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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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dames en les coiffant d’une couronne de fleurs, il courut se mettre sur les rangs. La danse commença.
    Quand, après quelques voltes et plusieurs tours, la petite couronne échut à Gautier, il feignit un moment d’hésiter sur le parti à choisir, au grand amusement de l’assistance ; puis, passant près de son admiratrice, il déposa les roses tressées sur sa chevelure d’or, non sans un brin de désinvolture... Françoise manqua de trébucher. Son visage s’empourpra si fort que ses voisines échangèrent des sourires entendus. Le jeune homme profita de cette petite faiblesse pour la soutenir discrètement. La jeune fille ne s’y opposa pas.

    Après toutes sortes de danses, Gautier reprit l’initiative.
    — Ne trouvez-vous pas qu’il fait ici une chaleur affreuse ?
    — Vous avez raison, admit-elle.
    — Si nous sortions un moment...
    — Je n’osais vous le proposer.
    Alors qu’ils se faufilaient parmi les danseurs, le beau parleur décocha la première de ses terribles flèches.
    — En vérité, je ne pense qu’à vous depuis la dernière fois.
    — Allons, monsieur !
    — Puisque je vous le dis ! Suivez-moi, j’ai des secrets à vous confier.
    Ils ne tardèrent pas à trouver refuge en un dégagement où s’entassaient, dans l’ombre, les coffres dont on avait extrait la vaisselle d’argent des Brézé.
    — Vous n’êtes pas raisonnable, grondait la belle Françoise tout en abandonnant déjà son bras nu au garçon qui, dans l’attitude du gentilhomme entreprenant, le couvrait patiemment de tout petits baisers. Jusqu’au coude d’abord, puis un tantinet au-dessus...
    — Monsieur ! Non, vous me mettez au supplice !
    — Cela ne fait pas trop mal, au moins ? La torture est supportable ?
    — Non ! Arrêtez cela...
    Les lèvres de l’écuyer, après avoir effleuré une épaule soyeuse, descendaient hardiment vers le creux du cou. De ses yeux vifs aux grands cils, il scrutait sa victime avec avidité. La jeune fille frissonna de désir.
    — Gautier, non ! redit-elle sur un ton de plus en plus théorique.
    Lui, donnait le sentiment de s’amuser. Ses lèvres étaient désormais à portée de celles, si charnues, si bien dessinées, de Françoise. Il allait s’abandonner à des songes très doux quand une gifle le ramena sur terre. La jouvencelle avait su réagir, mais ce fut pour fondre en larmes aussitôt. Le damoiseau feignit la colère.
    — Je n’ai pas fait tout ce chemin vers vous pour me laisser souffleter, protesta-t-il.
    — Oh, pardon, pardon... Mais enfin, puisque je vous dis que je ne suis pas libre ! On n’épouse pas qui l’on veut dans ma position !
    Il l’observa tout un moment, prenant bien soin de garder le silence.
    — Si je me donnais à vous, demanda Françoise à toutes fins utiles, jurez-vous que vous m’épouseriez ?
    Cette fois, c’est lui qui regimba.
    — Pas si vite !
    — Pardon ?
    — Je dis : pas si vite. Il est normal que vous résistiez un peu...
    Ses lèvres étaient de nouveau tout près de celles de la jeune fille.
    — Résistez donc, mais sans me frapper ! Faites cela gentiment !
    Avant qu’elle ait pu réagir, il l’embrassa à pleine bouche, et profita de sa surprise pour l’acculer contre un coffre qui paraissait plus grand que les autres, à défaut d’être plus confortable. De sa main libre, il caressait tout le corps de Françoise, maintenant sans défense.
    Mais un maître d’hôtel, attiré peut-être par des soupirs amoureux, fit irruption dans la resserre.
    — Qui est là ? Qu’est-ce donc ?
    Françoise eut tout juste le temps de plonger derrière le coffre. Quant à Gautier, se rajustant de son mieux, il sortit en s’époussetant, et gratifia l’intrus du plus insouciant des sourires.

    Le jeune écuyer ne tarda pas à s’apercevoir que les danseurs venaient de déserter le bal, et qu’une tension anormale régnait à présent parmi les valets.
    — Que se passe-t-il ? demanda-t-il à un frotteur.
    — Encore la guerre, répondit l’homme.
    Sans même prendre congé de son archange, le sieur de Coisay regagna ses quartiers au plus vite. À la mine excédée du chambellan, il comprit qu’on l’avait cherché.
    — Où étiez-vous fourré, Coisay ? J’ai besoin de vous !
    — Monsieur, je...
    — Qu’importe ! Sellez vite un cheval !
    Puis le chambellan lui ordonna de partir sans délai pour Lyon, où séjournait la Cour ; on venait en effet d’apprendre – avec deux ou trois jours

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