La Prophétie des papes
disant :
« Quâil en soit ainsi. »
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E lisabetta tint le fin volume entre ses mains, caressa sa douce reliure, renifla lâodeur de moisi du papier jauni et froissé. Il ne faisait que soixante-deux pages et pourtant elle avait lâintuition quâil représentait bien plus que sa valeur dâobjet antique.
Elle avait seulement demandé à lâemprunter, mais Frau Lang lâavait pressée de lâemporter.
« Et sâil avait une certaine valeur ? » avait demandé Elisabetta.
Frau Lang avait baissé la voix, en inclinant la tête vers le mur qui les séparait de lâendroit où se trouvait son mari.
« Je doute que ce que vous en tirerez permette dâacheter plus quâune miche de pain, mais sâil vaut beaucoup plus, que ce soit pour lâÃglise. Cela ferait le plus grand bien à mon âme éternelle. »
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Lâenveloppe avec son message énigmatique écrit dâune main délicate était posée sur le bureau dâElisabetta à la Commission pontificale dâarchéologie sacrée.
Comme vous lâavez toujours enseigné, la clef se trouve en B.
à quoi correspondait ce B ? De quelle clef sâagissait-il ?
Le 11-Septembre est certainement un signeâ¦
Un signe ? Que manigançait Ottinger et qui était K, le signataire de ce mot ?
Et ce curieux symbole, vaguement astrologique, vaguement anthropomorphique. Que représentait-il ? Et pourquoi était-il si familier ?
Elisabetta le dessina sur son tableau blanc avec un marqueur noir et le regarda à plusieurs reprises.
Elle entendit des voix féminines qui approchaient dans le couloir et espéra quâil ne sâagissait pas de religieuses de la Commission venues lui demander de se joindre à elles pour le café. Elle aurait voulu fermer sa porte, mais elle se dit que cela aurait été grossier. Elle se contenta de tourner le dos à la porte de manière à ne pas encourager les intrusions. Les voix sâéloignèrent. Elle ouvrit le navigateur de son ordinateur et chercha : Marlowe â Faust â B.
Une ribambelle de résultats emplit son écran. Elle commença à parcourir un tas dâarticles, sans remarquer quâune heure sâétait écoulée et que le professeur De Stefano essayait dâattirer son attention en tapotant à sa porte dâun staccato énergique.
Elle avait emprunté le téléphone portable de Micaela la veille pour lui faire un compte rendu depuis lâaéroport, mais ce matin il était impatient dâen apprendre plus.
« Alors ? demanda-t-il un peu irrité. Que signifie tout cela ?
â Je crois que je sais à quoi correspond ce B », répondit-elle.
De Stefano ferma la porte du bureau et sâassit sur lâautre chaise.
Elle avait déjà pris plusieurs pages de notes.
« Il y a deux versions du Faust de Marlowe, un texte A et un texte B. La pièce a été jouée à Londres dans les années 1590, mais la première version publiée, celle quâon appelle la version A, nâest sortie quâen 1604, onze ans après la mort de Marlowe. En 1616 une seconde version de la pièce a été publiée, le texte B. »
Elle relut rapidement ses notes :
« Elle ne contenait plus un passage de trente-six vers de la version A, mais avait six cent soixante-seize vers supplémentaires.
â Pourquoi deux versions ? demanda De Stefano.
â Personne ne semble le savoir. Certains érudits disent que Marlowe a écrit le texte A et que dâautres lâont révisé pour produire la version B après sa mort. Certains disent quâil a écrit aussi bien A que B. Dâautres disent quâil sâagit de retranscriptions différentes des souvenirs des acteurs, des années après les représentations.
â Et quâest-ce que cela signifie pour nous ? Pour notre situation ? »
Elisabetta leva les deux mains en signe dâimpuissance.
« Je ne sais pas. Nous avons un ensemble de faits qui sont peut-être liés les uns aux autres, mais la manière dont ils le sont nâest pas claire. Nous avons un columbarium du I er siècle contenant presque cent squelettes â des hommes, des femmes et des enfants, tous avec des queues. Il y a des
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