La Prophétie des papes
ornaient ses poignets. Un pendentif en or martelé était niché dans ses côtes. Elisabetta chercha un gros plan du pendentif, mais il nây en avait pas. Elle grossit la zone avec un logiciel de traitement de photos, mais ce fut inutile. Sâil y avait des marques, elle ne pouvait pas les distinguer. Elle se dit quâelle devrait lâexaminer lors de sa prochaine visite à Saint-Calixte.
Mais ce fut la dernière photo de ce squelette qui embrasa vraiment son imagination. Il y avait quelque chose dans une de ses mains osseuses : une chaîne en argent cassée avec un médaillon en argent. Un frisson dâimpatience agita Elisabetta. Elle zooma. Lâimage quâelle obtint était floue, mais elle était presque certaine de ce quâelle voyait : le symbole chi-rhô , un des premiers symboles chrétiens, composé de la combinaison des deux premières lettres du mot grec pour Christ.
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Que faisait ce symbole des débuts de la chrétienté dans le contexte visiblement non chrétien dâun columbarium romain décoré de signes astrologiques païens ? Elisabetta referma le dossier de photos et frotta ses yeux secs.
Un nouveau mystère.
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Elisabetta arriva à la piazza Mastai trop tard pour le service du soir et fut obligée de prier seule pendant que les autres sÅurs prenaient leur dîner ensemble. Comme la chapelle se trouvait à lâautre bout du couloir, à lâopposé de la cuisine, elle était paisible et silencieuse. Lorsquâelle eut terminé, elle se signa et se remit debout. SÅur Marilena était assise au dernier rang.
« Je ne vous avais pas entendue, dit Elisabetta.
â Bien, dit la vieille religieuse. Mama a mis de côté une assiette pour vous. Elle nâaime pas quâon saute un repas. »
Mama était la mère de sÅur Marilena, une vieille dame de quatre-vingt-douze ans. Des années auparavant, Marilena avait demandé une dérogation à la supérieure de leur ordre pour que sa mère ait la permission de vivre avec elles plutôt que dâaller dans une maison de retraite. Elles avaient beaucoup de place. Au troisième et au quatrième étage du couvent logeaient seulement huit sÅurs â quatre Italiennes, quatre Maltaises â et dix novices, toutes africaines. Ce nâétait pas facile, ces derniers temps, de recruter de jeunes novices, en particulier en Italie et dans le reste de lâEurope, alors les femmes, un peu perdues dans ce grand espace, sâoffraient le luxe dâavoir chacune sa chambre.
« Une prière supplémentaire ? » demanda Elisabetta.
Câétait une de leurs plaisanteries favorites. Marilena se glissait souvent dans la chapelle pour y prier encore et encore. Lâordre manquait de fonds. Elles avaient besoin de livres et dâordinateurs. Avec la pénurie de novices qui entraient dans lâordre, elles devaient faire appel à des enseignantes contractuelles, qui coûtaient cher. La plupart des parents ne pouvaient guère supporter une augmentation importante des frais de scolarité. Alors Marilena priait constamment pour que lâécole trouve des ressources supplémentaires.
« Je crois que Dieu mâa entendue, cette fois », répondit Marilena, une de ses phrases préférées.
Elisabetta sourit et demanda :
« Comment Manuela sâen est-elle sortie de son test de géométrie ?
â Pas bien. Cela vous surprend-il ?
â Non. Elle va avoir besoin dâune aide particulière.
â Ne vous en faites pas, dit Marilena. Jâai de bons souvenirs de Pythagore et dâEuclide. Et vous, comment vous en êtes-vous sortie ?
â Je nâaime pas ça. Jâai à peine eu le temps de prier.
â Vous avez à peine le temps de prier les jours dâécole.
â Câest différent. Ici, je suis avec vous. Leur bureau est un lieu qui mâest étranger, tout comme les gens qui sây trouvent.
â Vous vous habituerez.
â Jâespère que non, répondit Elisabetta. Je veux en finir avec cette mission et revenir. »
Marilena hocha la tête.
« Vous ferez ce que lâÃglise vous demandera et je suis sûre que Dieu vous bénira pour votre dévouement. Maintenant, venez manger avant que nous nâayons toutes les deux des
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