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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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son souffle pour chuchoter :
    — Moi
qui n’ai pas tenu ma promesse… Kirisha l’empêcha de poursuivre en baisant à
nouveau ses lèvres. Elle se tendait autant que l’arc aux cornes de gazelle sous
la flèche.
    Akébo
maintenant ne ressentait plus rien du froid ni de la lassitude, comme si le
corps souple et net de Kirisha devenait le sien avec la brûlure du désir.
    — Ta
fille chante même pour nous, reprit Kirisha, la gorge rauque. Il n’est pas de
jour où elle ne m’apprenne une nouvelle chanson. Elle chante pour nous, les
femmes… Elle dit ce que l’on ne sait pas dire.
    La voix
entrecoupée par la houle du plaisir, elle fredonna :
    Je suis
malade d’amour, amour vermeil, amour d’or aux ailes
de corbeau. La myrrhe coule de mes mains, La myrrhe de mes doigts ouvre mon
ventre, m’offre aux jardins de ton royaume.
    Akébo
l’empoigna en entier, les yeux grands ouverts sur sa beauté que ses lèvres et
ses caresses dessinaient mieux qu’une lampe.
    — Tu
reverras ton pays, gronda-t-il. Akébo ton époux t’ouvrira le chemin.
     

6
Axoum
    Dès le
lendemain, Akébo le Grand ordonna la construction du temple de Râ. Moins d’une
lune plus tard, un architecte qui avait fait le voyage jusqu’en Egypte vint
montrer des maquettes de terre cuite à Myangabo, car ni Makéda ni son père ne
se révélèrent intéressés par ses efforts.
    Sur les
conseils d’Himyam, Myangabo choisit une construction qui n’était ni trop grande
ni trop modeste, simplement différente de tout ce que les gens d’Axoum avaient
coutume de voir. Pour l’élever, il désigna le sommet de l’une des collines qui
entouraient la ville. L’architecte s’en étonna, proposa un emplacement plus
aisé d’accès pour la construction comme pour ceux qui devraient ensuite y
porter leur offrande.
    — En
Egypte, Râ n’a d’autel que dans les déserts, lui répondit Myangabo avec son
sourire de diplomate. Il aimera que nous lui offrions un peu de hauteur.
    La
nouvelle de la construction d’un temple inconnu s’était déjà répandue au-delà
d’Axoum. Depuis si longtemps que l’on y construisait sur l’ordre d’Akébo des
maisons de trois ou quatre étages, des digues et des canaux d’irrigation,
chacun savait que le roi de Saba n’était pas avare de récompenses. En moins de
dix jours, quatre ou cinq centaines d’hommes capables de maçonner, mener à bien
les ouvrages du bois, charrier, élever des rampes de trait, fabriquer des
outils et entretenir les troupeaux de mules, d’ânes, se présentèrent devant
l’architecte, qui dut embaucher lui-même une douzaine d’aides.
    Le
chantier commença sur-le-champ, emplissant de bruit le silence de la vallée.
Les hommes se mettaient au travail dès l’aube pour ne cesser qu’à la nuit. Les
femmes et les enfants les rejoignirent bientôt. Le peuple d’Axoum s’accoutuma
sans peine à la présence des tentes qui environnèrent les murs de la ville.
Tout cet afflux de bouches était un bienfait pour le commerce.
    Après
quatre lunes de labeur intensif, la saison chaude tomba d’un coup. La chaleur
obligea les architectes à interrompre les travaux en milieu de journée.
Néanmoins, ils avançaient vite et on commençait à parler dans Axoum de la forme
inattendue de l’ouvrage.
    On n’y
voyait nul mur d’enceinte autour d’un sanctuaire, comme à l’ordinaire, mais une
vaste esplanade surmontant le sol d’une hauteur du double de la taille d’un
homme. Les charrois de pierre et de terre nécessaires pour la combler avaient
épuisé un bon tiers des hommes et des bêtes, qu’il fallait déjà remplacer.
    La surface
de cette esplanade fut recouverte d’un torchis lisse comme une paume. Elle
était tranchée par un escalier étroit, ses marches assez basses pour qu’un
enfant pût les gravir sans peine. Lorsqu’on le regardait d’en bas, il donnait
l’impression étrange de ne jamais vouloir cesser.
    Il cessait
cependant, au pied du sanctuaire qui n’était encore qu’une ébauche. Ses
fondations étaient si bizarrement dessinées que les hommes qui y travaillaient
en étaient déroutés.
    Ni Makéda
ni Akébo n’avaient accompagné une seule fois Myangabo et Himyam qui veillaient
à l’avancement des travaux.
    Néanmoins,
la nouvelle que Makéda, fille d’Akébo le Grand, serait bientôt la prêtresse
d’un dieu nouveau, puissant soutien de Pharaon, était parvenue jusqu’aux rives
de la mer Pourpre. Les espions de Shobwa et les envoyés

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