La Prophétie des papes
blouse.
« Mesdames, fit Gunther dans un anglais impeccable, apparemment perplexe sur la manière de sâadresser à elles de manière adéquate, câest un plaisir de vous rencontrer. Je vous en prie, suivez-moi. »
Micaela bavarda comme une pie pendant tout le trajet. Câétait elle qui avait pris le premier contact et il semblait, de toute façon, beaucoup plus à lâaise avec elle.
« Je suis surpris que vous ayez montré de lâintérêt pour mon modeste article, dit Gunther en les faisant entrer dans son bureau résolument moderne qui donnait sur le plan dâeau de lâInstitut.
â Personne dâautre ne sây est donc intéressé ? » demanda Elisabetta qui prenait la parole pour la première fois.
Il versa du café.
« Vous savez, jâavais pensé quâil déclencherait plus dâintérêt et de commentaires, mais ça nâa pas été le cas. Juste quelques notes de la part de collègues et une ou deux plaisanteries. En fait, câest la police qui a manifesté le plus dâintérêt. »
Elisabetta posa sa tasse.
« Pourquoi la police ? Est-ce que sa mort était suspecte ?
â Pas du tout. La cause du décès a été une thrombose coronaire, sans aucun doute. Lâhomme avait plus de quatre-vingts ans, on lâa trouvé inanimé dans la rue et on lâa amené aux urgences, où son décès a été constaté. Rien dâextraÂordinaire dans tout ça, jusquâà ce quâon le déshabille. Lâaffaire a pris un autre tournant inhabituel deux jours après son autopsie, lorsque quelquâun est entré par effraction dans la morgue de lâhôpital et a enlevé le corps. La même nuit, mon bureau à lâhôpital a été cambriolé et certains de mes dossiers ont disparu, y compris les notes et les photographies de notre vieux monsieur. Même mon appareil photo numérique a été volé, avec la carte mémoire quâil contenait. La police a été assez inefficace, à mon avis. Ils nâont jamais rien trouvé. »
Elisabetta se sentit prise de découragement en entendant cela. Leur voyage avait-il donc été inutile ? Tout ce quâelle put demander, ce fut :
« Quâa fait sa famille ?
â Il nâavait pas de famille. Lâhomme nâavait pas de parent vivant que nous puissions identifier. Câétait un professeur dâuniversité qui était depuis longtemps à la retraite. Il vivait dans un appartement loué près du centre-ville. Apparemment, il était assez seul. La police a conclu que quelquâun à lâhôpital avait peut-être parlé de son anatomie particulière et quâun groupe dâexcentriques avait volé sa dépouille pour un rituel ou pour faire une plaisanterie de mauvais goût. Qui sait ?
â Comment avez-vous pu écrire lâarticle si tout avait été volé ? demanda Micaela.
â Ach so ! sâexclama Gunther dâun air entendu. Comme le cas était unique, jâavais tiré un deuxième jeu de photographies et jâavais fait une copie du rapport dâautopsie. Je les avais rapportés dans ce bureau le soir de son examen post mortem . Je voulais pouvoir les étudier à ma guise. Encore une chance que je dispose de deux bureaux.
â Donc, vous avez des photos ? demanda Micaela.
â Oui, plusieurs.
â En supplément de celles que vous avez publiées ? demanda Elisabetta.
â Oui, bien sûr. Maintenant, câest peut-être à votre tour de me dire pourquoi une religieuse et une gastro-entérologue se passionnent pour le cas que jâétudie. »
Les sÅurs échangèrent un regard. Elles avaient préparé leur réponse.
« Ce sont les tatouages, dit Elisabetta. Je participe à un projet de recherche sur la symbolique des débuts de lâère chrétienne. Jâai des raisons de penser que les tatouages de cet homme ont un lien avec cette époque, mais les photos publiées sont trop floues pour que je puisse y comprendre quoi que ce soit.
â De quel genre de symboles parlez-vous ? demanda Gunther, manifestement intéressé.
â Des symboles astrologiques, répondit Elisabetta.
â Alors vous allez être
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