La Prophétie des papes
rien à signaler.
Le barbu sortit un téléphone portable, composa un numéro et se mit à parler à toute vitesse dans une langue très gutturale. Lorsquâil eut terminé, il aboya quelques ordres.
Lâhomme en charge du sac en toile le posa sur le sol, en défit la fermeture Ãclair et en sortit deux autres sacs identiques.
« Vous allez tous venir avec nous, dit le barbu.
â Où ? demanda Elisabetta.
â Si vous nâopposez aucune résistance, on ne vous fera rien. Voilà ce qui importe. »
Lâautre homme ouvrit un sac plus petit et sortit un récipient métallique et des carrés de gaze.
Micaela renifla et se raidit.
« Câest de lâéther ! Il nâest pas question que je les laisse mâendormir avec cette merde.
â Mon Dieu, croassa Tremblay. Emmenez-moi et laissez les femmes partir. »
Le barbu sâadressa à Elisabetta sur un ton neutre.
« Câest vous quâils veulent, mais ils ajoutent : âOK, emmenez-les tous.â Si les autres résistent, ils se fichent pas mal quâon les laisse ici avec quelques balles dans le corps.
â Ãcoute-moi, Micaela, dit Elisabetta dâun ton grave. Laisse-les faire. Ne te débats pas. Dieu te protégera. » Puis elle ajouta : « Je te protégerai. »
Ce fut la chose la plus difficile quâelle ait jamais faite : regarder les yeux écarquillés de sa sÅur tandis quâune brute pressait un tissu puant sur son nez et sa bouche ; regarder sa sÅur se débattre et donner des coups de pied. Mais quelque chose maintenait lâesprit dâElisabetta vif et lucide, et pendant que les hommes se concentraient sur leur horrible tâche, elle saisit un objet sur la table et le cacha dans une poche à lâintérieur de son habit.
Micaela se détendit et ils ôtèrent le tampon de gaze de son visage.
Le père Tremblay se mit à prier à toute allure en français. Sa voix paraissait très jeune et il eut lâair terriblement effrayé quand le carré de gaze fut pressé contre son visage.
Lorsque son corps sâalourdit, Elisabetta sentit une odeur dâéther frais et elle aussi se mit à prier. Au moment où le tissu fut appliqué contre son nez, la puanteur lui donna un haut-le-cÅur.
Elle essaya de ne pas lutter, mais son corps refusa dâabandonner la partie sans résister. Hélas, son combat ne dura guère.
Â
Zazo essayait de tenir sa promesse et de se saouler copieusement. Mais il était en retard, il nâavait avalé que deux bières. Il aurait dû être de service. Câétait la nuit précédant le conclave et il savait que ses hommes bossaient comme des forcenés et que Lorenzo courait comme un possédé pour que tout se déroule comme prévu.
Tout à coup, il lui apparut que se bourrer la gueule nâétait peut-être pas tout à fait ce qui convenait. La télévision était allumée. Une espèce de jeu de questions quâil ne regardait pas. Juste un bruit de fond.
Son téléphone portable sonna.
« Où es-tu ? » Câétait son père. Il avait lâair inquiet.
« Je suis à la maison.
â Quâest-ce quâil y a ?
â Est-ce quâElisabetta ou Micaela tâont appelé ?
â Non, pourquoi ?
â Arturo est arrivé avant moi. La porte de lâappartement nâétait pas fermée à clef. Elles nâétaient pas là . »
Zazo fut debout instantanément et enfila sa veste.
« Jâarrive. »
Â
Lâair lui manquait. Elisabetta nâavait pas la bouche couverte, mais elle était dans un endroit confiné et sombre qui ne lui permettait pas de changer de position. Ses genoux étaient remontés inconfortablement sur sa poitrine. Ensuite, elle se rendit compte quâelle avait les poignets attachés devant elle. Elle leva les mains pour explorer lâespace autour dâelle et sentit le contact rêche du tulle en nylon. Elle porta les mains à sa tête. Son voile était toujours en place. Mais il lâempêchait de respirer convenablement.
Des vibrations ébranlaient son dos et elle percevait le chuintement de pneus sur une route trempée de pluie. Elle chuchota :
« Micaela ! »
Pas de réponse. Elle
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