La Prophétie des papes
portant un point dâexclamation quâelle avait mis dans le livre des années auparavant. Elle ouvrit le volume à la page marquée.
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Une puissance supérieure mêle souvent le corps dâanimaux sauvages aux membres dâêtres humains : il ne sâagit pas de naissances naturelles⦠Ce sont les étoiles qui créent ces formes inédites, les cieux qui introduisent ces caractéristiques.
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Des êtres monstrueux.
Elisabetta frissonna, essayant de se rappeler pourquoi elle avait marqué ce passage.
Son ordinateur émit un bip pour signaler lâarrivée de son premier message électronique. Elle fit pivoter sa chaise à roulettes et cliqua sur la boîte de réception, sâattendant à trouver les photos de De Stefano. Mais câétait un message de Micaela â dans la ligne intitulée objet, il nây avait que : SALUT .
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Voici quelques articles pour toi. Jâespère quâils correspondent à ce que tu cherches. Ãa me rend folle que tu ne me dises pas ce qui se passe. Mic.
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Elisabetta envoya les documents à lâimprimante partagée qui se trouvait dans la salle des archives et se dépêcha dâaller les récupérer avant que quelquâun puisse les voir.
Elle était soulagée dâêtre seule, loin des regards indiscrets, lorsque les articles tombèrent dans le plateau de lâimprimante. Elle les agrafa, en attendant les suivants. Puis elle se rendit compte dâune présence. Un jeune prêtre était apparu entre les meubles de classement et il la regardait.
Elle se retourna et le fixa très â trop â longtemps.
Il était très grand, il devait atteindre deux mètres, avec un visage oblong et de fins cheveux blonds qui le faisaient ressembler à lâhomme du Cri de Munch. Il portait des lunettes à monture de plastique noir dont les verres étaient si épais quâils grossissaient et déformaient ses yeux. Mais câétait son grand torse et ses bras, démesurément longs, qui frappèrent le plus Elisabetta. Les bras étaient disproportionnés, même pour un corps aussi filiforme que le sien, et ses poignets fins, osseux, émergeaient des manches trop courtes de sa soutane noire.
Elle fut gênée dâêtre restée ainsi bouche bée et elle était sur le point de dire quelque chose lorsquâil se faufila par la porte et disparut sans un mot.
Une fois revenue à son bureau, Elisabetta glissa les articles dans son sac. De la lecture pour ce soir. Elle passerait le reste de lâaprès-midi à étudier le fichier de De Stefano contenant les photos des fouilles.
Gian Paolo Trapani avait pris des centaines de photos. Les travaux étaient rudimentaires et les squelettes nâétaient que partiellement séparés les uns des autres et des débris qui les entouraient. Elle examina attentivement chaque photo. Ses premières impressions lui firent penser que ces gens étaient aisés. Ils portaient des bracelets en or et en argent, et des pendants dâoreilles ornés de pierres précieuses. Il y avait des tas de pièces en argent ici et là , qui suggéraient la présence de bourses décomposées depuis longtemps. Les corps étaient serrés les uns contre les autres de manière assez uniforme, indiquant, selon Elisabetta, quâils avaient été entassés dans un espace exigu. Mais une caractéristique se dégagea après quâelle eut vu suffisamment de clichés. Les squelettes des enfants et même des bébés semblaient éparpillés au hasard au milieu de ceux des adultes. Elle ne parvint pas à trouver un seul enfant protégé par les bras dâun adulte. Où se trouvait la preuve de lâinstinct maternel ?
Puis elle sâarrêta sur la photo dâun squelette.
Câétait un homme, se dit-elle, à en juger par la longueur totale et la grosseur du crâne. Du point de vue de la momification, il était lâun des mieux conservés, avec une grande portion de peau marron tendue sur les os faciaux. Elle savait que les changements post mortem rendaient ce genre de jugement difficile, si ce nâétait absurde, mais elle lisait une expression figée de rage torturée sur ce visage dont il ne restait pas grand-chose.
Le squelette portait beaucoup dâor. De lourds bracelets en or
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