La Prophétie des papes
gamin.
Pierre hocha la tête.
« Ce sont les femmes qui ont découvert que Sa tombe était vide. On mâa appelé et jâen suis témoin, mon garçon, Il a ressuscité. Il est mort pour nous et ensuite, Dieu Lâa appelé à Ses côtés.
â Combien de temps allez-vous rester parmi nous ? demanda Cornelius, en faisant signe au gamin de sâéloigner.
â Une quinzaine de jours. Peut-être moins. Juste assez pour rencontrer les anciens et me faire une opinion sur ce nouvel empereur, Caligula. »
Cornelius fit la grimace. Sâil avait été dans la rue, il aurait sûrement craché.
« Il sera forcément mieux que Tibère.
â Jâespère que tu as raison. Mais, à Antioche, des voyageurs mâont dit que les persécutions continuent, que nos frères et nos sÅurs sont toujours torturés et assassinés. »
Cornelius eut un sourire fataliste.
« Il y a quelques années, nous avons été arrêtés et accusés dâêtre juifs. Maintenant, on nous accuse dâêtre chrétiens. à moins que nous ne léchions les bottes de lâEmpereur et que nous nâadoptions le culte de Jupiter, nous continuerons à être persécutés.
â De quel prétexte se servent les autorités ? demanda Pierre, en mâchonnant un morceau de pain.
â Il y a eu des assassinats. Des citoyens ont été découpés en morceaux et nos symboles et nos monogrammes ont été mis au jour sur les lieux où on les a trouvés. »
Pierre soupira et posa son bol. Tous les regards étaient rivés sur lui.
« Nous savons tous que de telles atrocités nâont strictement rien à voir avec les adeptes de notre Seigneur. Notre religion est une religion dâamour et de paix â un seul sacrifice a été fait pour cela, celui de Christos Lui-même, et Sa mort cruelle a racheté nos péchés pour lâéternité. Non, ces massacres doivent être lâÅuvre dâune force du mal répandue dans ce monde de conflits et de tourments. Disons quelques mots de prière. Demain nous pourrons commencer à discuter de ce quâil faut faire. »
Â
Dans le marché aux bestiaux, les deux frères étaient allongés sur leur litière de paille, serrés lâun contre lâautre sous leur couverture.
Le plus petit se mit à pleurer, doucement dâabord, puis plus fort.
Quintus ouvrit les yeux.
« Tais-toi ! Quâest-ce qui te prend ? Je dormais !
â Jâai peur, sanglota Sextus.
â Chut ! Quelquâun pourrait tâentendre. »
Les sanglots du gamin continuèrent de plus belle et Quintus choisit une approche différente. « Tu as peur de quoi ?
â Jâai peur que des sorcières nous attrapent.
â Ne sois pas bête. Tout le monde sait que les sorcières, ça ne vit que dans la campagne. Elles ne viennent pas dans la ville. Les soldats les attraperaient et les tueraient.
â Et les lémures ? »
Quintus fut soudain sur la défensive, comme sâil regrettait que son frère lui ait rappelé leur existence.
Les lémures, qui avaient une queue, étaient ces fantômes sans famille et affamés qui sâintroduisaient dans les maisons et se repaissaient de chair humaine.
« Tu es un peu bête, dit Quintus. Les lémures ne se promènent pas autour des enclos à bestiaux. Calme-toi et dors. Nous avons un long voyage demain.
â Tu mâas promis que ce ne serait pas long, gémit lâenfant.
â Court, long, nây pense pas, câest tout. Rendors-toi ! »
Â
Sextus était au beau milieu dâun cauchemar. Il essayait désespérément de traverser un marécage pour échapper à un démon. Il se débattit frénétiquement pour échapper aux griffes du spectre et pataugea dans la fange. Tandis que la boue chaude et collante lui éclaboussait le visage, il sentit le démon lui attraper les jambes et le tirer vers le bas. Lâeau du marécage lui recouvrit le visage. Il essaya dâaspirer une bouffée dâair, mais câest un liquide au goût de cuivre qui descendit dans sa gorge.
Dieu merci, il se réveilla.
Câest alors que le véritable cauchemar commença.
Il tourna la tête. Un homme était Ã
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