La Prophétie des papes
ajusta sa lampe de bureau, mais câétait insuffisant.
Le souffle court, elle sortit de sa chambre en courant, attrapant sa robe de chambre et lâenfila tout en remontant le couloir. SÅur Silvia, une adorable vieille dame dont la vessie avait quelque faiblesse et qui marchait vers les toilettes, resta bouche bée en voyant Elisabetta passer en courant et dégringoler lâescalier en direction des salles de classe.
Elle alluma les lumières et trouva ce quâelle cherchait dans le laboratoire de sciences. Puis elle remonta les marches quatre à quatre, serrant fort une loupe dans sa main. Elle se rassit à son bureau. La base de la colonne vertébrale du vieux monsieur, voilà ce qui avait brusquement attiré son attention, comme si elle avait reçu une grande claque dans la figure.
Ils y étaient, visibles sous la loupe, entourant la queue en demi-cercles concentriques ; toute une série de petits tatouages noirs. Elisabetta fut saisie dâune peur qui la paralysa, comme si ce vieux corps nu pouvait se lever, sortir de la page et la frapper en plein cÅur avec un couteau.
7
Lâ Institut de pathologie de lâhôpital universitaire dâUlm dans le sud de lâAllemagne se trouvait dans la forêt à la limite du grand campus. Un voyage en avion puis en voiture avec chauffeur depuis lâaéroport de Munich avait été organisé sur lâinsistance du professeur De Stefano, malgré les protestations dâElisabetta qui estimait quâun voyage en train serait aussi bien.
« Ãcoutez, dit-il. Je tends le bâton pour me faire battre, en vous permettant dâemmener votre sÅur, alors laissez-vous faire. Je veux mâassurer que vous pouvez effectuer lâaller-retour en un jour. La rapiditéâ¦Â »
Sans quâil trouvât cela amusant, Elisabetta termina à sa place : « ⦠est essentielle. »
Micaela et elle avait voyagé côte à côte dans lâavion qui les avait amenées de Rome, parlant à voix basse de queues et de tatouages, de signes astrologiques et des rites funéraires de la Rome antique.
Micaela dévora avec gourmandise ses noix apéritives et prit celles dâElisabetta lorsquâelle les lui proposa. Elle était visiblement ravie dâêtre dans la confidence. Mais Elisabetta, déjà soucieuse quâun membre de sa famille soit mêlé à cette affaire, commença à sâinquiéter pour de bon sur la notion de secret chez sa sÅur lorsque celle-ci lui dit :
« Nous devrions en parler à papa. Câest un génie.
â Oui, je sais, il est très intelligent et jâimagine que ses capacités analytiques seraient très utiles, répondit Elisabetta, mais nous ne pouvons rien lui dire. Nous ne pouvons pas parler de ça à quiconque ! Câétait déjà assez difficile de les convaincre de te faire entrer dans le circuit. Jâai dit que jâavais besoin dâun docteur en médecine et De Stefano a donné son approbation uniquement parce que tu es ma sÅur. »
Les deux femmes qui sortirent de la Mercedes à lâentrée de lâInstitut nâauraient pas pu être plus différentes : Micaela dans une robe moulante imprimée avec une veste en cuir élégante et de hauts talons, Elisabetta dans son habit noir et ses chaussures confortables.
Tandis quâElisabetta restait en retrait, Micaela dit à lâhomme qui se trouvait à lâaccueil quâelle avait un rendez-vous. Il passa un appel téléphonique, puis leva les yeux et demanda à la bonne sÅur sâil pouvait lui être utile.
« Nous sommes ensemble », répondit Elisabetta.
Il les observa toutes les deux et secoua la tête, visiblement en proie au doute sur la manière de comprendre ce rapprochement improbable entre deux mondes.
Plus tôt, Micaela avait fait rire Elisabetta aux larmes en lui parlant des titres académiques pompeux, en cours chez les Allemands. Aussi, quand le docteur en médecine Peter Michael Gunther sortit de lâascenseur, Micaela gratifia sa sÅur dâun clin dâÅil complice. Il ressemblait en tout point à un « Herr Professor » . Grand, magistral, il portait un bouc qui lui donnait un air suffisant et son titre en toutes lettres était brodé de rouge au-dessus de la poche de sa
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