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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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vallées abruptes et grimpant des corniches déchiquetées, sur un terrain qui semblait plus escarpé qu’aucun de ceux que Tannhauser avait vus depuis qu’il avait marché à travers l’Iran. S’il avait eu la force de lever ses yeux piquants de sueur, il aurait pu deviner leur situation en regardant les étoiles. Les canons turcs s’étaient tus et ne pouvaient plus servir de guide. Mais au lieu de cela, il regardait ses pieds et trébuchait sans cesse sur les traces de Gullu Cakie, qui, même s’il s’évanouissait de temps à autre dans l’obscurité, s’arrêtait toujours pour l’attendre un peu plus loin, comme on le fait avec un enfant à la traîne.
    Ils grimpaient la roche nue vers une crête découpée sur l’indigo quand Tannhauser perçut une odeur de décomposition. Sans l’espoir que cette puanteur offrait, il n’aurait sans doute pas réussi à atteindre la crête, mais il y parvint et, avec un gémissement de soulagement, il regarda en bas les feux de veille du Borgo. Ils se trouvaient sur une sorte d’éperon de San Salvatore et les lignes ennemies ne devaient pas être loin, même s’ils n’avaient pas vu un seul Turc de la nuit, et si Tannhauser n’en apercevait pas un maintenant. Il se considérait comme assez bon pour progresser furtivement sur n’importe quel terrain, mais Gullu était maître en cet art. Son allégresse disparut quand Gullu désigna la baie de Kalkara en contrebas puis fit, de ses bras, des mouvements comme ceux d’une grenouille. Il suggérait qu’il leur faudrait nager. Tannhauser secoua la tête et, fort d’une récente expérience, se mit à mimer un homme en train de se noyer. Le dégoût de Gullu, qui s’était graduellement estompé, revint en force ; néanmoins, il parut peu découragé. Il disparut à nouveau dans le noir et Tannhauser tituba derrière lui.
    Le mont San Salvatore, que Tannhauser avait pris pour une colline exagérément glorifiée du nom de montagne et qu’il avait passé à cheval plus d’une fois, était, en dehors des sentiers, aussi plissé que la peau d’un éléphant. Les plis étaient assez profonds pour y cacher un homme. Ils rampèrent de l’un à l’autre pendant ce qu’il estima durer une heure, toujours sans rencontrer âme humaine. Quand ils relevèrent à nouveau la tête, ils étaient entre des rochers sur le lobe le plus au sud de la baie de Kalkara. Le bastion de Castille se dressait à moins de cinq cents pieds de distance de l’endroit où ils étaient allongés. À cent pas sur la gauche de Castille, surplombant la prochaine courbure côtière et scellant l’enceinte, se tenait le bastion d’Allemagne et d’Angleterre. À sa base se trouvait la porte de Kalkara.
    Sur leur gauche, l’étroite pointe du Grand Terre-Plein, qui séparait les murs de la cité du col entre Salvatore et Margharita, était épaissie de cadavres turcs gonflant déjà sous la lune qui déclinait et projetait des ombres étirées sur la poussière argentée. Au-dessus d’eux, les hauteurs tenues par les Turcs étaient silencieuses, comme endeuillées par le désastre qui les avait frappées la veille, et ici et là il percevait le scintillement de feux de camp parmi les emplacements muets des canons de siège. Sur leur droite, il vit que les tranchées turques s’étendaient du haut de San Salvatore jusqu’au rivage de Kalkara. Des feux luisaient là aussi, et leurs flammes découpaient sur la nuit d’occasionnelles silhouettes enturbannées portant un mousquet incliné. C’était de ces ouvrages offensifs qu’ils pouvaient s’attendre à essuyer des tirs.
    Gullu Cakie rendit son fusil à Tannhauser, qui le prit. Gullu indiqua qu’il avait l’intention de ramper sur le sol devant eux, exploit qu’il allait sans nul doute accomplir à la vitesse d’un cobra. Gullu lui fit comprendre ensuite qu’il allait faire ouvrir les portes, moment potentiellement dangereux, même pour lui, et que c’était à cet instant que Tannhauser devrait suivre. Tannhauser n’aurait qu’à courir jusqu’à l’intérieur. Cela donnerait aux messages de Sicile les plus grandes chances d’être remis en toute sécurité, but auquel Gullu donnait nettement plus de valeur qu’à la vie de Tannhauser. Néanmoins, son destin ne laissait pas complètement indifférent ce vieux chien rusé, car il leva un doigt osseux vers le ciel.
    Tannhauser suivit la direction indiquée, et resta un instant déconcerté. Le doigt

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