La Prophétie des papes
réveilla brusquement en constatant quâil nây avait plus de mouvement. Lâair dans le sac était si vicié quâelle se dit quâelle allait à nouveau perdre connaissance. Il y eut des voix qui parlaient cette langue étrangère à nouveau et le bruit dâune porte quâon déverrouillait. Puis on la déplaça encore, mais cette fois, avec des glissades, des soubresauts, de brusques mouvements.
« Micaela ? »
Pas de réponse.
« Micaela ! »
Elisabetta fut secouée pendant une bonne minute, peut-être deux, elle souffrait du manque dâair et de tous ces mouvements brusques et appelait sa sÅur en vain. Puis lâagitation cessa et elle se trouva sur une surface dure à nouveau. Il y eut le son long et lent dâune fermeture Ãclair quâon ouvre, lâun des bruits les plus agréables quâelle ait jamais entendus. Elle avala une grande goulée dâair frais et, par réflexe, ferma les yeux à cause de la lumière vive.
Lorsque ses pupilles se furent habituées à la clarté, la première chose quâelle vit fut cette horrible barbe rousse. Elle entendit le cliquetis dâun couteau qui sâouvre. Elle ferma les yeux à nouveau lorsquâelle vit la lame et se mit à prier, attendant la sensation affreuse quâelle avait déjà connue une fois auparavant, lâacier qui lui rentre dans le corps.
Un cisaillement, rapide et net, et les liens a ses poignets tombèrent.
Lâhomme avait sectionné le Scotch qui lui immobilisait les mains.
Elisabetta ouvrit les yeux et se redressa avec difficulté. Elle se tenait debout, instable, au milieu dâune grande cave sans fenêtre, un sac fourre-tout noir à ses pieds. La pièce était pleine de caisses en pin, aussi grandes que des baignoires. Mais elle était plus intéressée par les deux autres sacs en toile qui se trouvaient à côté dâelle.
« Faites-les sortir ! » exigea-t-elle.
Un autre des kidnappeurs défit le premier sac. Micaela était en position fÅtale et ne bougeait pas. Avant que quiconque puisse lâarrêter, Elisabetta se précipita, sâaccroupit et lui toucha la joue. Dieu merci, elle était chaude.
Elle leva les yeux vers le barbu.
« Libérez-la. Sâil vous plaît. »
Elisabetta caressa les cheveux de sa sÅur pendant que lâhomme obéissait et coupait le Scotch. Ensuite, elle frotta les poignets et les mains de Micaela pour activer la circulation sanguine. Micaela respirait lentement, trop lentement, mais soudain, elle ouvrit la bouche et se mit à haleter, cherchant de lâair. Ses yeux clignèrent frénétiquement.
« Elisabetta, articula-t-elle faiblement.
â Je suis là , ma chérie.
â On est vivantes ?
â Dieu merci, oui. » Elle se tourna vers leurs ravisseurs. « Libérez le prêtre ! »
Ils défirent la fermeture du sac du père Tremblay.
Son long corps était recroquevillé ; il était immobile. Ses épaisses lunettes étaient accrochées à une oreille. Elisabetta sâapprocha et toucha son visage. Il était froid comme de la pierre.
« Micaela, est-ce que tu peux venir ? Il a besoin dâaide ! »
Sous le regard impassible des hommes, Micaela rampa jusquâau sac de Tremblay et chercha son pouls sur sa carotide. Elle plaqua son oreille contre sa poitrine.
« Je suis désolée, Elisabetta, dit-elle dâun air abattu. Il est parti. Lâéther. Les gens qui souffrent de la maladie de Marfan ont le cÅur fragile. Le sien nâa pas résisté. »
Elisabetta se redressa et pointa un index sur le barbu.
« Salauds ! Vous lâavez tué ! » hurla-t-elle, sous lâemprise dâune colère dont elle ne se croyait pas capable.
Lâhomme haussa les épaules et se contenta dâordonner à ses comparses dâemporter le corps. « Il y a des lits là  », dit-il, en montrant trois lits simples calés contre un mur de pierre. Ils nâétaient pas faits, mais il y avait des draps, des couvertures et des oreillers. « Et de lâautre côté de cette porte verte, il y a des toilettes. Nous vous apporterons à manger. Il nây a pas de sortie, il nây a donc aucune raison dâespérer
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