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La Prophétie des papes

La Prophétie des papes

Titel: La Prophétie des papes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Glenn Cooper
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ses fils pourraient être allongés – avec toute leur chair, tous leurs os – dans toute leur gloire.
    Une silhouette solitaire l’attendait, le visage caché par une capuche. L’homme s’inclina légèrement devant Balbilus et dit :
    Â«Â Les autres sont dehors. »
    Balbilus, accompagné de son homme, Vibius, sortit par une porte arrière dans la froide nuit de décembre. Ils étaient dans un bosquet à quelques pas de la via Appia. Le mausolée était un édifice rectangulaire dont le toit avait une voûte en berceau faite à partir des briques les plus belles. La villa opulente de Balbilus se trouvait de l’autre côté du bosquet.
    Le quart de lune, caché derrière un banc de nuages violets, réapparut. Cinq silhouettes enveloppées de capes s’écartèrent de l’ombre des arbres fruitiers. Balbilus les aligna comme une unité de l’armée devant le mur du mausolée.
    Â«Â J’ai étudié les astres et les étoiles favorisent l’action, dit Balbilus en s’adressant aux hommes. Ce soir, nous allumons un feu. Même s’il est petit pour commencer, il en engendrera un autre, puis un autre et encore un autre, jusqu’à ce qu’un jour il y ait une grande conflagration qui consumera la ville. Et lorsque cela arrivera, nous gagnerons la richesse et le pouvoir comme nous ne l’avons jamais imaginé. C’est ce que disent les astres et je sais que c’est vrai. Ce soir, nous allons monter les Romains contre ce nouveau culte chrétien. Je vois dans les étoiles qu’un jour ils deviendront puissants. Leur message est séduisant, comme du pain et des jeux pour l’âme. Les masses, je le crains, vont l’adopter tel un troupeau de moutons. Si nous les laissons devenir trop puissants, ils seront des ennemis redoutables. Vibius a mes instructions. Ce soir, vous verserez le sang parce que… » Il prit une inspiration pour marquer une pause rhétorique avant d’enchaîner : « … telle est notre mission.»
    Les hommes répondirent à l’unisson :
    Â«Â Telle est notre nature. »
    Balbilus les laissa et retourna sous terre retrouver ses pinceaux.
    Les six hommes partirent sans faire le moindre bruit. Profitant des cachettes fournies par les tombes et les feuillages bordant la via Appia, ils avancèrent vers le nord, vers la ville.
    Au bout d’un moment, ils parvinrent à un pâle rayon de lumière vacillante projeté par des torches de part et d’autre d’un large portail. Ils se glissèrent d’une zone d’ombre à l’autre et se rapprochèrent.
    Les deux prétoriens contemplaient d’un œil morne une flaque de lumière blafarde et tapaient leurs pieds contre le sol pour se réchauffer.
    Vibius avança le premier. Il fit quelques pas sur la route en titubant, prononçant d’une voix pâteuse les paroles d’une chanson à boire. Les sentinelles se mirent en alerte et regardèrent fixement la silhouette qui émergeait des ténèbres en vacillant légèrement. Il s’arrêta pour porter son outre à vin rebondie à ses lèvres et boire une lampée.
    Reprenant sa marche d’un pas instable, il s’arrêta comme il put, tout juste hors de portée du plus costaud des deux soldats.
    Â«Â Eh, les amis, laissez-moi passer, s’il vous plaît ? » éructa-t-il.
    La sentinelle parut se détendre, mais il avait toujours la main sur le pommeau de sa dague.
    Â«Â C’est le couvre-feu, espèce de poivrot, personne ne passe. »
    Vibius fit quelques pas trébuchants, tendant son outre.
    Â«Â Buvez, messeigneurs, autant que vous voulez. Je vous paierai mon passage. Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi. »
    De sa main gauche, il agitait le vin sous le nez du garde et, lorsque le soldat tendit le bras pour l’écarter, Vibius leva brusquement sa main droite, dans laquelle il serrait le long poignard qu’il avait caché sous son habit. La lame s’enfonça sous le menton du soldat et, dans un craquement sinistre, ressortit au sommet de son crâne.
    Le second garde n’eut pas le temps de dégainer son arme. Un autre homme vêtu d’une cape s’était avancé dans la pénombre ; il passa un bras autour de la poitrine du soldat et saisit sa

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