La Prophétie des papes
essaya à nouveau, plus fort.
Au milieu des bruits de la route, elle entendit une voix étouffée, un peu abrutie :
« Elisabetta !
â Micaela ! Ãa va ? »
La voix de Micaela se fit plus forte :
« Que nous est-il arrivé ? Où sommes-nous ? »
La peur dâElisabetta fut atténuée par la présence de sa sÅur.
« Je crois que je suis dans un sac.
â Moi aussi. Je ne peux pas bouger.
â Nous devons être dans une voiture ou un camion. » Puis elle se rappela quelque chose. « Père Tremblay ? appela-t-elle. Mon père, êtes-vous là  ? »
Il nây eut pas de réponse.
« Je ne sais pas sâils lâont emmené, dit Micaela. Où allons-nous ?
â Je nâen ai pas la moindre idée.
â Qui sont-ils ? »
Elisabetta connaissait la réponse, mais elle hésitait à la dire, par peur de perturber sa sÅur â et elle-même. Pourtant, elle ne put sâen empêcher de murmurer :
« Les lémures. »
Â
Zazo faillit perdre son calme lorsque lâinspecteur Leone dit :
« Ãcoutez, calmez-vous, Celestino. Vous avez bu. Je le sens à votre haleine.
â Jâai bu deux bières. Quel rapport avec la disparition de mes sÅurs ? »
Leone ne lâcha pas.
« Le conclave commence demain et vous buvez de la bière ? Vous nâavez donc rien à faire ? »
Zazo prit une grande inspiration pour pouvoir se contrôler.
« Je suis suspendu. »
Leone eut un sourire narquois.
« Vraiment ? Je ne suis pas franchement étonné. »
Si Zazo lui envoyait un coup de boule, il savait quâil se retrouverait menotté et que lâattention de la police se focaliserait sur lui et pas sur ses sÅurs. Son père parut sentir le danger et il posa sa main sur lâépaule de son fils.
Zazo parla lentement et avec précaution.
« Parlons de mes sÅurs, pas de moi, OK, inspecteur ?
â Bien sûr. Parlons dâelles. Vous nous traînez jusquâici, mes hommes et moi, et quâest-ce quâon trouve ? »
Leone balaya le salon dâun grand geste du bras. « Rien ! il nây a aucun signe dâeffraction, de cambriolage, pas la moindre trace de violence ni de lutte. Moi, je vois deux femmes qui sont sorties passer la nuit dehors et ont oublié de fermer la porte à clef derrière elles. Et il est encore tôt, vingt-deux heures quinze. La nuit ne fait que commencer !
â Vous êtes en train de parler dâune religieuse, bon sang ! cria Zazo. Elle ne sort pas le soir !
â On mâa dit quâelle était suspendue, elle aussi. »
Carlo sâinterposa avant que son fils ne puisse enchaîner.
« Inspecteur, je vous en prie. Depuis quâelle a été agressée, elle fait très attention. à lâexception de la messe, elle ne sort pratiquement pas. Micaela et elle ne seraient jamais parties dâici sans nous le dire ou sans laisser un mot. Et pourquoi Micaela ne décroche-t-elle pas son téléphone ? »
Leone leva un sourcil complice à lâintention des deux agents qui lâaccompagnaient. « Ãcoutez, il nây a rien que nous puissions faire maintenant. Demain matin, si elles ne sont pas de retour dans leur lit, appelez-moi et nous ouvrirons une enquête pour disparition. »
Le père et le fils se retrouvèrent seuls.
Zazo se frotta les yeux avec les paumes de ses mains.
« Je vais rappeler Arturo pour mâassurer quâelles ne sont pas allées à lâhôpital ou à lâappartement de Micaela. »
Carlo jeta un coup dâÅil distrait dans la pièce, puis tapota sa pipe pour en faire sortir les cendres dans un cendrier. En se préparant une nouvelle pipe, il demanda :
« Et après ?
â Après, tu vas appeler tous les services dâurgence des hôpitaux de Rome pendant que je vais frapper à toutes les portes de lâimmeuble pour savoir si un voisin a entendu ou vu quelque chose.
â Et après ? »
Le ton de Zazo lui avait donné lâimpression quâils seraient bredouilles.
« Après, on attend. Et on prie. »
Â
Fort heureusement, Elisabetta sâendormit pendant un moment. Elle se
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