La Prophétie des papes
vous échapper. Inutile de crier, non plus, personne ne peut vous entendre. Bien. à plus tard.
â Quâallez-vous faire de nous ? Que voulez-vous ? » demanda Micaela.
Le barbu leur tourna le dos et se dirigea vers une épaisse porte en bois.
« Moi ? répondit-il. Je ne veux rien. Jâai fait mon boulot et, maintenant, je rentre chez moi dormir. »
Les hommes partirent, emportant le corps du père Tremblay.
Elles entendirent le crissement dâun verrou quâon pousse. Elisabetta aida Micaela à aller jusquâà un des lits et à sâasseoir. Des bouteilles dâeau se trouvaient sur une table. Elisabetta en ouvrit une, la renifla et avala une gorgée.
« Tiens, dit-elle en la tendant à sa sÅur. Je crois quâelle est bonne. »
Micaela en but la moitié dâun coup. Ce nâest quâà ce moment-là quâElisabetta se laissa aller et se mit à pleurer. Micaela pleura aussi et les deux sÅurs se serrèrent lâune contre lâautre.
« Pauvre homme, sanglota Elisabetta. Il ne méritait pas de mourir comme ça. Pas de rite funéraire. Rien. Il faut que je prie pour lui.
â Oui, prie pour lui, dit Micaela, en se frottant les yeux. Quant à moi, il faut que je fasse pipi. »
Vacillante, elle parvint à atteindre la porte verte.
Elisabetta récita une rapide prière pour lââme du jeune prêtre, puis elle se dit que Dieu voudrait quâelle se concentre sur la recherche dâun moyen de les préserver, elle et sa sÅur. Elle se leva et commença à explorer les lieux.
La porte verrouillée ne bougerait pas. Apparemment, il nây avait aucun autre moyen de sortir. Les murs étaient frais, en calcaire de couleur claire, et le plafond était haut et voûté. Câest une vieille cave, se dit-elle, datant peut-être de lâépoque médiévale. Les caisses laissaient supposer quâelle était destinée à stocker des objets, pas à y héberger des invités. Les cadres de lit métalliques paraissaient déplacés, comme si on les avait apportés là pour lâoccasion.
Micaela revint, secouant la tête.
« Comment sont les toilettes ? demanda Elisabetta.
â La chasse a fonctionné.
â Des fenêtres ?
â Non. » Micaela essaya elle aussi de faire bouger la porte. « Je crois que nous sommes en très mauvaise posture.
â Quelle heure est-il ? »
Micaela regarda sa montre.
« Un peu plus de sept heures. Du matin, je suppose, mais il se peut que toute une journée soit passée.
â Jâen doute, dit Elisabetta. Quelle langue crois-tu quâils parlaient ?
â On aurait dit une langue slave.
â Si nous avons passé la nuit à rouler, nous pourrions être en Allemagne, en Autriche, en Suisse ou en Slovénie.
â Ton cerveau fonctionne mieux que le mien, dit Micaela. Tu as probablement reçu moins dâéther.
â Probablement. »
Elisabetta alla aux toilettes à son tour. Elles étaient de la taille dâun placard, avec une cuvette et un lavabo, pas de fenêtre. Les murs étaient du même calcaire jaune.
Lorsquâelle ressortit, elle se mit à faire son lit.
« Tu tâadaptes bien à ta captivité, fit remarquer Micaela.
â Nous devrions nous reposer. Dieu sait ce qui nous attend. »
Micaela commença à contrecÅur à étendre les draps sur son fin matelas.
« Pourquoi ne nous ont-ils pas tuées ? demanda-t-elle soudain.
â Je ne sais pas. » Elisabetta examina la pièce à nouveau. « Peut-être ont-ils besoin de moi pour quelque chose. »
Micaela finit de déplier sa couverture et la lissa. Elle secoua lâoreiller plein de bosses. « Ces lits sont épouvantables. » Elle se rassit, enleva ses chaussures et se frotta les pieds.
« Si Dieu le veut, nous ne resterons pas ici longtemps. »
Elisabetta sâapprocha dâune série de caisses empilées contre lâun des murs. Elles ne portaient pas de signes distinctifs. Elle tapota lâune dâentre elles ; le son assourdi lâinforma quâelle était pleine.
Comme les caisses étaient entassées sur plusieurs rangées de profondeur différente, elles formaient une sorte dâescalier
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