La Prophétie des papes
inégal jusquâau sommet.
Elisabetta remonta son habit et se mit à grimper.
« Que fais-tu ? demanda Micaela. Tu vas tomber !
â Mais non. Je veux voir si je peux en ouvrir une.
â Pourquoi ?
â Par curiosité.
â Je croyais que tu avais dit quâon devait se reposer.
â Dans une minute. »
Elisabetta grimpa jusquâen haut et se tint sur lâune dâelles, à environ quatre mètres du sol.
« Oups ! »
La caisse bougea de quelques centimètres.
« Descends ! dit Micaela.
â Non, tout va bien, je crois. Je vais faire attention. »
Elisabetta ne pouvait pas essayer dâouvrir la caisse sur laquelle elle se tenait, alors, elle se pencha sur celle qui était plus proche du mur. Elle sâaccroupit et examina le couvercle. Il avait lâair lourd et bien fermé, mais il nâétait ni cloué ni vissé. Elle tira sur un bord qui bougea un peu.
Quâallait-elle y trouver ? Des armes ? De la drogue ?
Elle fit la moue. Elle ne le croyait pas.
De toutes ses forces, elle tira et parvint à soulever le couvercle de quelques centimètres, juste assez pour insérer le bout de ses doigts. Elle tira encore plus fort et le couvercle sâouvrit assez pour quâelle puisse voir ce que la caisse contenait.
Micaela était à nouveau debout, les poings sur les hanches.
« Alors, quâest-ce que câest ? Quâest-ce que tu vois ? »
Elisabetta manquait de lumière, mais elle parvint à distinguer le contenu.
Dâune certaine façon, elle ne fut pas surprise par ce quâelle vit. La caisse était pleine de tuf rouge et dâossements humains. Il y avait deux squelettes complets, peut-être trois. Celui qui se trouvait sur le dessus avait une queue articulée de la longueur de sa main. Et sur son visage, elle retrouva lâexpression de hurlement figé quâelle avait déjà vue. Entre les côtes, elle repéra sans difficulté le pendentif en or qui réfléchissait la lumière. Il était gravé de signes astrologiques. Câétait le même cercle du zodiaque qui se trouvait sur la fresque et sur le cercle magique de Faust .
Qui êtes-vous ? se demanda Elisabetta, les yeux rivés sur le visage empreint de colère. Elle tint le couvercle dâune seule main et plongea lâautre à lâintérieur, elle laissa de côté le pendentif et alla chercher le petit objet en argent qui se trouvait entre les os des doigts. Elle le sortit. Câétait un joli petit médaillon chi-rhô .
« Quâest-ce que câest ? demanda Micaela. Quâest-ce que tu as trouvé ?
â Ce sont eux, sâécria Elisabetta. Les squelettes de Saint-Calixte. »
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R OME, 68
à lââge de trente ans, grassouillet, avec sa calvitie naissante, Néron ne ressemblait plus du tout à lâimage omniprésente sur les statues et les pièces. Les années écoulées depuis le grand incendie avaient pesé lourd.
Pendant les quelques heures de la journée où il était à jeun, il avait travaillé de manière obsessionnelle sur tous les détails de la construction de sa Maison dorée. La Domus Aurea était moins un palais quâune proclamation. Une vaste surface de la Rome calcinée lui appartenait désormais et il pouvait façonner la terre selon sa volonté pour lui donner cette image dorée. Lorsque ce serait terminé, le visiteur ébahi se trouverait devant un paysage de campagne avec des forêts, des champs, des animaux exotiques et des édifices grandioses autour dâun lac, le tout dans une vallée entourée de collines.
Le principal ensemble résidentiel était éblouissant : une façade de trois cent soixante mètres tournée vers le sud, bâtie de manière à ce que sa surface dorée capte et reflète les rayons du soleil tout au long de la journée. Son vestibule était suffisamment haut pour quây soit érigée une statue colossale de Néron, la plus grande de Rome. Il sây trouvait des pièces de réception avec des plafonds ajourés en ivoire et des panneaux que les esclaves pouvaient faire coulisser pour faire tomber une pluie de pétales de roses sur ses invités. Une installation permettait de vaporiser du parfum sur les convives. La
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