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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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sois parti. »
    Il jeta à nouveau un regard vers Kristofer. L’homme pouvait-il le voir ou pas ? Va-t’en maintenant, se dit-il, avant qu’il ne soit trop tard. Il leva la main.
    « La paix soit sur vous et toute votre maisonnée », dit-il.
    Il se retourna pour se diriger dehors, vers son cheval.
    « Restez un moment, dit la voix de Kristofer derrière lui. Partagez notre petit déjeuner… »
    Ibrahim s’arrêta sur le seuil. Une douleur exquise lui poignardait le cœur. Un abysse s’ouvrait devant ses pieds, comme un autre l’avait fait devant ce même seuil, tant de vies auparavant. Devait-il réclamer une petite part de ce qui avait été arraché ? Ou bien cela avait-il déjà disparu pour toujours et allait-il, en essayant, perdre encore plus ? Une voix familière dans sa tête, dans une langue familière – la langue dans laquelle il pensait désormais, la langue dans laquelle il avait lancé des ordres lors du sac de Nahjivan –, trancha dans ses angoisses : C’est fini. Tout est dit. Ce n’est plus ton peuple. Laisse-les à leur paix.
    Ibrahim répondit par-dessus son épaule. « Vous êtes gentil, messire, mais des affaires urgentes m’attendent sur les rivages d’Istanbul. »
    Il monta à cheval et partit sans se retourner. Ce faisant, il se rendit compte qu’il ne pouvait pas retourner à Istanbul. C’était terminé aussi. Les Turcs n’étaient plus son peuple non plus. S’il existait au monde homme n’appartenant à aucun peuple, c’était bien lui. Il était seul. Et il était libre.
     
    « À LA PLACE DE PARTIR VERS LE SUD, j’ai pris vers l’ouest, dit-il à Amparo, vers Vienne et les terres des Francs, vers des guerres, des folies et des merveilles très différentes. Mais c’est une autre histoire. »
    Amparo le regardait, les yeux embués, et semblait encore plus hébétée qu’auparavant.
    Il détourna la tête. « Donc, tu comprends, j’ai vu mon père, mais je ne l’ai pas laissé me voir.
    – Quel sens cela a-t-il ? Il t’aimait. Il aurait donné n’importe quoi pour te revoir. »
    Cette observation était justement ce qu’il ne voulait pas entendre. Tannhauser faillit dire, j’avais honte, et je n’osais pas risquer de lui faire honte à lui aussi. Mais il en avait assez d’évoquer des choses aussi lourdes. Il dit : « Il y a assez peu de sens dans presque tout ce que je fais en général. Sinon, pourquoi serais-je revenu ici, dans cette désolation infernale ?
    – Tu ne m’aimes plus », dit-elle.
    Cette attaque le prit tellement par surprise qu’il bafouilla : « Non-sens. »
    Elle pencha la tête de côté et le fixa dans les yeux avec l’air d’un oiseau sauvage examinant une créature terrestre bien plus grosse, plus lourde et plus stupide qu’elle. Sa réponse était visiblement inadéquate. Mais même en ne disant que cela, il avait été attiré dans un aveu d’amour. Elle attendait qu’il s’engage plus profond encore dans son piège, et, comme un imbécile, il le fit.
    « De toute ma vie, dit-il, je n’ai jamais adoré une femme plus entièrement. »
    Le son de vérité contenu dans cette affirmation était suffisant pour la satisfaire, pour le moment. Elle dit : « Alors pourquoi tu ne m’emmènes pas dans ton lit ? »
    Ses yeux pénétraient en lui. Ils semblaient illuminés de l’intérieur. Comment et de quelle manière, il n’aurait pas su dire, mais c’était ainsi. Illuminés. Cela avait été comme cela depuis le début, quand il l’avait vue tournoyer sur place dans l’obscurité de sa taverne. Mais la regarder dans les yeux donnait de la vigueur à d’autres pensées ; combinées avec le reste de ce qu’elle avait apporté dans la baignoire, il devenait dur de réfléchir. Il bataillait pour garder les mains ancrées sur sa taille, mais il commença à les glisser un peu plus loin vers le bas de son dos, manœuvre sans risque, probablement. Ses doigts rencontrèrent le haut du sillon entre ses fesses. Sa tête divaguait.
    « Est-ce que tu m’écoutes ? dit-elle.
    – Bien sûr, répondit-il, l’esprit tout à fait vide.
    – Alors pourquoi ?
    – Pourquoi ? »
    Sa bouche était couleur de violettes écrasées, une petite bouche aux lèvres loin d’être pleines, mais avec une symétrie merveilleuse, relevées au milieu par un petit angle effronté correspondant à son nez.
    « Oui, pourquoi ? »
    Les mots arrivèrent d’il ne sut où.
    Ils étaient de

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