouvé trace de ce genre de communication intime entre eux.
â Vous êtes au courant ?
â Le professeur De Stefano mâa montré une copie du mot. Et je nâai pas pu mâempêcher de remarquer la monade que vous aviez dessinée sur votre tableau blanc.
â La monade ?
â Vous ne lâaviez pas identifiée ? »
Elisabetta sentit son cÅur palpiter.
« Non, de quoi sâagit-il ? »
Tremblay prit son dossier en cuir, lâouvrit et sortit une feuille. « Regardez ça. »
Elisabetta frissonna.
« Le symbole », dit-elle doucement.
Tremblay hocha la tête.
« Il provient dâun frontispice dâun livre publié à Londres en 1564 par John Dee. Câétait un alchimiste, mathématicien, philosophe et lâastrologue de la cour dâÃlisabeth I re . Nous pensons quâil était aussi un lémure. Le livre, intitulé Monas Hieroglyphica , âLa Monade hiéroglyphiqueâ, était un texte exhaustif prétendant expliquer ce glyphe, ce symbole inventé par lui qui, soi-disant, représentait lâunité mystique de toute création, une entité singulière à partir de laquelle dérive toute chose matérielle présente sur Terre. Le glyphe est construit par la combinaison de quatre symboles : les signes astrologiques de la Lune, du Soleil, de la Croix et du symbole zodiacal du Bélier, lâun des cinq signes de feu. Ce texte est terriblement alambiqué et technique, mais en gros, dâaprès Dee, le Soleil et la Lune de la monade désirent que les éléments soient séparés par lâapplication du feu. »
En voyant lâexpression de confusion qui se lisait sur le visage dâElisabetta, Tremblay sâempressa dâajouter :
« Ne vous souciez pas de le comprendre. Je ne suis pas certain quâaucun érudit contemporain ne parvienne à appréhender ce texte. Il y aurait, semble-t-il, une tradition orale secrète qui expliquerait correctement la monade, mais elle a été perdue avec le temps. Ce qui est important pour nous, câest de savoir que la monade a été adoptée par les lémures comme symbole, une manière rapide et simple pour eux de sâidentifier, un code, si vous voulez, pour se reconnaître entre eux.
â Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? Et quâest-ce qui vous fait penser que Dee en faisait partie ?
â Câest un ensemble de quatre cent cinquante ans dâindices laissés au Vatican par mes prédécesseurs. Des miettes de pain. Ces hommes ont fait le plus gros du travail. Jâai ajouté quelques documents ici et là à la mixture, mais nous savons quâà la fin du XVI e siècle les lémures commencèrent à adopter la
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