La Prophétie des papes
avaient survécu à lâincendie et nâavaient pas eu lâintelligence de fuir. Il restait peu de lieux publics pour célébrer leur mise à mort, alors Néron invita les réfugiés de Rome dans les jardins de la seule de ses propriétés qui nâavait pas été touchée, de lâautre côté du Tibre.
Là , dans son stade personnel, tandis que les Romains en colère se régalaient dâun festin de pain frais, Néron fit une entrée majestueuse, vêtu en conducteur de char sur un quadrige dâor. Au son des trompettes, lâapôtre Pierre fut traîné jusquâà la piste. Il avait été arrêté avec le prêtre Cornelius et plusieurs disciples dans une maison chrétienne près de la colline du Pincio. Lorsque les soldats étaient arrivés, Pierre leur avait souri comme sâil accueillait de vieux amis.
Pierre fut hissé sur une haute estrade en bois au centre de la piste pour que tout le monde le voie bien et Tigellinus proclama dâune voix forte quâil était le meneur du complot visant à détruire Rome. Lorsquâil eut terminé son discours, il sâassit à côté de Néron dans les tribunes royales et ils regardèrent le spectacle ensemble : les prétoriens commencèrent à travailler avec leurs marteaux et leurs gros clous.
« Nous tenons de source sûre que cet homme, Pierre, et ses acolytes sont ceux qui ont enfermé Balbilus et les autres, dit-il à Néron.
â Ma haine à leur égard était déjà grande, dit Néron entre ses mâchoires serrées. Maintenant, elle est mille fois plus grande. Ils ont tué mon éminent astrologue et nous ont pris lâélite des lémures. Les membres de leur Ãglise seront pour toujours nos pires ennemis. Tuons-les. Ãcrasons-les. Quâils soient damnés pour lâéternité.
â Quâallons-nous faire de Balbilus ? demanda Tigellinus.
â Il repose en paix dans son propre columbarium. Quâil y reste avec les autres. »
Pierre fut installé sur une croix en bois qui nâétait pas très différente de celle que Ponce Pilate avait utilisée pour crucifier Jésus. De gros clous en fer furent plantés dans ses paumes et ses chevilles. Mais, alors que Jésus avait été suspendu de la manière quâon connaît, Néron infligea à Pierre lâindignité supplémentaire dâêtre installé la tête en bas.
Le vieux monsieur si doux mourut lentement et dans la douleur, dans la chaleur de lâaprès-midi, proclamant jusquâà la fin â à voix trop basse pour que quiconque puisse lâentendre â son amour pour Dieu, son amour pour son sauveur et ami Jésus-Christ, et sa croyance absolue que le bien avait triomphé dâau moins une partie du mal présent dans ce monde.
Pour le plus grand plaisir de la foule, tandis que la vie se retirait peu à peu du corps de Pierre, deux cents hommes et femmes chrétiens furent amenés dans le stade, dévêtus, flagellés et attachés à des pieux. Des chiens féroces, que lâodeur du sang rendait fous, furent lâchés pour les achever.
Et cette nuit-là et pendant plusieurs nuits, les jardins de Néron furent le théâtre de cette scène macabre : des chrétiens enduits de graisse animale et transformés en torches humaines illuminèrent la coquille vide dâune ville qui autrefois avait été la grande Rome.
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E lisabetta resta dans lâentrée, se demandant ce quâelle devait faire. Si elle ne bougeait pas, peut-être le jeune prêtre finirait-il par sâen aller.
« SÅur Elisabetta, cria Tremblay de lâautre côté de la porte, dans un italien marqué dâune forte intonation française. Sâil vous plaît, je sais que vous êtes là . Il faut que je vous parle. »
Elle répondit précipitamment, essayant de penser à toute vitesse.
« Mon frère est membre de la gendarmerie du Vatican. Il mâa dit de ne parler à personne. Il doit arriver dâune seconde à lâautre.
â Je sais qui est votre frère. Je vous en prie, nâayez pas peur de moi. Nous sommes du même côté.
â De quel côté parlez-vous ? demanda-t-elle.
â Du côté du
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